Marché de l’énergie : Analyse de la semaine du 14 mars 2022

Les analystes de Capitole Energie decryptent le marché de l'énergie

Cette semaine, découvrez l’analyse de nos experts concernant les actualités du marché de l’énergie (électricité, gaz, CO2, pétrole et charbon) pour la semaine du 14 mars 2022.

Marché de l’électricité

Les prix de l’électricité continuent de baisser

Cette semaine, la tendance baissière entamée depuis les hausses exceptionnelles du début de la guerre se poursuit.
Même si le conflit semble bien s’enliser, pour l’heure l’impact des sanctions infligées à la Russie ne semble pas avoir de conséquences majeures sur l’approvisionnement gazier, donc sur le prix de l’électricité par effet domino.
À court terme, des températures douces pour la saison permettent de limiter une hausse importante de la demande
d’électricité, alors même que l’offre s’avère être légèrement meilleure avec une production renouvelable en hausse.

La situation reste cependant tendue

Cette situation reste toutefois à relativiser. En effet, les effets du conflit n’ont peut-être pas encore pris leur pleine
mesure et la situation géopolitique peut basculer à tout moment tant les intérêts énergétiques sont colossaux.
D’un point de vue français, l’indisponibilité du nucléaire reste une des principales préoccupations. En début de semaine
dernière, on apprenait que le redémarrage de la centrale de Dampierre 2 (890 MW) devait être repoussé de 2 à 3
semaines par rapport à la date prévue initialement (27 mars). Cet arrêt tombe mal, et nous ne sommes pas à l’abri de
nouvelles maintenances imprévues d’ici à la fin de l’année.

La volatilité reste élevée, les prix des contrats à longs termes augmentent

La volatilité reste ainsi relativement élevée, et il semblerait que les acteurs du marché cherche une direction sans nouveaux signes (positifs comme négatifs) du côté du conflit russo-ukrainien. Néanmoins, on observe une réelle détente sur le marché gazier et la tendance devait se poursuivre, même si le manque de vent attendu d’ici à la fin de semaine pourrait limiter les corrections trop importantes.

Ainsi, sur un horizon lointain, les contrats pour une livraison en 2023 (Cal 2023 FR baseload) en France se négocient à 190,89 €/MWh ce mardi 22 mars, soit une variation de -8,33 €/MWh (-4,36 %) en une semaine. Pour les années suivantes, les contrats pour une livraison en 2024, 2025, et 2026 se négocient respectivement quant à eux à 123,37 €/MWh (+1,34 €/MWh), à 103 €/MWh (+4,50 €/MWh), et à 100,9 €/MWh (+1,42 €/MWh) le même jour.

La France redevient importatrice d’électricité

Par ailleurs, la France redevient nette importatrice en ce mois de mars 2022, à hauteur d’environ 491 GWh, notamment du fait d’une production nucléaire particulièrement faible (autour de 38,5 GW). Ses principaux fournisseurs sont l’Allemagne (2 211 GWh), l’Espagne (153 GWh), et le Royaume-Uni (36 GWh). Mardi dernier, 23 réacteurs sur 56 étaient à l’arrêt, soit une capacité manquante de l’ordre de 25,7 GW. Ce déficit mets encore plus en lumière la situation exceptionnelle de l’état du nucléaire français.

La volatilité du marché à terme (prix de long terme) devrait perdurer. Nous recommandons à nos clients de se pencher sur leur renouvellement de contrat de fourniture, la situation face au conflit restant fortement incertaine. Bien que la tendance soit baissière, les incertitudes croissantes concernant l’avenir du marché devraient pousser à sécuriser son contrat de fourniture, notamment sur les années 2024, 2025 et 2026.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing

Marché du gaz naturel

Les prix baissent, mais la volatilité perdure

Cette semaine, le marché du gaz naturel poursuit également sa tendance baissière entamée deux semaines auparavant, avec une offre constante en provenance de Russie, de Norvège, et un flux de Gaz Nature Liquéfié (GNL) croissant, notamment américain et qatari. La guerre en Ukraine n’est néanmoins pas terminée (malheureusement le conflit s’enlise bel et bien) et la volatilité devrait rester forte ces prochaines semaines. Les sanctions économiques ne semblent pas, pour l’heure, impacter l’ensemble de la chaîne énergétique, l’Europe étant fortement dépendante des hydrocarbures russes.

L’Union Européenne travaille à réduire ses importations de gaz russe

Toutefois, l’UE affiche clairement son souhait de s’affranchir des ressources naturelles russes, et cherche notamment à améliorer ses propres capacités de production (notamment via le bio méthane) et ses capacités d’importations de gaz naturel liquéfié (GNL). Il y a quelques jours, Mme Ursula Von der Leyen déclarait vouloir proposer un plan visant à « éliminer progressivement » le pétrole, le gaz, et le charbon russe d’ici à 2027. Cela ne se fera vraisemblablement pas sans sacrifices, et à long terme, il est probable que le prix du gaz naturel ne puisse pas retrouver les niveaux de prix connus avant la crise sanitaire. En effet, bien des événements ont eu lieu depuis, et il semble très loin le temps où le gaz restait une énergie compétitive participant à la transition énergétique européenne.

En France, le sentiment de détente du marché se retrouvait sur les capacités de stockage réservées, comme nous l’annoncions la semaine passée. Par ailleurs, le niveau de stockage a finalement réussi à rattraper son niveau de 2021, ce qui est une bonne chose. Cependant, nous ne paraissons pas être sortis d’affaire. L’UE protège clairement le négoce de l’énergie, malgré les sanctions, et en dépit du fait de son désir de vouloir mettre un terme à sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.

La tendance est clairement à la baisse si l’on prend en compte ces deux dernières semaines. Toutefois, la prudence reste de mise, et à long terme l’UE affiche haut et fort son souhait de sortir de sa dépendance énergétique. Tout changement notable pourrait refaire partir le prix des énergies à la hausse.

Loïc ARILAZA

Marché des émissions

Concernant le CO2, le prix du contrat de référence Dec. 22 remonte clairement depuis la chute historique entamée au début du conflit. Les spéculateurs avaient déserté le marché, et ne semble pas être revenus pour l’heure. La demande des obligés a permis de faire remonter le prix de la tonne de CO2, mais l’absence d’un intérêt fort d’achat permet de limiter les hausses importantes. La crise ukrainienne reste le principal moteur du prix des quotas, qui devrait se stabiliser dans une fourchette de prix comprise entre 75 et 85 €/t. Le mardi 22 mars, le contrat de référence se négociait à 80,66 €/t (+3,10 %).

Marchés du pétrole et du charbon

Le prix du pétrole est clairement à la hausse

Concernant l’or noir, la tendance est clairement à la hausse. Les grands groupes mondiaux annoncent un à un ne plus vouloir importer de pétrole russe suite à l’impulsion donnée par les Etats-Unis et l’annonce il y a quelques jours d’un embargo concernant le pétrole russe. Alors que le Brent (mois +1) clôturait à 98,02 $/t le mercredi 16 mars, le prix du baril est bien remonté au-dessus des 100 $/t pour clôturer à 115,46 $/t le mardi 22 mars. C’est toujours du côté de l’offre mondiale que la tension s’exerce le plus, alors même que la demande faiblit peu. Les pays de l’OPEP n’ont pas annoncé de nouvelles stratégies d’augmentation de l’offre. La pression apportée par le conflit russo-ukrainien reste très forte et la volatilité devrait être élevée ces prochains jours.

Le marché du charbon est très volatile, des craintes se font ressentir

Concernant le charbon, les prix mondiaux ont continué de s’affaiblir en début de semaine dernière avant de remonter depuis le début de cette semaine. Les craintes d’une forte chute et soudaine des exportations de charbon russe semblent s’atténuer. Mais les exportations devraient vraisemblablement baisser cette année (de 16 % selon l’IHS Markit). Les prix devraient se stabiliser ces prochains jours, même si des rumeurs concernant le retour des interdictions d’exportation de l’Indonésie courait. Rumeurs que les autorités ont réfutées. Le mardi 22 mars, le contrait API2 Rotterdam pour une livraison en 2023 clôturait à 180,38 $/t (+10,56 %).

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