Chaque semaine, nos experts analysent l’évolution des prix du marché de l’énergie pour vous apporter un éclairage sur l’évolution du marché et vous accompagner dans le choix de la meilleure option pour vos contrats d’énergie. Retrouvez notre analyse pour la semaine du 7 février 2022 ci-dessous :
Marché de l’électricité
Forte volatilité et prévisions de production à la baisse
Cette semaine, la volatilité est restée forte sur le marché électrique français à terme. Les contrats calendaires pour les années 2023, 2024, et 2025 commencent la semaine respectivement à 151,44 €/MWh, à 109,75 €/MWh, et à 101,1 €/MWh pour finir la semaine à respectivement 160,37 €/MWh (+4,77 % en une semaine), à 114,5 €/MWh (+3,62 %) et à 103,22 €/MWh (+2,12 %). Les fondamentaux restent relativement les mêmes : un contexte géopolitique toujours très tendu entre la Russie, l’Ukraine, et le reste du monde, un approvisionnement gazier limité, un coût du CO2 élevé, ou encore une indisponibilité nucléaire en baisse. En effet, EDF revoit ses prévisions de production à la baisse avec l’arrêt prolongé de 2 réacteurs (Penly 1 et Chooz 1, d’une capacité cumulée de 2,8 GW) et l’arrêt à venir de trois réacteurs : Catternom 3 (d’une puissance installée de 1,5 GW), Bugey 4 (880 MW), et Chinon 3 (905MW). Au total, près de 3,3 GW devraient s’ajouter à la capacité indisponible du parc nucléaire français. Les contrôles de sécurité devraient d’ailleurs se multiplier ces prochaines semaines et les arrêts de réacteurs pourraient se prolonger en cas de défaillances détectées.
Pour pallier à ces problèmes récurrents, le Président français annonçait en début de semaine un nouveau plan nucléaire français visant à prolonger les réacteurs pouvant l’être (sans négliger les questions de sécurité de ces-derniers) et la construction de nouveaux réacteurs de type EPR et SMR sur le territoire français. Ce grand plan d’investissement survient dans un contexte où le coût de l’électricité ne cesse de grimper, alors même que les objectifs européens de réduction des émissions de GES semble déjà difficiles à atteindre. Au total, on parle de 14 nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2050 pour atteindre les nouveaux objectifs énergétiques du gouvernement actuel.
Quoiqu’il en soit, cette semaine mitigée a été fortement impactée par ces diverses annonces à la fois du gouvernement et d’EDF, alors même que la production renouvelable a été relativement bonne, ce qui a permis d’éviter des variations encore plus grandes sur le marché spot, et donc à terme par effet domino. La forte production éolienne, notamment en Allemagne, a compensé en grande partie la forte baisse prévue de la disponibilité nucléaire française. La situation reste néanmoins très tendue, et elle ne devrait pas s’améliorer de manière significative pour les semaines à venir. Le prix de l’électricité devrait toujours fluctuer avec les conditions météorologiques (favorables ou défavorables), mais également selon l’évolution du conflit russo-ukrainien dont l’issue reste encore incertaine.
Marché du Gaz
Une limitation des fluctuations trop importantes
Le prix du gaz naturel est également resté volatile cette semaine au gré des volumes gaziers disponibles en provenance de Russie et de Norvège. Le vendredi 11 février, le prix des contrats calendaires 2023, 2024, et 2025 s’établit respectivement à 53,96 €/MWh (-1,41 % sur la semaine), à 37,62 €/MWh (+4,68 %) et à 30,52 €/MWh (+7,41 %). Le spread (écart entre les contrats) commence légèrement à se réduire à mesure que le temps passe et que les perspectives d’évolutions des prix se dégradent. A court terme, la tendance reste toutefois baissière avec l’afflux toujours soutenu de GNL vers l’Europe. Malgré les tensions géopolitiques très fortes, le GNL permet clairement de limiter les fluctuations trop importantes, en tout cas à court terme. A contrario, la courbe lointaine (prix à terme) subit plus en profondeur les risques d’approvisionnement à la baisse futurs. Dans le même temps, la demande semble être légèrement à la baisse cette semaine, accompagnée de conditions météorologiques relativement clémentes. Gazprom n’a cependant pas réservé de capacités de transport supplémentaires au point d’entrée de Velke Kapusany en Ukraine.
La situation reste donc globalement très tendue, et les stocks qui n’ont pas pu se constituer cet hiver pourraient faire progresser significativement la demande de gaz cet été. Toutefois, si la certification de Nord Stream II prévue pour la mi-2022 arrive effectivement, la volatilité des prix du gaz naturel pourrait être contenue l’approvisionnement gazier étant meilleur (si le conflit russo-ukrainien n’a pas changé la donne d’ici-là). Nous verrons ce qu’il en sera le moment venu. Pour l’heure, il semble peu probable qu’un retournement soudain du marché puisse survenir ces prochaines semaines. Le gaz reste le principal moteur du prix de l’électricité en Europe.
Marché des émissions
Un nouveau record atteint
Du côté des émissions, le prix des EUA atteint un nouveau record le mardi 8 février, le contrat Dec.22 se négociant à 96,93 €/t suite aux annonces d’EDF prévoyant un recul de ses prévisions de production nucléaire et des arrêts de centrales nucléaires supplémentaires pour le printemps 2022. Cette information sous-entend en effet que la production thermique sera accrue pour pouvoir compenser le manque d’électron d’origine nucléaire. Il y a quelques semaines de cela, la France avait déjà autorisé les dernières centrales à charbon à produire bien plus que d’accoutumée pour faire face à la flambée des prix de l’électricité depuis la fin de l’année 2021.
Les prix des quotas sont néanmoins très vite retombés dès le lendemain suite aux annonces du rapporteur du Parlement européen (Peter Liese) stipulant son intention de proposer des amendements concernant l’accès au marché pour les acteurs soumis aux quotas uniquement. De ce fait, si une telle mesure est prise, les acteurs spéculatifs n’auraient plus d’accès au marché, ce qui permettrait sans doute de revenir à des niveaux de prix plus en lien avec les préoccupations économiques réelles. Il faut toutefois souligner que de tels changements structurels ne pourraient avoir lieu avant 2024 au moins, ce qui laisserait le temps au marché de continuer à progresser à la hausse si les tensions géopolitiques s’aggravent, et donc que l’approvisionnement thermique de l’Europe soit remis en cause. Ainsi, la chute des prix des EUA est sans doute à mettre au crédit des multiples prises de profit des spéculateurs, le prix ayant constamment augmenté ces deux dernières semaines. Tant que le prix du gaz naturel, mais également celui du charbon pour la production d’électricité resteront très élevés, et que le nombre de quotas disponibles sur le marché continuera de reculer, le prix des EUA restera à des niveaux très élevés, au-dessus des 90€/t.
Marché du pétrole et charbon
Un rebond des prix mondiaux
Du côté de l’or noir, c’est une huitième semaine consécutive de hausse sur le marché du Brent (mois+1) atteignant son plus haut le vendredi 11 février à 94,44 $/bbl (+1,25 % sur la semaine). Bien qu’une certaine stabilité autour des 91$/bbl semblait avoir été trouvée toute la semaine, l’intensification du conflit russo-ukrainien en fin de semaine a fait rebondir les prix mondiaux vendredi. L’offre reste limitée et il n’y a que très peu de possibilités pour l’accroître sensiblement. La fin des restrictions liées à la pandémie, et la reconstitution des stocks mondiaux, notamment en Chine, devraient continuer de soutenir les prix, pour rapidement atteindre les 100$/bbl comme l’on pouvait s’y attendre depuis le début de l’année 2022. Toutefois, plus les prix iront haut, plus la chute sera rude, lorsque l’offre sera suffisante et que la demande mondiale reculera. Affaire à suivre.
Une augmentation considérable de la demande Chinoise
Comme chaque semaine on finit par le charbon et cette semaine les prix de court terme connaissent une forte augmentation les prix se rapprochant des sommets historiques constatés fin janvier. L’Australie, qui est le deuxième producteur mondial de charbon pour la production d’électricité, voit une considérable augmentation de la demande de la part de ses principaux clients asiatiques tels que le Japon ou la Corée du Sud. En revanche, sur un horizon plus lointain, les prix de long terme reculent grâce aux prises de profit, le marché considérant que la prime de risque appliquée est suffisante à ces niveaux actuels. Le vendredi 11 février, les produits API2 Cal 2023 clôturaient à 113,94 $/t (-1,15 % par rapport au vendredi précédent).