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L’Europe se tourne de nouveau vers le charbon pour palier le manque de gaz

Au vu de la conjoncture actuelle, certains pays d’Europe relancent leur production via le charbon, malgré les objectifs européens de décarbonation.

Des objectifs de décarbonation sur le long terme

L’Union Européenne a lancé en 2019 un Pacte Vert pour l’Europe. L’objectif premier est de réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à leur niveau de 1990) et d’atteindre la neutralité carbone dès 2050.

Les ambitions pour 2030 ont été revu à hausse en 2020 et 2021 puisque l’objectif initial d’une réduction de 40% des émissions est passé à 55%.

Les pays de l’Union doivent donc mettre en place des politiques nationales afin de participer à cet élan visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Le charbon européen

Dans le cadre de cette politique européenne, l’utilisation du charbon (notamment pour la production d’électricité) a été réduite. En effet, 13% de la production électrique de l’Union Européenne provenait du charbon en 2020. Ce chiffre était de 25% en 2013. Le Portugal par exemple a complètement stoppé sa production électrique via les centrales à charbon.

Cependant, en 2022, les pays de l’Union Européenne comptent encore 202 centrales pour une capacité totale de production de 111 GW. L’Allemagne étant en tête de ces pays avec 63 unités de production. Suivie de la Pologne (44) et de la République Tchèque (24).

La situation énergétique au niveau européen

Toutefois, l’approvisionnement en gaz de certains pays européens inquiètent. La Suède et le Danemark ont lancé le niveau de pré-alerte sur leur approvisionnement gazier. L’Allemagne a quant à elle lancé le niveau d’alerte. En cause notamment, la réduction de 60% des livraisons quotidiennes de gaz russe depuis le gazoduc Nord Stream.

Pour pallier cette réduction de gaz venu de Russie, d’autres sources d’énergie sont utilisées. On peut par exemple noter les importations de GNL depuis des pays comme les Etats-Unis et le Qatar.

En dehors du gaz, la production électrique française notamment, fait défaut. En effet, de nombreux réacteurs nucléaires sont à l’arrêt pour des problèmes de corrosion sur les systèmes. La France qui pouvait jusqu’alors exporter de l’électricité est aujourd’hui importatrice nette.

De plus, l’Union Européenne a décidé de se passer du charbon russe d’ici août 2022. Cela représente donc une source en moins alors même que certains pays relancent leur production. En effet, le charbon représente pour certains pays une solution face aux problématiques d’approvisionnements énergétiques.

La fin du charbon en Europe retardée

Robert HABECK, ministre de l’Economie et du Climat allemand, a annoncé dimanche 19 juin 2022 que « pour réduire la consommation de gaz, il faut utiliser moins de gaz pour produire de l’électricité. À la place, les centrales à charbon devront être davantage utilisées. » De manière concrète, les centrales à charbon de réserve seront désormais utilisées. Selon Mr HABECK, cette mesure est « amer »mais « indispensable ». Ce gouvernement est en effet fervent partisan de l’abandon du charbon d’ici 2030. Cette mesure de « court terme » ne remet pour l’instant pas en cause les objectifs de décarbonation fixés par l’Allemagne.

Le même jour, l’Autriche a annoncé vouloir réactiver la dernière centrale à charbon du pays. Celle-ci avait été fermée début 2020. Cette remise en service demandera cependant un certain temps puisqu’il faut pouvoir acheter la quantité de charbon nécessaire.  

Dans la foulée, lundi 20 juin 2022, les Pays-Bas ont levé les restrictions sur l’utilisation du charbon dans la production d’électricité. Ainsi, les centrales à charbon néerlandaises peuvent fonctionner à 100% de leur activité, alors qu’elles étaient limitées à 35%. Cette levée des restrictions est applicable jusque 2024. Rob JETTEN, ministre du Climat et de l’Energie, a annoncé que la pression russe sur certains payas concernant le gaz est inquiétante. Aussi, « en raison de ces préoccupations, j’annonce aujourd’hui une crise du gaz de niveau un : l’alerte précoce ».

Une solution « amer »

Le ministre allemand Robert HABECK a lui-même qualifié la décision de son gouvernement comme « amer ». Certaines ONG nationales et internationales remettent en cause ces décisions. Ursula von der LEYEN, Présidente de la Commission Européenne estime qu’il faille « s’assurer que nous profitions de cette crise pour aller de l’avant […] sans retour en arrière vers les combustibles fossiles polluants ».

Le charbon dans le reste du monde 

Le charbon représente, à l’échelle mondiale, la plus grande source de production électrique, et donc la source la plus émettrice de CO2. En Asie notamment, des projets de nouvelles centrales à charbon continuent d’être développés. Sur le continent, les investissements concernant le charbon ont augmenté de 10% en 2021. Ce chiffre risque d’être le même pour l’année 2022 en cours. À un niveau national, la Chine compte depuis de nombreuses années pour plus de la moitié de la consommation mondiale de charbon.

La situation concernant cette énergie risque encore d’évoluer dans les semaines à venir. Nous suivrons de près la situation européenne et ses objectifs de réduction d’émissions carbones.

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