Marché de l’énergie : Analyse de la semaine du 18 avril

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Comme chaque semaine, découvrez l’analyse de nos experts sur les différentes actualités du marché de l’énergie (électricité, gaz, pétrole…). Retrouvez leurs perspectives d’évolution dans l’article ci-dessous :

Marché de l’électricité

Un contexte incertain

Cette semaine, les marchés européens de l’électricité continuent leur envolée fantastique dans un contexte toujours incertain. De nouvelles fissures ont été découvertes sur des réacteurs nucléaires (et on suspecte un défaut de série), et le prix du gaz naturel est toujours très élevé. Le nucléaire français est à la peine en pleine période électorale et pour lequel le Président Macron fraîchement réélu veut donner une part importante dans le mix énergétique futur de la France.

Les projets du Président Macron en termes de production électrique

En effet, les prévisions de consommation d’électricité d’ici 2050 devraient augmenter de 60 %, et il semble à tout prix nécessaire de relancer des grands projets d’investissement à la fois pour le nucléaire et les énergies renouvelables. Le Président Macron annonçait vouloir investir près d’1 milliard d’euros d’ici 2023, notamment pour le développement de petits réacteurs modulaires. Dans le même temps, l’éolien terrestre et marin devront largement progresser pour faire face au changement climatique inquiétant (voir le dernier rapport du GIEC), et à la hausse de la demande.

Le marché reste très volatil

Du côté du marché, cette semaine est clairement synonyme de tendance haussière, malheureusement sans surprise. En effet, l’embargo sur les importations de charbon russe commence à prendre effet sur le manque d’offre et donc sur le prix alors que la demande faiblit peu. La volatilité reste très forte, même si le gaz reste relativement stable cette semaine. En France, après le long week-end de Pâques et la fermeture des marchés, le prix des contrats de long terme ont très vite progressé en milieu de semaine et jusqu’à vendredi. A court terme, en ce lundi 25 avril, les prix de l’électricité pour une livraison le lendemain atteint en moyenne 243,57 €/MWh, soit 24,07 €/MWh de plus en une semaine (+10,96 %). Il semble que la production renouvelable et des températures fluctuantes aient eu un impact significatif sur les prix de court terme.

Les débats sont lancés au niveau européen

Quoi qu’il en soit, les perspectives sont mauvaises. La guerre est toujours présente, et l’énergie reste une préoccupation majeure. Au niveau européen, plusieurs chefs d’Etat envisagent de réformer le fonctionnement du marché de gros de l’électricité, pour que le prix de l’électricité ne soit plus indexé sur celui du gaz naturel (ou en tout cas de la dernière énergie appelée). Bien que cette tarification semble avoir une certaine efficacité (tarification au coût marginal de la dernière centrale appelée), le débat semble être ouvert. Néanmoins, à ce jour, aucune annonce concrète n’a été publiée à ce jour. Par ailleurs, c’est le cas cette semaine, la corrélation entre les prix du gaz naturel et de l’électricité n’est plus aussi évidente.

Les prix de l’électricité augmentent en cette semaine de Pâques

Ainsi, sur la courbe de long terme, les contrats pour une livraison en 2023 (Cal 2023 FR baseload) en France se négocient à 258,35 €/MWh le vendredi 22 avril, soit une variation de +25,80 €/MWh (+11,09 %) en une semaine. Pour les années suivantes, les contrats pour une livraison en 2024, 2025, et 2026 se négocient respectivement quant à eux à 186,20 €/MWh (+31,15 €/MWh), à 156,49 €/MWh (+21 €/MWh), et à 135,23 €/MWh (+16,10 €/MWh) le même jour.

Nos perspectives ne sont pas plus optimistes que la semaine passée. De nouvelles annonces suites aux vérifications d’EDF sur un certain nombre de centrales à risque pourraient continuer de soutenir les prix. La volatilité générale reste élevée et le prix de la tonne de CO2  repart également à la hausse après s’être calmé ces dernières semaines. Nous suivrons ces évolutions avec attention.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing
prix électricité avril 2022

Marché du gaz

Le marché du gaz se stabilise

Le marché du gaz naturel a trouvé une relative stabilité cette semaine, avec une hausse modérée entre le 15 et 22 avril (+1,75 €/MWh), notamment du fait d’une baisse des flux gaziers russes et norvégiens en début de semaine. Toutefois, l’afflux massif de GNL en Europe de l’Ouest a fait sensiblement baisser les prix pour une livraison en mai 2022, et a permis de compenser en partie le manque d’offre de pipeline.

L’Europe de l’Ouest bénéficie des importations de GNL sur ses côtes

D’ailleurs, les pays disposant de larges côtes bénéficient de cet afflux considérable, contrairement aux pays plus isolés en Europe de l’Est. En Espagne, au Royaume-Uni et en France, le prix des contrats pour une livraison mois+1 a été moins cher que sur le hub néerlandais, très liquide habituellement. Ces trois pays d’Europe de l’Ouest ont d’ailleurs importé près de 16,5 milliards de mètres cubes de GNL depuis le début de la guerre en Ukraine (+30 % par rapport à l’année précédente). Pour la France, c’est une bonne nouvelle à court terme, alors que les inquiétudes sur le devenir des exportations de gaz naturel russe vers l’Europe sont toujours sur la table.

Cette stabilité n’est pas à tenir pour acquise

La relative stabilité des contrats de long terme (en tout cas ceux pour une livraison en 2023) est toutefois à relativiser. En France, des températures au-dessus des normales de saison ont permis de réduire légèrement la demande de gaz naturel. Par ailleurs, les injections pour le remplissage des stocks se sont intensifiées pour être 54,38 % plus élevées que l’année précédente à la même période.

Le projet Nord Stream 2 définitivement mis de côté

Ailleurs en Europe, le gouvernement allemand annonçait cette semaine que le gazoduc Nord Stream 2 (dont la construction est achevée depuis plusieurs mois) ne sera pas utilisé et n’aura donc pas la certification nécessaire à son utilisation commerciale par la Russie via le géant Gazprom. L’Allemagne souhaite fortement réduire sa dépendance au gaz russe en ramenant ses importations à hauteur de 10 % d’ici 2024, contre environ 55 % en 2021. L’Allemagne semble ainsi vouloir couper les ponts et se désolidariser de la Russie, toujours fortement impliquée dans le conflit armé avec l’Ukraine.

Les prix du gaz sont toujours à la hausse

Sur un horizon lointain, les contrats pour une livraison en 2023 (PEG Cal 2023) se négociaient à 78,90 €/MWh le vendredi 22 avril, soit en hausse de +1,75 €/MWh (+2,27%) en une semaine. Sur les années 2024 et 2025, le prix de négociation est respectivement de 64,68 €/MWh (+7,62 %) et à 53,49 €/MWh (+13,86). Le marché reste donc toujours très tendu, en tout cas à long terme.

Les prix devraient rester élevés mais pourraient légèrement corriger à la baisse suite à la hausse constatée ces dernières semaines. Le GNL fait du bien à une offre clairement en berne. Et les flux en provenance de Norvège devraient être meilleurs la semaine à venir. Il faut toutefois rester vigilant, les incertitudes sont toujours présentes.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing
prix gaz avril 2022

Marché des émissions

Sur le marché européen du CO2, le prix des quotas est en claire augmentation cette semaine, pour atteindre vendredi 22 avril un prix de 88,99 €/t (+9,02 €/t en une semaine). La semaine a vu un nombre restreint de quotas mis sur le marché, 9,5 millions, soit 2,66 millions de moins que la semaine précédente. L’offre étant réduite, et un certain nombre d’acteurs spéculatifs étant vraisemblablement de retour, le prix des EUA s’est naturellement vu prendre une tendance haussière et pourrait tutoyer les 90 €/t ces prochains jours. Le conflit russo-ukrainien tend toujours le marché, et il faudra être attentif aux évolutions futures du prix de la tonne de CO2.

prix co2 avril 2022

Marché du pétrole et du charbon

Le prix du pétrole finalement à la baisse

L’or noir corrige globalement à la baisse cette semaine pour le BRENT (livraison mois+1) et clôture à 106,55 $/bbl le vendredi 22 avril (-4,61 %) en une semaine. En cause, principalement la crise sanitaire très présente en Chine, premier importateur de pétrole brut. Depuis plusieurs semaines, la crise sanitaire avait pris une direction inattendue et l’activité économique a logiquement ralenti dans plusieurs grandes régions chinoises.

Dans le même temps, le déblocage des stocks stratégiques de plusieurs pays gros consommateurs (notamment les Etats-Unis) avait permis de soulager le marché. Malgré l’embargo annoncé sur le pétrole et le gaz russe par l’Europe et les Etats-Unis, les pays d’Asie continuent d’importer le précieux liquide noir, notamment en Inde qui importe à ce jour deux fois plus de pétrole russe qu’en 2021. Le prix du baril de Brent devrait continuer sa tendance baissière et pourrait même repasser sous la barre des 100 $/bbl ces prochains jours, même si la tension mondiale reste forte.

prix pétrole avril 2022

La pression mondiale sur le charbon perdure

Concernant le charbon, l’embargo imposé au charbon russe continue de faire peser une forte pression sur l’offre mondiale et les prix mondiaux repartent globalement en hausse. En Europe, le prix du charbon (API2 Rotterdam Cal 2023) pour une livraison en 2023 clôturait la semaine à 240,55 $/t (+2,33 %). La demande chinoise de charbon reste élevée, et le pays va augmenter encore sa production domestique pour faire face à sa demande et aux prix élevés à l’importation. Le charbon, malgré son caractère très émetteur de gaz à effet-de-serre, revient en odeur de sainteté au regard de la hausse du prix du gaz.

prix charbon avril 2022

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