Marché de l’énergie : analyse de la semaine du 11 avril

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Comme chaque semaine, nos experts décryptent pour vous les différentes actualités du marché de l’énergie (électricité, gaz, pétrole…). Dans cet article, ils vous expliquent les tenants et aboutissants du marché ainsi que leurs perspectives d’évolution aux vues des différentes actualités. Découvrez leur analyse ci-dessous.

Marché de l’électricité

Les prix à court terme sont à la baisse

Cette nouvelle semaine est mitigée sur les marchés électriques européens et français. Le contexte général reste globalement tendu et incertain en cette fin d’hiver gazier. A court terme toutefois, avec un regain significatif des températures de saison, les prix pour une livraison le lendemain (prix spot day-ahead) sont clairement à la baisse. En cause sans doute une baisse importante de la demande avec des températures relativement douces et une production renouvelable meilleure. En France, le prix spot pour une livraison le 20 avril est en moyenne de 206,02 €/MWh (-13,53 % en une semaine). C’est une bonne nouvelle, mais qui pourrait ne pas durer très longtemps.

De nouveaux arrêts techniques annoncés sur des réacteurs nucléaires français

A plus long terme, les problèmes de fissures détectés sur plusieurs réacteurs mettent toujours à mal les prévisions de production annuelle d’EDF. Mercredi 13 avril, l’opérateur historique annonçait de nouvelles fissures au niveau du circuit d’injection de sécurité détectées sur le réacteur de Cattenom 3 (1,3 GW). Cette nouvelle découverte vient s’ajouter à celles des réacteurs de Flamanville 1 et 2 la semaine précédente. Au total, ce sont actuellement 8 réacteurs qui font l’objet de fissures détectées au niveau du circuit d’injection de sécurité. Et qui font ou feront l’objet de maintenance plus ou moins longues. EDF a d’ores-et-déjà prolongé les arrêts de Flamanville 2 de deux mois et demi (au 29 juillet) et de Chooz 2 de plus de huit mois (au 31 décembre). Mercredi dernier, la production nucléaire française s’élevait à 31,7 GW, soit une baisse de 6,4 GW par rapport à l’année précédente.

En conséquence, le nucléaire atteint des records de faible production

On le voit bien, de semaines en semaines la situation ne semble pas s’améliorer et les beaux jours semblent encore loin. Les prévisions de production nucléaire d’EDF ont encore été revues à la baisse. On parle désormais d’une fourchette de production comprise entre 295 et 315 TWh. C’est un record de faible production non atteint depuis près de 30 ans, et nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles mauvaises annonces.

Le marché reste très volatil

Ainsi, sur un horizon lointain, les contrats pour une livraison en 2023 (Cal 2023 FR baseload) en France se négocient à 232,55 €/MWh le jeudi 14 avril, soit une variation de +10,55 €/MWh (+4,75 %) en une semaine. Pour les années suivantes, les contrats pour une livraison en 2024, 2025, et 2026 se négocient respectivement quant à eux à 155,05 €/MWh (+16,05 €/MWh), à 135,49 €/MWh (+14,18 €/MWh), et à 119,13 €/MWh (+10,63 €/MWh) le même jour.

Nos perspectives pour la semaine à venir restent malheureusement peu optimistes. Même si à court terme, une baisse de demande et un regain d’offre (essentiellement renouvelable) permet de pousser les prix à la baisse, la courbe de long terme devrait quant à elle se maintenir à des niveaux très élevés. Il semble être important d’anticiper au maximum les négociations de contrats.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing
prix électricité avril 2022

Marché du gaz naturel

La baisse de la demande fait diminuer les prix à court terme

Le marché du gaz naturel est également très mitigé cette semaine avec un prix de court terme en claire baisse et des prix de long terme volatils, mais globalement en hausse. À court terme, la hausse des températures et par conséquent la baisse de la demande de gaz naturel permet largement de faire diminuer le prix de marché (livraisons mois+1 notamment). Le GNL continue d’arriver massivement en Europe avec un net recul de la demande chinoise (reconfinements dans plusieurs zones stratégiques) ou encore avec la baisse significative de la demande au Brésil. C’est une très bonne chose pour l’Europe, et certains analystes prévoient un surplus de GNL en Europe cet été, ce qui sera bien utile pour reconstituer les stocks. Cette semaine d’ailleurs, les stocks gaziers français ont peiné à se remplir, malgré la baisse de prix en fin de semaine.

L’Autriche négocie avec la Russie

Concernant le conflit russo-ukrainien et l’annonce du paiement en roubles des livraisons futures de gaz vers l’Europe occidentale, la rencontre entre le Président autrichien et Vladimir Poutine en milieu de semaine dernière a abouti, en tout cas dans un contexte bilatéral Autriche-Russie, à l’acceptation du paiement en euros des livraisons de gaz. L’Autriche dépend en effet à près de 80% du gaz naturel russe, et la réaction précédemment annoncée par le Président russe pour répondre aux sanctions européennes aurait placé l’Autriche dans un clair embarras. Cette annonce a sans doute contribué à faire baisser le prix de négociation des contrats mois +1 sur le hub néerlandais (TTF month-ahead).

L’Europe se détache peu à peu des importations de gaz russe

De manière générale, l’Europe commence à entrevoir des solutions pour se sevrer de sa dépendance énergétique russe, même si le chemin à parcourir reste long. Entre les futurs investissements pour soit augmenter la capacité des terminaux existants, soit pour en créer de nouveaux, la hausse prévue de production de biogaz, ou encore la conclusion de nouveaux contrats de livraisons (par l’Algérie, par exemple), l’Europe semble être sur la bonne voie.

Le marché du gaz reste tendu

Sur un horizon lointain, les contrats pour une livraison en 2023 (PEG Cal 2023) se négociaient à 77,150 €/MWh le jeudi 14 avril, soit en hausse de +1,92 €/MWh en une semaine. Sur les années 2024 et 2025, la même tendance haussière s’observe et de manière plus soutenue encore. Le marché reste donc toujours très tendu, en tout cas à long terme.

Les prix devraient rester, cette semaine encore, très volatils avec une poursuite de la tendance baissière à court terme et un maintien, voire une progression des prix de long terme. La guerre russo-ukrainienne continue de faire peser une forte pression sur le marché.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing
prix gaz avril 2022

Marché des émissions

Sur le marché des quotas d’émission européens, la volatilité reste le mot d’ordre cette nouvelle semaine. Le marché cherche toujours sa direction, et la faible liquidité du marché semble devoir encore largement tenir à l’écart les acteurs spéculatifs. En fin de semaine, le jeudi 14 avril, le contrat de référence DEC.22 clôturait à 79,97 €/t, soit une variation de -0,15 €/t par rapport au vendredi précédent. Cette semaine reste donc très volatile sur les marchés énergétiques. Affaire à suivre.

prix co2 avril 2022

Marchés du charbon et du pétrole

De nouvelles sanctions sont mises en place contre le charbon russe

Concernant le charbon, l’UE a officiellement interdit l’importation de charbon et d’autres combustibles fossiles solides en provenance de Russie. C’est la première sanction à caractère énergétique prise depuis le début de la guerre en Ukraine. Cet embargo doit prendre effet d’ici au 10 août, comme le stipule le cinquième paquet de sanctions du bloc régional contre la Russie. La Russie est encore aujourd’hui le plus gros fournisseur de charbon thermique d’Europe, même si la France dépend moins de cette source d’énergie comparée à d’autres pays européens, notamment l’Allemagne. Ce paquet de sanctions inclut par ailleurs d’autres mesures telles que l’interdiction des navires et du transport routier russes dans l’Union européenne, avec des exceptions pour le transport de gaz naturel, de pétrole et de produits pétroliers raffinés, jeudi dernier, le prix du charbon (API2 Rotterdam Cal 2023) clôturait à 234,94 $/t, soit +4,73 % de plus que le vendredi précédent.

prix charbon avril 2022

Des décisions politiques pourraient impacter le marché

L’or noir repart à la hausse cette semaine pour atteindre 106,95 $/bbl (BRENT mois +1) le jeudi 14 avril (+8,09 %). L’offre mondiale reste très tendue, et les différentes tensions géopolitiques en Russie, en Libye, ou encore au Venezuela ne permettent pas de faire baisser significativement les prix en maintenant/augmentant l’offre mondiale. Même si la demande chinoise était en recul avec la reprise forte des confinements sanitaires, le gouvernement chinois prévoit de soutenir son économie pour les mois à venir. Aux Etats-Unis, en période d’élections de mi-mandat, le gouvernement Biden décide de relancer la production de pétrole et de gaz sur son sol. Cette mesure vise à faire baisser les prix à la pompe, en important moins d’hydrocarbures de l’étranger. Enfin, les négociations entre les Etats-Unis et le Venezuela pour mettre fin à l’interdiction d’exploitation pétrolière nationale pourrait permettre d’augmenter l’offre mondiale et ainsi de faire baisser un peu les prix. Cette semaine devrait être baissière, soulagée par ces différentes annonces, malgré la guerre.

prix pétorle avril 2022

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