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Marché de l’énergie : analyse de l’évolution sur la semaine du 3 octobre 2022

prix énergie octobre 2022

Nos analystes décryptent l’évolution des prix de l’énergie (gaz, électricité, pétrole, charbon et émissions) pour la semaine du 3 octobre 2022. Découvrez dans cet article leurs perspectives pour les semaines à venir.

Marché de l’électricité

Le calme après la tempête ?

Cette semaine, la tendance de la courbe de long terme sur les marchés de gros de l’électricité est encore baissière. Les prix du contrat CAL23 Baseload ont diminué de -21,08 €/MWh en une semaine en clôturant à 530,81 €/MWh ce vendredi 7 octobre. Cette baisse significative de -3,82 % s’inscrit dans la dynamique observée depuis début septembre dans laquelle le cours de l’électricité semble retrouver des niveaux de prix « acceptable ». Sur les quatre dernières semaines, le marché s’est stabilisé entre 520 et 580 €/MWh en justifiant d’une volatilité réduite. En effet, le cours de l’électricité a connu une variation de seulement -1,63 €/MWh en quatre semaines.

Une reprise progressive du nucléaire

Le gouvernement a officiellement lancé la renationalisation d’EDF avec le dépôt de son offre publique d’achat visant à racheter les 16% du capital de l’énergéticien non détenus à date par l’Etat. Cette renationalisation pose les fondations du projet énergétique et de la trajectoire prise pour les prochaines années voire décennies : le développement du nucléaire en France. Alors qu’EDF annonçait il y a un mois vouloir tenir un programme de redémarrage des réacteurs à l’arrêt, l’atteinte des objectifs fixés semble prendre du retard. Avec 27 réacteurs en fonctionnement, la capacité de production nucléaire est inférieure aux prévisions d’EDF. Le redémarrage des réacteurs est un facteur baissier du prix de l’électricité, réduisant le recours aux centrales thermiques et augmentant la sécurité d’approvisionnement.

Les premiers résultats apparaissent avec l’achèvement des travaux sur 3 réacteurs touchés par les problèmes de corrosion : Bugey 4 (900 MW), Chinon B3 (900 MW) et Cattenom 4 (1 300 MW). Cet apport de capacité de production nucléaire permet de rassurer les marchés de l’électricité quant à leur exposition au prix du gaz. L’appétence pour le nucléaire n’est pas limitée à la France puisque la Finlande a commencé à produire avec l’installation d’un nouveau réacteur de dernière génération : Olkiluoto 3 (1 600 MW). 

Le coup de pouce de l’Etat

Les acteurs les plus touchés par les hausses des prix sont les PME. Ces dernières réclament un plafonnement des prix de l’énergie face aux difficultés financières qu’elles rencontrent. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a convoqué les principaux énergéticiens ce mercredi 5 octobre afin d’établir un « code de conduite ». L’objectif de cette manœuvre est de faire baisser les prix proposés par les fournisseurs d’énergie.

Dans la continuité de cette intervention des pouvoirs publics, le gouvernement annonçait ce jeudi 6 octobre se porter garant des cautions demandées aux entreprises qui signent de nouveaux contrats. Pratique des fournisseurs devenue courante dans ce contexte de flambée des prix, cette garantie publique devrait permettre aux entreprises d’avoir accès à davantage d’offres avec un risque de défaillance assumé par l’Etat. Le plafonnement des revenus des producteurs d’électricité à bas coûts permet à l’Etat de redistribuer les superprofits de ces acteurs. Du côté de la demande, l’accent est mis sur les efforts d’économies d’énergie. Le gouvernement a publié ce jeudi 6 octobre son plan de sobriété énergétique avec des mesures concernant tous les secteurs (logements, industries, commerces, etc.).

 

Malgré la baisse de la demande (sobriété énergétique) et la hausse des capacités nucléaires, la situation pourrait s’avérer compliquée cet hiver si les températures sont en-dessous des normales saisonnières. La reprise du nucléaire apparaît comme un facteur baissier du prix de l’électricité, cependant les craintes qui persistent quant au respect du calendrier d’EDF maintiennent une pression haussière.

 

Le redémarrage progressif des réacteurs ainsi que l’atteinte du remplissage des stocks de gaz stabilisent le marché. La tension sur le marché semble alors s’atténuer à long terme. De plus, les discussions portant sur un potentiel plafonnement des prix du gaz au niveau européen pourrait soutenir cette trajectoire baissière des prix de gros de l’électricité. Un prix plancher de 500 €/MWh semble se dessiner jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Tristan BAUDU, Analyste Pricing

prix électricité octobre 2022

 

Marché du gaz

Les tensions s’apaisent sur le marché du gaz

Encore une bonne semaine du côté du gaz, qui subit une énième diminution malgré une volatilité toujours aussi persistante. En 1 mois, le prix du gaz a chuté de 38,39 €/MWh, ce qui n’est pas négligeable. Les contrats pour une livraison en 2023 (France PEG CAL 2023), ont clôturé à 148,21 €/MWh ce vendredi 7 octobre, soit une baisse de 15,91€/MWh sur la semaine.

Des nouvelles rassurantes, mais une volatilité toujours présente

Les nouvelles sont toujours bonnes sur le marché du gaz, ce qui favorise donc la baisse du prix depuis maintenant plusieurs semaines. Les capacités de stockage sont toujours aussi confortables au sein de l’Union européenne, avec notamment pratiquement 100% de remplissage côté français. Cela permet d’aborder l’hiver plus sereinement, sachant que les températures actuelles sont plutôt douces par rapport à ce qui était anticipé. A cela s’ajoute l’offre norvégienne qui est toujours aussi conséquente et permet donc plus ou moins de compenser les flux russes.

Des facteurs extérieurs influent sur le marché

En milieu de semaine, les prix ont grimpé du fait de ces deux événements principaux : les livraisons de GNL en provenance de la société malaisienne Petronas ont été perturbées en raison d’une fuite de gazoduc. Cet incident a pu donc avoir un impact sur l’offre de gaz. A cela s’ajoute un prix du pétrole a qui pu subir une hausse notable cette semaine. Le pétrole et le gaz étant des produits partiellement substituables, l’augmentation du prix de l’un entraîne systématiquement l’augmentation de l’autre.

En fin de semaine, l’association de plusieurs facteurs a entrainé un nouvelle baisse. La faiblesse du prix JKM (prix du gaz au Japon) a permis un approvisionnement confortable du GNL en provenance d’Asie vers l’Europe. Concernant la réunion qui a eu lieu le vendredi 7 octobre, de nouvelles mesures ont été proposées mais aucune décision n’a été prise à ce jour. Un plafonnement du prix semble être trop radical, et pourrait donc dissuader les plus gros producteurs tels que la Norvège ou les Etats-Unis, par exemple. Une alternative a donc été proposée par plusieurs pays européens : un corridor de prix. Ce système s’apparente à un bon compromis. En effet, celui-ci dissuaderait les spéculateurs de gonfler artificiellement les prix mais n’aurait pas pour finalité de contraindre les prix à un niveau bas, ce qui rassurerait donc les producteurs. Le prochain conseil de l’UE aura donc lieu le 20 octobre, date à laquelle une décision devrait être prise à ce sujet.

 

A court terme, tant qu’aucune décision n’aura été prise au niveau européen, la volatilité sera toujours aussi présente. La tendance quant à elle, reste toujours baissière. Cela s’explique principalement par le fait qu’un hiver plus doux par rapport aux années précédentes est annoncé en France. Cela devrait permettre de consommer moins de gaz pour l’utilisation du chauffage, et donc engendrer une demande moins importante. 

 

Sur le long plus terme, les perspectives dépendront fortement du système qui sera mis en place d’ici fin octobre. Si un corridor de prix est adopté, on n’aura pas forcément les prix que nous  connaissions sur les année précédentes, mais celui-ci sera stable et permettra donc de rassurer les différents acteurs.

Yanice MEGUENNI, Analyste Pricing

prix gaz octobre 2022

 

Marché du pétrole

Le prix du pétrole repart à la hausse

Cette semaine, l’or noir (BRENT de la Mer du nord, pour une livraison en décembre) repart à la hausse toute la semaine suite à la réunion de l’OPEP+ concernant la marche à suivre pour le mois de décembre. Le vendredi 7 octobre, le BRENT clôturait à 97,92 $/baril, soit 9,96 $/baril de plus que le vendredi précédent. Même si les acteurs du secteur avaient anticipé cette réduction de production, l’effet d’annonce a contribué au rebond des prix du brut. Le 7 octobre, le brut atteignait son niveau le plus haut depuis la fin du mois d’août.

L’OPEP+ annonce réduire sa production de novembre

L’OPEP+ décide ainsi de réduire de près de 2 millions de barils/jour sa production du mois de décembre. Les analystes, comme l’administration américaine, dénoncent la stratégie très court-termiste de l’Arabie saoudite et de la Russie. En effet, depuis plusieurs semaines, les cours mondiaux observaient une réelle tendance baissière. Pour faire remonter les cours, et vraisemblablement soutenir la Russie dans le financement de sa guerre contre l’Ukraine, le niveau de production est revu à la baisse. Néanmoins, selon les spécialistes de l’or noir, cet objectif de 2 millions de barils/jour ne sera sans doute pas atteint. Les analystes soulignent le fait que les préconisations de production sont très rarement respectées. On parle ici d’une réduction réelle de l’offre de l’ordre de 1 million de baris/jour, ce qui reste important.

Les Etats-Unis devrait continuer de puiser dans leurs réserves stratégiques

Ce nouveau coup porté à l’offre n’arrange pas les affaires américaines. La présidence de Joe Biden avait déjà largement ouvert les vannes (en puisant dans les réserves stratégiques) pour faire face à la hausse des prix du brut. La Maison blanche, en pleine période électorale législative, devrait inonder encore le marché du précieux liquide noir. Il est clair qu’une hausse des prix du carburant à la pompe n’est pas une bonne nouvelle pour les démocrates. Le niveau des réserves stratégiques américaines est au plus bas depuis le mois de juillet 1984. Or, ces réserves ne sont pas illimitées, et l’OPEP+ le sait. Le bras de fer a donc débuté, et l’opposition risque de faire des vagues.

Le dollar reste fort et est plus que jamais la monnaie refuge. Même si les craintes de récession mondiale sont fortes, la baisse annoncée de la production pèse plus lourd sur la balance. Et c’est bien l’objectif de l’OPEP+.

Des ruptures d’approvisionnement secouent l’offre en France

En France, les ruptures d’approvisionnement sont de plus en plus fréquentes. Le mouvement social prenant de l’ampleur (blocages dans les raffineries et dépôts de carburants), Total se voit dans la nécessité d’avancer les négociations salariales initialement prévues pour novembre, et ainsi apaiser les tensions. Les salariés réclament en effet leur part du (gros) gâteau alors que les géants pétroliers enregistrent cette année des profits importants. Depuis le début de la grève, il y a une dizaine de jours, la CGT réclame 10% d’augmentation sur les salaires. Au premier semestre 2022, Total avait engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfice. Quoiqu’il en soit, une solution rapide devrait être trouvée pour apaiser les pressions sur l’offre.

Globalement, la tendance pourrait rester haussière, et le prix du baril pourrait tutoyer à nouveau la barre symbolique des 100 $/barils. Affaire à suivre.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing Team Leader

prix pétrole octobre 2022

 

Marchés du charbon et des émissions

Le prix du charbon chute cette semaine et accompagne les tendances baissières sur les marchés du gaz et de l’électricité

Pour le charbon, la tendance s’inverse et les prix de long terme (comme ceux de court terme) plongent cette semaine, en Europe. En effet, les contrats pour une livraison en 2023 (Rotterdam API 2 Cal 2023) ont clôturé à 241,52 $/t le vendredi 7 octobre, soit -45,34 $/t (-15,81 %) en une semaine. La demande de charbon est moindre, malgré l’approche de l’hiver et le rallumage des plusieurs centrales à charbon autrefois à l’arrêt un peu partout en Europe.

En Allemagne, première économie européenne et grande consommatrice de charbon (et de gaz russe), on maintient le désir d’une sortie rapide de cette énergie très polluante. En effet, le mardi 4 octobre, le géant énergétique RWE annonçait vouloir arrêter la production d’électricité à partir de charbon d’ici 2030. Même si cet hiver la production d’électricité à partir de charbon pourrait être supérieure à l’année précédente (pour faire face au manque d’approvisionnement gazier russe). Toutefois, les changements réglementaires à venir pour le plafonnement des prix des énergies (notamment pour la production d’électricité) pourrait apporter une nouvelle dynamique encore sur les différents marchés.

prix charbon octobre 2022

Le prix des quotas remonte légèrement, dans le sillage des prix du charbon

Le marché européen des quotas d’émission repart légèrement repart à la hausse cette semaine. Le contrat de référence (DEC.22) clôturait à 69,85 €/t le vendredi 7 octobre, soit une variation de +3,12 €/t en une semaine. Alors que les prix de long terme des combustibles fossiles (gaz et charbon) s’orientent à la baisse, le prix des quotas reprend des couleurs. Le point de stabilité du marché n’est pas encore trouvé.

Le cadre européen du système d’échange des quotas s’insère dans le programme RepowerEU, indiquant notamment le projet d’indépendance énergétique de l’UE. Le système reste dynamique, et les différentes évolutions réglementaires à venir devraient permettre aux quotas de trouver une direction d’ici la fin de l’année. Quoiqu’il en soit, le prix des EUA reste bien en-dessous des niveaux constatés mi-août. Affaire à suivre.

prix co2 octobre 2022

 

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