Mercredi 20 juillet 2022, la Commission européenne a annoncé son plan pour faire face à la crise énergétique lors de l’hiver à venir.
Faire face à la baisse des livraisons russes
Les prix de l’énergie connaissent une hausse sans précédent. Le mois de juillet a été particulièrement éprouvant sur les marchés. En cause notamment, la diminution des livraisons de gaz russe vers l’Europe. En effet, du 11 au 21 juillet, le gazoduc Nord Stream 1 permettant de transporter le gaz russe vers l’Allemagne est en arrêt pour maintenance. Il s’agit d’un des gazoducs de transport principal de l’Union européenne, le manque de ce gaz se fait donc ressentir dans plusieurs pays.
Si la raison évoquée de l’arrêt des livraisons via Nord Stream 1 est liée à la maintenance, l’Europe craint que Gazprom ne stoppe complètement toutes les livraisons de gaz vers le continent. L’énergéticien russe avait déjà diminué de 60% les livraisons via le gazoduc avant son arrêt. De plus, cela fait désormais plusieurs semaines que le géant russe a totalement stoppé les livraisons de gaz vers 5 pays européens (la Finlande, la Bulgarie, les Pays-Bas, la Pologne et le Danemark).
De plus, en ces périodes de très fortes chaleurs et de reprise économique en Chine notamment, la demande augmente alors même que l’offre diminue.
L’Europe s’organise
L’Europe s’efforce de trouver rapidement de nouvelles sources d’approvisionnement en gaz. Les importations depuis la Norvège, l’Azerbaïdjan et l’Algérie sont par exemple en hausse et de nouveaux projets de terminaux méthaniers sont en cours pour importer davantage de GNL. Les importations de GNL depuis les Etats-Unis ont d’ailleurs triplé depuis mars. Toutefois, Faith BIROL, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), estime que « les ressources gazières non-russes ne vont tout simplement pas suffire pour remplacer les livraisons de Russie ».
Ainsi, si l’Union européenne plaidait jusqu’à présent le développement des sources d’énergie par le biais également des énergies renouvelables ; l’heure est aujourd’hui à la réduction de la demande.
Réduire la consommation globale d’énergie
La Commission européenne propose donc une série de mesures visant à réduire la consommation de manière globale.
L’objectif est ainsi de réduire la consommation annuelle de gaz de l’Union européenne entre 4 et 40 milliards de m3. Ursula Von Der Leyen a par ailleurs estimé que l’Union Européenne pouvait réduire de 45 milliards de m3 sa consommation de gaz naturel.
Parmi ces mesures, la diminution du chauffage ou de la climatisation dans les bâtiments devrait permettre d’économiser environ 11 milliards de m3. L’Union européenne fait notamment appel aux États pour réduire ces facteurs dans les bâtiments publics, mais aussi commerciaux. Bruxelles recommande de mettre en place des campagnes de communication amenant les particuliers à réduire le thermostat d’un degré durant l’hiver, le tout en privilégiant les sources alternatives de chauffage et les pompes à chaleur.
Cibler la production d’électricité et le secteur industriel
Si la réduction de la consommation dans les lieux publics et chez les ménages devrait permettre de réduire la demande, ces clients dits « protégés » (dont la fourniture est garantie) ne représentent que 37% des dépenses totales.
C’est pourquoi, l’Union européenne souhaite principalement cibler les industries et la production d’électricité. Pour cela, les pays de l’Union doivent privilégier le développement des sources renouvelables. Bruxelles estime par ailleurs que le recours au charbon et au pétrole pourrait être nécessaire « à titre temporaire ». Dans le même temps, l’UE demande aux pays en voie de stopper la production nucléaire de retarder ces fermetures.
Au niveau du secteur industriel, la Commission rappelle d’abord que certaines sources d’énergie pourraient être des solutions alternatives au gaz naturel. Par exemple la biomasse ou le biométhane. Une autre solution serait d’électrifier certaines machines.
Bruxelles propose également un « système d’enchères » qui permettrait aux entreprises qui réduisent leur consommation de recevoir des « compensations ».
Si jamais la demande augmente de manière trop exponentielle et que l’offre ne suit pas – entrainant un risque de pénurie -, l’Union se réserve la possibilité de mettre en place un mécanisme d’alerte. En concertation avec les États, celui-ci devrait permettre de fixer des « objectifs contraignants de réduction de la demande ».
L’Union européenne surveillera la mise en place de ces mesures
Avant la fin du mois de septembre, chaque Etat devra mettre en place des plans d’urgence nationaux. La Commission européenne vérifiera tous les deux mois l’avancement des actions et leurs résultats.
Ce plan présenté par la Commission européenne doit encore être discuté par les États membres.
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