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Marché de l’énergie : Analyse de la semaine du 21 mars 2022

Hebdo de l'énergie semaine du 21 mars 2022

Découvrez dans cet article l’analyse de nos experts concernant toute l’actualité du marché de l’énergie (électricité, gaz, CO2, pétrole et charbon) pour la semaine du 21 mars 2022.

Marché de l’électricité

La tendance est à la hausse

Cette semaine, la tendance est clairement à la hausse après une certaine accalmie retrouvée les deux semaines précédentes. Avec l’enlisement du conflit russo-ukrainien, les sanctions économiques lourdes prononcées à l’égard de la Russie, et malgré tout le maintien des flux gaziers russes vers l’Europe, le marché semblait chercher une direction vis-à-vis de la situation géopolitique toujours très tendue. L’Europe souhaite toujours se débarrasser de sa dépendance trop forte aux hydrocarbures russes et les annonces de cette semaine allant dans ce sens semblent avoir eu un impact sur la dynamique de marché.

La disponibilité nucléaire inquiète toujours

D’un point de vue français, le parc nucléaire reste loin de sa capacité de production maximale du fait des différentes maintenances (prévues comme imprévues) de nombreuses centrales. Cette situation exceptionnelle a d’ailleurs conduit à un mois de mars déficitaire pour la France sur sa balance électrique. En effet, l’Hexagone redevient importateur net en ce mois de mars, à hauteur d’environ 491 GWh. Le nucléaire, ou plutôt son manque/absence, occupe toujours le débat. Certains analystes parlent d’une réelle crise du nucléaire français, à un moment où il semble plus que jamais essentiel au mix électrique français.

Bien que la production renouvelable augmente, les prix ne diminuent pas

À court terme, la volatilité reste donc relativement élevée, le prix du gaz naturel demeurant un des principaux moteur du prix de l’électricité. Bien que la production renouvelable (solaire et éolienne) ait été relativement bonne cette semaine (notamment en Allemagne), et que dans le même temps la demande ait légèrement reculée avec les premières températures du printemps, les hausses sur le marché gaziers ont largement soutenu le prix de l’électricité.

La volatilité du marché reste importante

Ainsi, sur un horizon lointain, les contrats pour une livraison en 2023 (Cal 2023 FR baseload) en France se négocient à 194,75 €/MWh ce vendredi 25 mars, soit une variation de +3,84 €/MWh (+1,97 %) en une semaine. Pour les années suivantes, les contrats pour une livraison en 2024, 2025, et 2026 se négocient respectivement quant à eux à 126,88 €/MWh (+6,88 €/MWh), à 101 €/MWh (+1 €/MWh), et à 97,89 €/MWh (-1,29 €/MWh) le même jour.

Quoi qu’il en soit, avec la fin de l’hiver qui approche et la hausse progressive des températures, la demande devrait se réduire ces prochaines semaines, au moins jusqu’aux températures estivales. Le niveau d’importation de gaz naturel continuera de jouer un rôle majeur sur les tendances de marché, tout comme la disponibilité effective du nucléaire français.

Le marché cherche toujours une direction claire, mais les prix de court terme comme de long terme devraient se maintenir à des niveaux élevés. La situation reste très tendue et il peut être intéressant de sécuriser ses contrats de fourniture en étant prévoyant. Les prix de l’électricité suivront le niveau de la production renouvelable, le niveau de la demande, et le prix du gaz naturel.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing

Marché du gaz naturel

Se détacher du gaz russe semble rester l’objectif principal de l’Union Européenne

Cette semaine, le marché du gaz naturel repart à la hausse dans un contexte géopolitique toujours aussi incertain et tendu. En effet, la guerre se poursuit, et l’Union européenne peine à prendre des mesures encore plus sévères envers la Russie du fait de sa dépendance énergétique forte. Mercredi dernier, le 23 mars, la Commission européenne annonçait vouloir remplir les stocks gaziers européens à au mois 80% de leur capacité maximale d’ici le 1er novembre. L’objectif affiché de l’Union est de réduire considérablement ses importations de gaz russe d’environ 100 milliards de m3 d’ici à la fin de l’année 2022. Cette proposition doit encore être approuvée par l’ensemble des pays membres et elle pourrait conduire à faire en sorte que chaque pays, à partir de 2023, s’assure que leurs stockages soient remplis à 90% avant le 1er novembre.

Une des solutions aux décisions européennes : le GNL

Par ailleurs, le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) devrait jouer un plus grand rôle encore dans les années à venir. Du côté de l’Allemagne, qui est parmi les pays les plus dépendants du gaz russe, on envisage d’affréter trois terminaux flottants d’importation de GNL. Ces terminaux permettraient d’injecter le gaz (qui arrive liquéfié en Europe) regazéifié directement sur le réseau. Et l’Allemagne n’est pas la seule à chercher d’autres sources d’approvisionnement. Les États-Unis annonçaient d’ailleurs le vendredi 25 mars qu’ils fourniraient 15 Gm3 de plus à l’UE d’ici à la fin de l’année 2022.

La Russie cherche quant à elle à diversifier ses exportations

Le gaz naturel reste ainsi le point névralgique de la guerre en Ukraine. La Russie cherche d’ailleurs à diversifier elle aussi ses clients, dans l’éventualité (très probable) où l’Europe cesse de s’approvisionner en gaz russe. La Chine, qui est déjà un partenaire privilégié de la Russie, devrait servir d’alternative crédible à L’Europe. En effet, le partenariat entre les deux grandes puissances ne date pas d’hier et la situation géopolitique en Europe devrait permettre de renforcer encore plus le lien économique qui les unit.

La volatilité du marché reste forte et cela devrait être encore le cas cette semaine. La situation géopolitique reste très tendue, et même si l’on peut s’attendre à une légère accalmie, les prix pourraient remonter tout aussi rapidement.  

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing

Marché des émissions

Le CO2 semble avoir trouvé un début de stabilité cette semaine, avec vraisemblablement la sortie des acteurs spéculatifs du marché. La volatilité reste néanmoins importante. Le vendredi 25 mars, le contrat de référence Dec. 22 clôturait à 78,6 €/t (-0,29 €/t en une semaine), soit une variation de -0,37 % en une semaine. Globalement, il semble que les quotas puissent continuer à se négocier dans la fourchette de prix (large, certes) comprise entre 75 et 85 €/t. Nous suivrons les évolutions de marché avec attention.

Marchés du pétrole et du charbon

La demande est pétrole est élevée mais la production demeure faible

Du côté de l’or noir, les prix mondiaux demeurent très élevés et repassent brièvement au-delà des 120 $/bbl le mercredi 23 mars pour atteindre 121,6 $/bbl sur l’indice du pétrole de la Mer du Nord (BRENT, livraison mois+1). Le manque d’offre mondiale du fait des tensions géopolitiques dans diverses régions du monde en reste l’une des causes principales. Les livraisons peuvent d’ailleurs être d’autant plus menacées que des attaques ont eu lieu en Arabie Saoudite en fin de semaine dernière. En effet, des rebelles Yéménites ont revendiqué une série d’attaques visant notamment une raffinerie d’Aramco dans la ville de Yanbu sur la Mer Rouge. La demande mondiale reste forte, et se passer du pétrole russe au niveau mondial ne sera pas chose aisée. La volatilité devrait rester élevée ces prochaines semaines. Le vendredi 25 mars, le BRENT mois +1 clôturait à 120,65 $/bbl, + 12,72 ^$/bbl par rapport au vendredi précédent.

Le retour en force du charbon

Concernant le charbon, les prix mondiaux continuent de fortement fluctuer. En fin de semaine, l’API2 Rotterdam pour une livraison en 2023 (API2 Cal 2023) clôturait à 182,11 $/t le vendredi 25 mars, soit une hausse de +14,01 $/t en une semaine. Le prix du charbon pourrait continuer de progresser du fait de la flambée du prix du gaz naturel en Europe. Le charbon fait une sorte de retour en force, alors même que l’approvisionnement mondial n’est pas si certain que cela. En Indonésie, des rumeurs faisaient état que de nouvelles restrictions d’importations pourraient avoir lieu, même si elles n’ont pour l’heure pas été confirmées. La demande chinoise peut également reprendre de plus bel, faisant ainsi bondir les prix du charbon, si la situation géopolitique mondiale et notamment en Ukraine ne s’apaise pas.

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