L’Union Européenne a annoncé récemment sa volonté de réduire les importations de gaz russe de près de 100 milliards de mètres cubes.
Comment l’Union Européenne peut-elle devenir indépendante des importations russes ?
Cette réduction drastique des importations doit intervenir d’ici à la fin de l’année 2022. Pour cela, l’Union Européenne a mis en place un plan vers l’indépendance : REPowerEU. Ce plan doit permettre à l’Europe de devenir complètement indépendante des importations russes d’ici à 2030.
Pour cela, l’Europe compte sur le développement des énergies renouvelables, notamment le biogaz. Mais cette solution prendra du temps et ne pourra suffire dans l’immédiat.
Ainsi, afin de répondre à ses objectifs de fin d’année, l’UE prévoit à court terme d’augmenter considérablement ses importations de Gaz Naturel Liquéfié (GNL).
Les quantités de GNL seront-elles suffisantes ?
Ces importations de Gaz Naturel Liquéfié doivent atteindre 50 Gm3, et ainsi augmenter de 55% si l’Europe veut atteindre ses objectifs avant la fin de l’année.
Une demande mondiale très élevée
Cependant, certains analystes estiment déjà que ces chiffres seront difficilement tenables aux vues de la situation à l’échelle mondiale.
En effet, il est possible que le volume disponible pour l’Europe dépende fortement de la demande asiatique. Certains acteurs européens vont alors tenter de persuader les acheteurs asiatiques de se tourner encore davantage vers le charbon, en dépit des attentes liées au réchauffement climatique.
Un objectif toutefois réalisable ?
D’autres acteurs des marchés de l’énergie estiment toutefois que l’Europe n’est pas très loin d’atteindre les 50 Gm3 d’importations de GNL d’ici à la fin de l’année. Selon eux, l’Europe attirera une grande majorité des volumes produits cette année, surtout depuis les Etats-Unis.
De plus, les approvisionnements supplémentaires, qui étaient avant destinés à l’Asie, risquent d’être dérivés vers le continent européen. Les volumes de GNL importés pourraient alors augmenter et atteindre entre 32 et 45,5 Gm3.
De plus, des volontés politiques pourraient permettre d’augmenter les exportations depuis les pays producteurs. Aux États-Unis notamment, il a été décidé d’augmenter les volumes d’exportation autorisés.
Du GNL, mais à quel prix ?
D’autres facteurs risquent d’avoir un rôle à jouer dans la bonne réalisation de ces objectifs d’importation de GNL.
L’Europe devra par exemple se montrer très compétitive au niveau des prix d’achat du GNL. Si elle veut remporter le marché face à la Chine et au reste de l’Asie, les pays membres de l’Union Européenne devront acheter le GNL à un prix défiant toute concurrence.
Les terminaux de regazéification : un enjeu important
De plus, si l’Europe veut importer autant de GNL, il faut qu’elle ait les moyens de le transformer grâce aux terminaux de regazéification. Ces derniers sont des unités portuaires et permettent donc de prendre en charge le GNL transporté via les voies maritimes. es terminaux méthaniers permettent ensuite de rediriger le gaz vers les pays européens via les gazoducs d’interconnexions. Ces gazoducs font de l’Europe un réseau interconnecté pour le transport et l’acheminement de gaz.
Ainsi, les travaux de maintenance sur certains de ces terminaux devront être retardés afin de faire valoir tous les sites à disposition.
Afin d’augmenter les capacités de regazéifications, il sera alors nécessaire de construire de nouveaux terminaux.
Ainsi, la volonté de l’Europe de réduire les importations de gaz russe de près de 100 milliards de mètres cubes semblent ambitieuses. Une des solutions évoquées : l’augmentation des importations de GNL depuis les pays producteurs. Cependant, la bonne réussite des objectifs d’importation dépendent de nombreux facteurs, notamment géopolitiques.
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