Chaque semaine, nos experts analysent l’évolution des prix du marché de l’énergie pour vous apporter un éclairage sur l’évolution du marché et vous accompagner dans le choix de la meilleure option pour vos contrats d’énergie. Retrouvez notre analyse pour la semaine du 28 Janvier 2022 ci-dessous :
Marché de l’électricité
La volatilité des tarifs d’électricité reste très forte
Cette semaine, le marché électrique à terme français remonte de façon stable. Les fondamentaux restent les mêmes de manière générale : un prix du gaz naturel en hausse, tout comme celui des quotas CO2, et une indisponibilité nucléaire forte à court-moyen terme.
Sur le marché spot, la tendance est au contraire globalement à la baisse. Cela est vraisemblablement dû à une meilleure production renouvelable sur la partie nord-ouest de l’Europe en fin de semaine. Probablement aussi à cause d’un prix du gaz naturel en baisse avec l’arrivée massive de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) sur les côtes européennes. Il faut toutefois signaler qu’à court terme, la volatilité des tarifs reste très forte. On constate en effet que le tarif de livraison (en J+1) a augmenté en moyenne de 60,97€/MWh le lundi sur les principales places européennes. En ce lundi 31 janvier 2022 (de la 5ème semaine de l’année), le prix jour+1 perd 84,59€, ce qui correspond à une variation de -28,35 % par rapport à la semaine passée. Sur la courbe, les contrats pour une livraison en 2023, 2024, et 2025 se négocient respectivement à 155,10 €/MWh (+23,76 €/MWh sur la semaine) à 104,55 €/MWh (+9,01€/MWh) et à 96,42 €/MWh (+4,99 €/MWh). Il s’avère donc que cette dernière semaine de janvier a vu les anticipations prévues sur l’évolution des prix de marché se confirmer.
La situation reste tendue sur la disponibilité française
A ce stade, la disponibilité nucléaire française ne dépasse pas la barre des 50 GWh/j, et les prévisions pour le reste de l’année sont pour la plupart en-dessous de ce seuil. Or, les combustibles fossiles (charbon, gaz , pétrole brut) restent à des niveaux très élevés. En effet, les dernières unités de production à être appelées sur la chaîne du merit-order (organisée par coûts marginaux croissants) continuent d’avoir des coûts marginaux élevés, ce qui pourrait maintenir les prix à ce niveau sur le long terme. Même si ce début de semaine voit de légères corrections s’opérer sur la plupart des produits, la situation reste globalement tendue.
Marché du Gaz
La tendance reste à la hausse et les stocks européens sont faibles
Sur le marché gazier, la tendance reste à la hausse, le tout sur fond de fortes tensions géopolitiques entre l’Ukraine et la Russie. Mais aussi du fait de la faible quantité des stocks européens et un approvisionnement toujours fortement dépendant des flux en provenance de Norvège. En fin de semaine, les contrats PEG Cal 2023, Cal 2024 et Cal 2025 se négocient respectivement à 56,27 €/MWh (+25,88% sur la semaine), à 35,019 €/MWh (+17,12%) et à 27,94 €/MWh (+10,41%).
Le gaz jouera un rôle essentiel dans la transition énergétique
Aux vues de la situation chaque jour plus tendue, il semblerait qu’une prime de risque soit appliquée sur les prix. L’Europe ne semble donc pas prendre en considération l’annonce du gouvernement russe assurant la fiabilité constante du pays concernant l’approvisionnement gazier vers l’Europe. En effet, l’Union Européenne menace de mettre en place des sanctions si un conflit ouvert entre les deux nations venait à avoir lieu. Par ailleurs, puisque le gaz jouera un rôle essentiel dans la transition énergétique européenne, la demande n’est pas prête de diminuer et ce genre de tensions géopolitiques n’est donc pas de bonne augure pour l’avenir des prix de marché.
Quoiqu’il en soit, les perspectives d’un retour à la normal (au niveau d’avant la crise sanitaire) semblent s’éloigner de semaines en semaines. L’Union européenne reste dépendante des exportations russes, et la compétition avec l’Asie pour attirer les précieux méthaniers pourrait reprendre de plus belle d’ici l’été.
Marché des émissions
Une tendance à la hausse jusqu’en fin de semaine
Pour ce qui est du marché des quotas d’émission, la hausse constatée sur les marchés gaziers se retrouve sur celui des EUA. En début de semaine, les quotas repartent vers le haut haut à cause de la faible liquidité du marché. La volatilité reste forte, mais on voit clairement se dessiner une tendance à la hausse jusqu’en fin de semaine. Le vendredi 28 janvier, le contrat de référence Dec.22 se négocie à 89,72 €/t, ce qui représente +4,75 €/t en une semaine soit une augmentation de 5,62%.
Ces dernières semaines, l’on pouvait s’interroger sur la direction que prendrait le marché des émissions, mais il ne semble pas qu’une correction à la baisse soit à envisager pour le moment. La hausse ponctuelle des prix ainsi que leur fixation peut s’expliquer par les prévisions de températures froides ainsi que les faibles taux de productions renouvelables. Le marché gazier reste néanmoins le principal moteur de l’évolution des quotas.
Une volatilité forte qui envoient des signaux attractifs aux acteurs spéculatifs
Par ailleurs, la récente approbation de la Commission européenne d’une aide publique allouée au troisième producteur d’électricité roumain (à hauteur de 2,66 milliards d’euros) a pu soutenir la hausse des EUA. En effet, la demande d’EUA pourrait fortement augmenter suite à cette annonce, la Roumanie reposant en partie sur les énergies fossiles, notamment le charbon, pour sa production électrique. Enfin, comme nous l’annoncions la semaine précédente, des prix élevés et une volatilité forte restent des signaux attractifs pour les acteurs spéculatifs, notamment les fonds d’investissements européens et américains. Le marché reste globalement très tendu.
Marché du charbon et du pétrole
La demande reste forte, l’offre ne semble toujours pas suivre
Du côté de l’or noir, la tendance reste à la hausse dans un contexte géopolitique très tendu (conflit russo-ukrainien, tensions Arabie-Saoudite-Yémen,… ). Ajoutons à cela une aversion au risque croissante sur les marchés financiers où les investisseurs privilégient des placements peu risqués, ainsi qu’un renforcement du dollar, qui représentent autant d’éléments défavorables. La demande reste forte, alors même que l’offre ne semble toujours pas suivre. Le conflit russo-ukrainien reste très préoccupant, mais les conséquences sur le prix du baril sont pour le moment négligeables. Alors qu’une nouvelle réunion de l’OPEP+ doit se tenir mercredi 02 février, les attentes d’une hausse significative de la production de l’Organisation sont peu nombreuses. Une décision de rehausser les quotas semblent devoir se profiler. Il n’est cependant pas certain que cela se retranscrive par des actes, tant les annonces précédentes n’ont eu que peu d’impact sur l’approvisionnement réel. Le prix du baril pourrait continuer à progresser cette semaine, et cette année de manière générale. Le vendredi 28 janvier, le prix du baril de Brent (mois +1) atteignait 90,03$/bbl, soit une hausse de 2,14 $/bbl par rapport au vendredi précédent, ce qui représente une augmentation de 2,43 %.
Un risque très sérieux de rupture dans l’approvisionnement
Pour terminer, même son de cloche concernant les prix mondiaux du charbon. Bien que les exportations de charbon indonésien (1er producteur mondial) soient de nouveau autorisées pour les producteurs ayant rempli leurs obligations domestiques, les préoccupations géopolitiques du côté de la Russie restent ici encore le soutien principal des prix à la hausse. En effet, la Russie reste à ce jour le 3ème producteur mondial de charbon et demeure un fournisseur sérieux pour l’Europe. Le risque de rupture dans l’approvisionnement est considéré sérieusement par les pays européens encore fortement dépendant du charbon dans leur mix énergétique. Le marché anticipe d’ailleurs certainement cette éventualité, ce qui mécaniquement a poussé les prix à la hausse. Le vendredi 28 janvier, le contrat API 2 Cal 2023 clôturait à 117,28 $/t ce qui représente une augmentation de 7,66% par rapport au vendredi précédent.