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Marché de l’énergie : Analyse de la semaine du 28 mars 2022

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Comme chaque semaine, nos experts analysent pour vous les différentes actualités du marché de l’énergie (électricité, gaz, pétrole…). Ils vous font part de leurs perspectives quant à l’évolution des situations actuelles.

Marché de l’électricité

La montée des prix reste exceptionnelle

Cette semaine, les marchés électriques européens font face à une claire tendance haussière. La situation géopolitique européenne reste tendue et les inquiétudes peinent à s’apaiser avec la poursuite du conflit russo-ukrainien. Par ailleurs, la vague de froid qui s’abat sur une grande partie de l’Europe de l’Ouest, dont la France, fait peser une pression supplémentaire avec une hausse soudaine de la demande d’électricité, notamment pour le chauffage. En ce lundi 4 avril, les prix spots (infra-journaliers) grimpent jusqu’à 3000 €/MWh entre 08h et 09h du matin, ce qui reste extrêmement exceptionnel.

Des températures très faibles

Cette situation conduit le gestionnaire de réseau et EDF à émettre de fortes alertes lundi matin, militant les particuliers et les professionnels à réduire leur consommation d’électricité dans la mesure du possible. Les températures sont largement en dessous des moyennes de saison, autour de 6°C à l’heure où nous écrivons (lundi 4 avril). RTE ne prévoit cependant pas de coupures de courant pour l’heure, les importations devant couvrir ce manque temporaire et exceptionnel d’offre.

L’indisponibilité nucléaire pose toujours problème

La volatilité des prix des contrats à terme reste également forte. L’indisponibilité nucléaire, nous l’annoncions déjà il y a quelques semaines, ne tombe vraiment pas à pic. Le vendredi 1er avril, 26 réacteurs sur 56 (soit 29,5 GW sur 61,4 GW) étaient à l’arrêt. L’on commence d’ailleurs déjà à s’inquiéter de l’approvisionnement électrique pour l’hiver prochain. On entend d’ailleurs que la décision de rouvrir la centrale à charbon d’Emilie Huchet à Saint-Avold (618 MW) pour l’hiver prochain pourrait être prise ces prochaines semaines. Pour rappel, cette installation avait fermé « définitivement » jeudi 31 mars dans le cadre de la sortie du charbon pour atteindre l’objectif de réduction les émissions de CO2.

Les prix à long terme augmentent

Ainsi, sur un horizon lointain, les contrats pour une livraison en 2023 (Cal 2023 FR baseload) en France se négocient à 207,93 €/MWh ce vendredi 1er avril, soit une variation de +13,18 €/MWh (+6,77 %) en une semaine. Pour les années suivantes, les contrats pour une livraison en 2024, 2025, et 2026 se négocient respectivement quant à eux à 126,50 €/MWh (-0,38 €/MWh), à 108 €/MWh (+6,97 €/MWh), et à 106,25 €/MWh (+8,36 €/MWh) le même jour.

La courbe de long terme subit encore largement les fluctuations des prix du gaz naturel. Le marché reste très tendu et si les températures restent froides, même si cela ne devrait pas être le cas, la hausse de la demande peut encore exercer une forte pression sur les prix de court terme.

Le marché électrique européen et français reste très tendu et volatil. En France particulièrement, l’électro-intensivité nous rend très vulnérable à court terme aux fluctuations rapides de températures (à la baisse essentiellement). La volatilité devrait rester forte, et les prix pourraient se maintenir à un niveau élevé cette semaine encore.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing
Prix électricité avril 2022

Marché du gaz

La Russie affirme sa puissance gazière

Le marché du gaz naturel continue d’être très mitigé dans un contexte géopolitique toujours très incertain et un Président russe annonçant que les règlements des livraisons de gaz devront désormais se faire en roubles, et ce, dès vendredi dernier. La situation de la Russie vis-à-vis de l’Europe n’est clairement pas au beau fixe, les sanctions économiques et financières pesant déjà sur l’activité économique russe et sur la monnaie domestique. Pour faire face à ce constat, le paiement en roubles, notamment via la banque du géant gazier russe (Gazprombank), devrait permettre de soutenir la monnaie russe.

Même si pour l’heure le marché ne semble pas avoir tant réagi à ces annonces de fin de semaine, le Président russe a assuré que les acteurs ne désirant pas se conformer à cette nouvelle réglementation ne pourraient pas être livré en gaz naturel (les acteurs ont jusqu’à fin avril pour créer un compte bancaire en roubles, et ainsi effectuer leur paiement dans cette monnaie).

L’Europe réagit

Le problème de l’approvisionnement gazier se pose donc à nouveau, et la suite des événements pourraient avoir un impact direct et significatif sur les prix de marché. Les dirigeants européens restent néanmoins sceptiques quant eux nouvelles prérogatives du Président russe, à l’image du Premier ministre italien Mario Draghi et des autres pays du G7, qui excluent dès jeudi 31 mars de payer les importations de gaz naturel en roubles.

La France étudie les possibilités qui s’offrent à elle

Du côté de la France, le gestionnaire de réseau (GRTgaz) annonçait mercredi 30 mars que le terminal méthanier de Dunkerque pourrait augmenter ses capacités d’injection afin de remplacer une partie des importations russe. Cet accroissement pourrait être une solution de court terme (c’est en tout cas à l’étude) pour faire face à cette crise sans précédent. La France s’efforce donc de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement, notamment en envisageant l’installation d’un terminal flottant de regazéification de 45-50 TWh dans le port du Havre (ce qui pourrait néanmoins prendre au moins 2 ans).

Le gaz naturel reste la préoccupation principale du conflit russo-ukrainien. Le risque de coupure n’est, à notre sens, pas à exclure tant le Président russe reste déterminé et imprévisible dans ses actions.

Les prix de long terme du gaz naturel pourraient poursuivre leur hausse dans un sentiment d’incertitude grandissant concernant la poursuite du conflit russo-ukrainien. Nous serons vigilants quant aux évolutions de marché et le respect, ou non, des prérogatives du Président russe.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing
Prix gaz avril 2022

Marché des émissions

Concernant le marché des émissions, le prix de la tonne de CO2 continue de chercher une direction claire dans un contexte global toujours incertain. Il semble clairement que le marché n’intéresse plus, ou très peu, les acteurs spéculatifs, ce qui laisse très peu de liquidité sur le marché des EUA. Néanmoins, le lundi 28 mars, le rapport final de l’ESMA (European Securities and Markets Authority) stipulant le bon fonctionnement du marché a fait bondir le prix des quotas de près de 4% de la veille au lendemain. Le marché semble avoir été rassuré concernant la possibilité d’une intervention publique visant à réguler le marché. Néanmoins, le prix du gaz naturel reste le principal moteur du prix des quotas, et la situation tendue devrait continuer d’exercer une pression significative sur les prix. Le vendredi 1er avril, le contrat de référence Dec.22 clôturait à 78,49 €/t (-0,14€/t en une semaine).

Prix CO2 avril 2022

Marchés du pétrole et du charbon

L’offre de pétrole augmente

L’or noir entame une semaine baissière sur fond d’annonce de hausse de l’offre mondiale des États-Unis qui devraient puiser dans ses stocks personnels. On parle ici d’environ 1 million de barils/jour sur les 6 prochains mois. C’est une annonce qui permet de détendre légèrement le marché, alors même que le pétrole russe n’inonde plus le marché mondial avec la guerre en Ukraine.

Par ailleurs, les confinements successifs dans plusieurs régions chinoises ralentissent les besoins mondiaux, du moins le temps de ces-derniers. C’est une bonne chose, mais la situation reste à relativiser. Le prix du baril ce vendredi 1er avril reste au-delà des 100 $/bbl pour clôturer à 104,39 $/bbl (BRENT mois +1), soit une baisse de -13,48 % en une semaine.

Prix pétrole avril 2022

La demande de charbon reste à la hausse

Concernant le charbon, les prix mondiaux repartent globalement à la hausse cette semaine. Comme nous l’annoncions il y a quelques semaines déjà, le prix très élevé du gaz pousse de nombreux acteurs à se tourner plus vers le charbon, bien que très émetteur de CO2. En France, on envisage d’ailleurs de reprendre la production de certaines centrales, pourtant à l’arrêt, pour sécuriser l’approvisionnement électrique de l’hiver prochain.

Dans le monde, les principaux pays producteurs, tels que l’Indonésie, doivent déjà faire face à une forte demande domestique et le charbon russe est dès à présent boycotté dans beaucoup de régions du monde dans ce contexte de guerre en Ukraine. Le vendredi 1er avril, le prix du charbon API2 Rotterdam pour une livraison en 2023 (API 2 Rotterdam Cal 2023) clôturait à 190,075 $/t (+5,24 % en une semaine).

Prix charbon avril 2022

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