Marché de l’énergie : analyse de la semaine du 23 mai 2022

actualité pétrole

Nos experts de l’énergie analysent cette semaine les évolutions sur le marché de l’énergie : électricité, gaz, pétrole … Découvrez leur compte rendu de l’actualité ainsi que leurs perspectives d’évolution pour les semaines à venir !

Marché de l’électricité

Les courbes de l’électricité se stabilisent

Cette semaine, la tendance est plutôt à la stabilité, voire légèrement à la baisse sur la courbe de long terme sur les marchés de gros de l’électricité en France et en Europe. En cause principalement le recul significatif des prix des différentes sources d’énergies primaires, notamment le gaz naturel, en tout cas jusqu’en milieu de semaine dernière. En revanche, le prix des quotas d’émissions (contrat de référence Dec. 22), comme celui du pétrole brut (Brent mois +1) sont quant à eux clairement en hausse. Le lundi 30 mai, le prix de l’électricité en France pour une livraison le lendemain (France baseload day-ahead) atteignait en moyenne un prix de 211,04 €/MWh, soit 26,61 €/MWh de plus en une semaine. La demande de court terme reste fluctuante et le prix continue de dépendre de l’évolution des prix du gaz naturel et du charbon. Ce dernier continue d’ailleurs d’être très cher et d’exercer des pressions haussières sur les prix de l’électricité.

De nouveaux éléments peuvent impacter la production nucléaire

En France, plus particulièrement, EDF annonçait le 24 mai qu’une grève de 24h prévue pour le 2 juin pourrait impacter la disponibilité de son parc nucléaire. La précédente grève avait réduit de près de 1 GW la capacité nucléaire de l’opérateur historique en une journée. L’état de santé du parc inquiète toujours, même si de nouvelles annonces ne sont pas publiées. Comme nous l’annoncions ces dernières semaines, les prévisions de production nucléaire sont historiquement basses en France, et cela pourrait ne pas s’arranger selon la gravité des défauts de conception détectés sur plusieurs classes de réacteurs.

Le marché d’équilibrage de l’électricité évolue

Au niveau européen, deux nouvelles plateformes européennes d’équilibrage de l’électricité verront le jour le 22 juin prochain, comme le confirmait lundi 30 mai les gestionnaires de transport allemands. Ce lancement accompagne la nouvelle conception du marché d’équilibrage de l’électricité qui comprendra, entre autres choses, un changement dans le calcul du prix de l’électricité. Cette nouvelle méthode de calcul sera basée cette fois sur les prix, et non plus sur les coûts comme c’est le cas actuellement. Par ailleurs, il y aura certains ajustements sur le marché d’équilibrage à proprement parler.

Ces deux nouvelles plateformes, nommées Picasso et Mari, devront respectivement viser à harmoniser l’attribution de l’électricité d’équilibrage secondaire pour le premier, et le second concernera la réserve minute ou la réserve de contrôle tertiaire. Quoi qu’il en soit, ces annonces montrent principalement le souhait clair d’apporter des changements à un système que beaucoup considèrent inefficient, et/ou trop déconnecté des évolutions de marché et des besoins actuels.

Les prix diminuent, à court et long terme

Ainsi, sur la courbe de long terme, les contrats pour une livraison en 2023 (Cal 2023 FR baseload) en France se négocient à 302,61 €/MWh le vendredi 27 mai, soit une variation de -3,71 €/MWh (-1,21 %) en une semaine. Pour les années suivantes, les contrats pour une livraison en 2024, 2025, et 2026 se négocient respectivement quant à eux à 216,91 €/MWh (-2,03 €/MWh), à 191,83 €/MWh (-3,42 €/MWh), et à 146,25 €/MWh (-2,03 €/MWh) le même jour. La tendance initiée en fin de semaine précédente s’est donc bel et bien constatée cette semaine, avec des températures au-dessus des normales de saison et une demande limitée. La production renouvelable reste mitigée selon les jours, mais suffit à tendre les prix vers le bas, du moins pour le moment.

La relative stabilité constatée cette semaine pourrait perdurer, même si la volatilité journalière peut à tout moment orienter les prix à la hausse. Par ailleurs, le sixième paquet de sanctions prononcé à l’égard de la Russie pourrait avoir une incidence sur les prix de marché du gaz naturel, et donc avoir une répercussion sur les prix de l’électricité. Le prix des quotas, par ailleurs, a connu un regain conséquent, et pourrait continuer à exercer une nouvelle pression haussière.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing Team Leader

prix électricité 2022

Marché du gaz

Le marché se stabilise

Sur les marchés gaziers européens, les prix pour une livraison le lendemain (prix spot) sont restés plutôt stables cette semaine, autour de 75€/MWh, avec un afflux de GNL toujours important sur les côtes européennes. En France, le 30 mai, le PEG (mois +1) a toutefois enregistré une hausse de 6,7 % en une semaine pour s’établir à plus de 80€/MWh. A plus long terme, les contrats pour une livraison en 2023 (PEG Cal 2023) sont légèrement en hausse pour atteindre 70,927 €/MWh le 27 mai, soit +1,42 % en une semaine.

L’évolution de long terme des prix du gaz naturel reste liée à la situation du paiement du gaz en roubles à la Russie, et au niveau d’approvisionnement gazier de cette dernière. Bien que la situation semble se stabiliser, la volatilité du prix des contrats de long terme n’est pas à négliger, et une nouvelle tendance haussière n’est pas à exclure, plus l’hiver gazier approchera. Par ailleurs, la baisse non négligeable des flux gaziers en provenance de Norvège cette semaine (due à une panne imprévue sur le gisement de Troll) a exercé une légère pression à la hausse depuis le mercredi 25 mai.

La situation avec le géant russe Gazprom continue de poser problème pour certains pays

La guerre n’est en effet pas terminée, et l’UE tend à finaliser son sixième paquet de sanctions prononcées à l’égard de la Russie, notamment concernant l’embargo du pétrole russe. En fin de semaine dernière, le 27 mai, l’UE s’inquiétait de l’éventualité d’une coupure totale des flux gaziers en provenance de Russie. En effet, le géant russe Gazprom a déjà interrompu l’approvisionnement à la Pologne, la Bulgarie et la Finlande, car ces pays n’avaient pas respecté son souhait d’être payé en roubles.

D’ailleurs, cette nouvelle semaine, Gazprom pourrait couper le gaz au Danemark à l’approche de la date limite pour payer les achats de gaz en roubles. Même si les autorités danoises ne sont pour l’heure pas inquiètent d’une telle mesure, le Danemark devra vraisemblablement chercher de nouvelles sources d’approvisionnement s’il ne souhaite pas se conformer aux exigences du géant russe, ce qui devrait exercer des pressions haussières supplémentaires. La menace pèse donc toujours sur les pays européens, et l’UE compte bien se prémunir d’une telle situation.

Les objectifs de stockage augmentent

Du côté du stockage, le rythme soutenu des injections suit son cours en prévision de l’hiver à venir. En France, le taux de remplissage des réserves atteint près de 50% pour un volume cumulé de 67 TWh. Il est intéressant de rappeler que les Etats membres de l’Union se sont mis d’accord pour remplir leurs réserves de gaz à au moins 80 % de leur capacité d’ici novembre. Pour les années suivantes, l’objectif de remplissage des stocks de gaz devrait être revu à 90% pour le mois de novembre de chaque année, une stratégie qui doit permettre d’éviter une trop forte dépendance énergétique au moment le plus critique de l’année (même si les volumes stockés ne représentent qu’une partie limitée des besoins hivernaux).

Ainsi, sur la courbe de long terme, les contrats pour une livraison en 2023 (PEG Cal 2023) se négociaient à 70,927 €/MWh le vendredi 27 mai, soit en hausse de +0,99 €/MWh (+1,42 %) en une semaine. Sur les années 2024 et 2025, le prix de négociation est respectivement de 54,338 €/MWh (-0,49 %) et à 44,830 €/MWh (+3,16 %) le même jour. La demande reste globalement au même niveau que la semaine passée, et l’offre de court terme continue d’être bonne.

Le prix du gaz naturel, à court comme à moyen terme, pourrait repartir de plus bel ces prochaines semaines avec les nouvelles sanctions prononcées par l’UE à l’égard de la Russie. Le conflit ne trouve pas de sortie diplomatique rapide, et les risques de coupure brutale des flux gaziers en provenance de Russie sont réels. Le GNL à court terme, et la diversification des sources d’approvisionnement à long terme, permettent de limiter les trop fortes fluctuations, mais pour combien de temps ? L’avenir nous le dira.

Loic ARILAZA, Analyste Pricing Team Leader

prix gaz 2022

Marché des émissions

Le marché des émissions reste très volatil également cette semaine, et est reparti à la hausse après la tendance baissière de la semaine précédente. Ce vendredi 27 mai, le contrat de référence DEC.22 se négociait à 84,20 €/t, soit une variation de 6,05 €/t (+ 7,74 %). Cette reprise à la hausse du prix de la tonne de CO2 devrait à court terme impacter la demande en charbon à la baisse.

prix co2 2022

Marchés du pétrole et du charbon

La tension sur le pétrole augmente

L’or noir repart de plus belle cette semaine, notamment du fait de la sortie de crise sanitaire en Chine, et de l’embargo européen sur le pétrole russe qui était attendu dans le sixième paquet de sanctions finalement sorti le lundi 30 mai. En effet, les Etat membres ont enfin réussi à s’entendre sur l’interdiction d’importation du pétrole russe, en tout cas en partie. Des pays enclavés comme la Hongrie posaient leur veto depuis plusieurs semaines, en raison de leur trop forte dépendance vis-à-vis de la Russie de par leur proximité géographique.

Pour pallier au problème, le pétrole russe acheminé par voie maritime (2/3 des importations de l’UE) sera interdit d’ici six mois, alors que le pétrole livré par oléoduc continuera pour sa part à être autorisé, en attendant de trouver une solution définitive. Quoiqu’il en soit, l’Allemagne et la Pologne s’étaient déjà engagés à ne plus importer de pétrole russe par oléoduc d’ici la fin de l’année, ce qui devrait réduire de près de 90% les livraisons de pétrole russe (via oléoduc) vers l’UE. Cette nouvelle annonce devrait soutenir d’autant plus les prix mondiaux du brut, alors même que la demande ne faiblit pas. Le marché devra combler ce manque de pétrole russe par d’autres sources. Ainsi, le vendredi 27 mai, le baril de Brent (mois +1) clôturait à 119,43 $/bbl, soit 6,88 $/bbl de plus en une semaine.

prix pétrole 2022

À court terme, le prix du charbon diminue

Concernant le charbon, la demande mondiale diminue légèrement. En Europe, l’API 2 Rotterdam pour une livraison en 2023 (API2 Cal 2023) clôturait à 222,68 $/t le vendredi 27 mai, soit une baisse de 13,48% en une semaine. A plus long terme, la tendance pourrait repartir à la hausse. Le Royaume-Uni indiquait ce lundi 30 mai vouloir prolonger la durée de vie de ses centrales à charbon afin de se prémunir face à l’incertitude de l’approvisionnement en gaz.

prix charbon 2022

Pour recevoir notre Hebdo de l’Energie en exclusivité directement dans votre boite mail, il suffit simplement de cliquer sur le lien ci-dessous :

Le blog Capitole Énergie

Ces autres articles peuvent vous intéresser

Découvrez tous nos autres articles de blog sur le sujet.

Retour en haut