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Analyse marché énergie: semaine 21 novembre 2022

prix gaz électricité

Comme chaque semaine, nos experts analysent l’évolution des prix sur le marché de l’énergie (électricité, gaz, pétrole…). Découvrez leur analyse pour la semaine du 21 novembre 2022 et leurs perspectives pour les semaines à venir.

Marché de l’électricité

Correction à la hausse avant les fêtes de fin d’année

Cette semaine, la courbe de long terme sur les marchés de gros de l’électricité en France s’est corrigée à la hausse après plusieurs semaines de baisses. En effet, les prix du contrat CAL23 Baseload ont augmenté de +37,05 € en une semaine. Autrement dit, on observe une hausse significative de +9,48 % avec un prix de clôture de 428 €/MWh ce vendredi 25 novembre. Alors qu’une lueur d’espoir s’est récemment faite ressentir avec le passage sous le seuil symbolique des 400 €/MWh, les prix de long terme sont aussitôt repartis à la hausse. Comme nous nous y attendions, cette correction haussière est notamment corrélée à l’augmentation de la demande d’électricité avec la baisse des températures à l’aube du dernier mois de 2022. De plus, le recours aux centrales à gaz pour répondre à la demande impacte également le prix de l’électricité à la hausse en raison de l’augmentation des prix du gaz.

Le nouveau PDG d’EDF face aux 12 travaux d’Hercule

Le Conseil des ministres a validé ce mercredi 23 novembre la nomination de Luc Rémont, succédant à Jean-Bernard Lévy en tant que nouveau PDG d’EDF. Face aux chantiers titanesques à venir de l’énergéticien, Luc Rémont a déjà commencé à définir les objectifs dans ce contexte énergétique « critique ». Le premier objectif se fixe sur la demande exprimée par RTE d’assurer une capacité de production nucléaire de près de 40 GW début décembre et de 45-50 GW au 1er janvier 2023. En parallèle, d’autres projets structurels sont prévus : le démarrage de l’EPR de Flamanville, favoriser les investissements dans l’hydraulique mais également le soutien au développement de l’éolien et du solaire. On note également que depuis ce mercredi 23 novembre, le parc éolien off-shore de Saint-Nazaire tourne à plein régime, permettant d’alléger la pression sur l’offre. Enfin, le nouvel homme fort d’EDF semble être en faveur d’une réforme du marché européen de l’énergie afin de baisser les prix de l’électricité et de favoriser les investissements.

Le plus dur reste à venir ?

Le risque de pénurie d’électricité en France devrait être probablement plus élevé pour l’hiver 2023-2024 selon la présidente de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), Emmanuelle Wargon. En effet, avec l’arrêt des livraisons de gaz russe, la reconstitution des réserves de gaz européennes et françaises devraient être un défi de taille. De la même façon que cette année, le coût de production des centrales à gaz pourrait être poussé à la hausse et par conséquent être un facteur haussier des prix de l’électricité. Cependant, et sous réserve du respect du planning de redémarrage, l’indisponibilité nucléaire record que l’on a connu ne devrait être plus qu’une vieille histoire.

De nouvelles interconnexions électriques

Au-delà, le gouvernement appuie sur le développement de nouvelles interconnexions avec les pays européens afin de s’unir face à la volatilité du marché. De récents accords ont été conclus, notamment avec l’Allemagne ainsi qu’avec l’Irlande. En effet, un projet de construction d’une ligne électrique de 700 MW a été ratifié entre les gestionnaires de réseau RTE et EirGrid. Le développement des interconnexions européennes permet de rendre le système électrique plus résilient et plus efficace. Outre une augmentation de la sécurisation de l’approvisionnement, cela contribue à accélérer les projets d’énergies renouvelables. 

On peut s’attendre à ce que les prix de gros de l’électricité fluctuent autour des 400-450 €/MWh pour les prochaines semaines. Malgré la baisse des températures sur l’ensemble du territoire, le redémarrage tardif mais progressif du parc nucléaire permet d’alléger la pression sur les capacités de production. Les tensions sur le réseau sont donc affaiblies au regard de la situation que l’on a connue sur le mois d’octobre. Cependant, avec l’inévitable période hivernale qui arrive, l’augmentation de la demande maintiendra une pression haussière sur les prix. La « stabilité » du réseau reste a priori délicate et temporaire, avec la baisse des prévisions nucléaires de RTE les risques de coupures de courant sont possibles.

Le spread – écart de prix – entre le CAL23 et le CAL25 reste élevé à 230,12 €/MWh. Pour l’heure il est donc plus avantageux de se tourner vers des contrats de long terme (24 ou 36 mois) plutôt que des contrats de 12 mois afin de bénéficier d’une baisse de prix contractuels significative.

Tristan Baudu, Analyste Pricing
évolution prix électricité 2022
Graphique représentant l’évolution des prix de l’électricité sur l’année 2022.

Marché du gaz

Un marché du gaz encore trop sensible ?

Le prix du gaz repart à la hausse pour une deuxième semaine consécutive. Cela s’explique principalement par une consommation qui augmente au fur et à mesure que l’hiver gazier avance. Il est légitime de penser à ce jour que les prix ne repasseront pas de si tôt sous les 100€/MWh. En effet, les contrats pour une livraison en 2023 (France PEG CAL 2023) ont clôturé à 120,17 €/MWh ce vendredi 25 novembre, soit en hausse de + 8,45 €/MWh sur la semaine.

En Russie, la vengeance est un plat qui se mange glacial

Les températures qui se refroidissent progressivement ne sont malheureusement pas le seul élément qui influence à la hausse le prix du gaz naturel. D’autres éléments entrent en ligne de compte et continuent de déstabiliser l’offre de gaz au niveau mondial. C’est notamment le cas du conflit russo-ukrainien, qui persiste jour après jour. Plusieurs pays européens en subissent les conséquences par effet domino. Dernièrement, une tension s’est installée entre la Moldavie et le peuple russe. Les Moldaves consomment énormément de gaz provenant de Russie, notamment pour se chauffer. Un malentendu s’est installé entre ces deux nations, la Moldavie stockant une bonne partie de son gaz en Ukraine. Ce détail, qui semblerait anodin dans le meilleur des mondes, a été interprété de manière très négative de la part du président Poutine. Gazprom accuse les Ukrainiens d’avoir détourné 52,5 millions de mètres cube de gaz destinés à la Moldavie. Le géant gazier russe s’est empressé de menacer la Moldavie de réduire de moitié ses exportations de gaz. Cette annonce pourrait, par la suite, avoir des répercussions irréversibles pour les pays européens encore importateurs de gaz. Si les propos prononcés sont mis en application, la Moldavie devrait importer ses volumes manquants auprès d’autres pays exportateurs. L’équilibre offre/demande pourrait en être déstabilisé. Depuis maintenant plusieurs mois, la Russie fait payer le soutien européen à l’encontre de l’Ukraine, ainsi que les différentes sanctions (essentiellement économiques) prononcées contre elle. Nous observons donc qu’en cette période hivernale, saison ou la consommation mondiale est la plus importante, les coups de pression russes sont davantage appuyés.

Objectif principal européen : Passer l’hiver dans de bonnes conditions

Comme nous l’avions dit précédemment, l’équilibre offre/demande n’est plus aussi stable que jadis. Ce facteur n’arrive pas forcément au bon moment, les températures se rafraîchissant. La question du moment est donc la suivante : Nos stockages de gaz suffiront-ils à passer l’hiver ? A ce sujet, les nouvelles sont plutôt rassurantes. Selon Storengy (leader mondial de stockage souterrain de gaz), les stocks de gaz devraient suffire à passer l’hiver, et il devrait même nous en rester entre 30 et 35% d’ici la fin de celui-ci. Malgré cela, certains pays prennent quand même leurs précautions. C’est notamment le cas de la France qui sollicite progressivement le GPL (gaz de pétrole liquéfié) dans certains cas de figure, afin de puiser le moins possible dans ses stocks. L’avantage de ce dérivé réside dans le fait qu’il est produit à hauteur de 30% en France. Le reste étant importé d’Algérie ou d’Europe de l’Ouest, ce marché français est donc indépendant de la Russie.

À court terme, le prix du gaz ne devrait pas subir de hausses démesurées. En effet, selon Storengy, nos capacités de stockages devraient suffire à passer l’hiver. Cependant, la stabilisation du marché est encore un autre débat. Un plafonnement des prix pourrait permettre de sécuriser ce marché, et donc d’éviter les mouvements de panique qui sont à l’origine d’une volatilité persistante. Une réunion est prévue le 13 décembre à ce sujet, date à laquelle les différents ministres européens essaieront de se mettre d’accord sur la mise en place de ce mécanisme.

À plus long terme, le prix du gaz aura forcément vocation à se réduire. De nombreux projets voient le jour concernant l’exploitation de champs gaziers. En Norvège, par exemple, Equinor (compagnie d’énergie norvégienne), prévoit d’investir 14,8 milliards de couronnes dans le but de développer un nouveau champ gazier. En parallèle, un autre champ gazier important a été découvert au Mexique. Celui-ci pourrait contenir jusqu’à 937 milliards de pieds cubes en réserve de gaz, quand nous savons que l’UE n’en consommait « seulement » que 400 en 2021..

Yanice Meguenni, Analyste Pricing
évolution prix gaz 2022
Graphique représentant l’évolution des prix du gaz sur l’année 2022.

Marché du pétrole

Le Brent continue de dégringoler dans un contexte chinois dégradé par la crise sanitaire

Cette semaine, le prix de l’or noir (BRENT de la Mer du nord, pour une livraison en janvier 2023) corrige une semaine supplémentaire à la baisse pour atteindre 83,60 $/baril le vendredi 25 novembre, soit 3,99 $/baril de moins en une semaine (- 4,55 %). La demande mondiale reste faible dans un contexte inflationniste important et de non reprise économique en Chine du fait de l’épidémie du Covid-19. Côté offre, peu de tensions haussières supplémentaires malgré l’arrivée imminente de l’embargo européen sur le pétrole russe, et le potentiel plafonnement de son prix d’achat par la coalition du G7. Par ailleurs, au Venezuela, l’extraction pétrolière va reprendre, une nouvelle saluée par les Etats-Unis, ce qui devrait inonder encore un peu plus l’offre disponible. On en parle plus bas.

Une économie chinoise toujours à la peine, et une récession bien présente

En Chine, le nombre de contaminations augmente, notamment dans les bassins économiques majeurs du territoire (dont Pékin). Premier importateur mondial de brut, le ralentissement de l’économie chinoise diminue considérablement la demande mondiale. Le pays poursuit sans relâche sa politique sanitaire de zéro Covid, ce qui implique de stricts confinements et quarantaines pour les personnes testées positives. A Pékin, on connaît une flambée épidémique jamais vue depuis le début de la pandémie. On parle ici de près de 1 500 nouveaux cas positifs, un niveau encore jamais atteints pour la capitale. Ailleurs à Zhengzhou, un pôle d’activité du centre du pays hébergeant notamment des sous-traitants de grandes multinationales telles qu’Apple, 6 millions de personnes ont été confinées la semaine dernière. Le ralentissement palpable de l’économie chinoise exerce une forte tension baissière sur la demande de brut, donc sur les prix. Il semblerait d’ailleurs que ce manque de demande prenne largement le pas sur les pressions haussières, notamment en Europe.

L’embargo européen approche et le plafonnement est remis sur la table

En Europe, l’embargo sur les importations de brut et produits raffinés en provenance de Russie va entrer en vigueur ces prochains jours. Si cet embargo est prévu depuis maintenant plusieurs mois, c’est le retour du débat sur un plafonnement des prix d’achat du G7 qui fait la principale actualité. En effet, la coalition formée du G7, de l’Union européenne et de l’Australie devrait annoncer la limite de prix envisagée depuis le début des sanctions économiques imposées à la Russie pour son invasion militaire en territoire ukrainien. Il est évoqué un plafonnement compris entre 65 et 70 dollars le baril, soit un prix plus élevé que le cours actuel de l’Oural, la variété russe de brut. Ainsi, il ne s’agirait pas pour la Russie de vendre son précieux liquide en dessous des prix de marché, du moins dans l’état actuel des choses.

Ce constat n’a cependant pas fini de convaincre le président Poutine. La présidence russe maintient bec et ongle son intention de stopper ses livraisons d’or noir russe en cas de plafonnement des prix, quel que soit le montant de celui-ci. Le ton est donné. Le marché ne semble pourtant pas être inquiet outre mesure. Si le prix du Brent est remonté légèrement en début de semaine, il clôture bien à la baisse le vendredi 25 novembre.

Entre nouvelles sanctions européennes et abondance d’offre

Même si la Russie menace d’imposer de graves conséquences sur l’offre en cas de plafonnement des prix, l’offre mondiale reste largement supérieure à la demande. Le nouveau train de sanctions de l’Union européenne prévoit également d’interdire aux assureurs et réassureurs de couvrir le transport maritime de pétrole russe, les opérateurs devant être exemptés en cas d’accord si le pétrole est vendu à un prix inférieur ou égal au plafond hypothétique. Néanmoins, la crainte d’un manque d’approvisionnement potentiel n’inquiète pas le marché outre-mesure.

D’ailleurs, d’un point de vue plutôt positif, le gouvernement américain applaudit l’accord trouvé entre le gouvernement vénézuélien en place et l’opposition locale concernant la protection sociale dans le pays. Cet accord permettra, entre autres, de libérer les ressources bloquées à l’étranger afin de financer des projets sociaux. Même si toutes les sanctions occidentales à l’encontre du président Maduro ne sont pas levées, la reprise de l’exploitation pétrolière du pays, notamment par Chevron, devrait faire du bien au marché du brut.

Alors même que les tensions géopolitiques s’apaisent entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, la reprise d’activité au Venezuela devrait permettre d’alléger encore un peu plus les pressions côté offre. Ce qui est bon signe pour le consommateur final. Toutefois, reste à voir si la situation peut rester ainsi, l’OPEP+ observant sa rente fondre comme neige au soleil. D’ailleurs, la prochaine réunion de l’OPEP+ prévue le dimanche 4 décembre devrait nous éclairer sur la future stratégie du cartel pour maintenir les cours.

Loïc Arilaza, Analyste Pricing Team Leader
évolution prix pétrole 2022
Graphique représentant l’évolution des prix du pétrole sur l’année 2022.

Marché du charbon

Le charbon continue de remonter avec l’arrivée des températures fraîches

Pour le charbon, les courbes de court terme et de long terme s’orientent encore à la hausse cette semaine. En Europe, le vendredi 25 novembre et pour une livraison en 2023 (Rotterdam API 2 Cal 2023), la tonne de charbon se négociait à 231,98 $/t, soit une variation de +21,88 $/t en une semaine (+ 10,41 %). À court terme, le produit pour une livraison en décembre (Rotterdam API 2 Decembre 2022) gagnait quant à lui 23,95 $/t en une semaine, pour s’établir à 241,45 $/t le 25 novembre. 

En France, et plus largement dans plusieurs pays d’Europe, la demande d’électricité commence à augmenter avec l’arrivée des températures de saison. La France commence d’ailleurs à puiser dans ses stocks stratégiques de gaz naturel pour répondre à la demande. Même si ce soutirage reste pour l’heure marginal, le constat est là. La centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) a quant à elle enfin rallumé ses fourneaux ce lundi 28 novembre. À l’arrêt depuis mars 2022, la centrale a été relancée pour faire face au risque de pénurie cet hiver. Le charbon contribuera donc fortement à sécuriser les périodes de fortes consommations, comme le gaz naturel. Le prix de la tonne pourrait donc poursuivre sur cette tendance, si l’offre ne suit pas. Affaire à suivre.

évolution prix charbon 2022
Graphique représentant l’évolution du prix du charbon sur l’année 2022.

Marché du CO2

Le prix des quotas reprend des couleurs cette semaine

Le marché européen d’échange de quotas d’émission repart à la hausse. Le vendredi 25 novembre, le contrat de référence EUA Dec. 22 clôturait la semaine à 77,73 €/t, soit 5,26 €/t de plus que le vendredi précédent (+ 7,26 %). Comme l’on pouvait le présager la semaine dernière, la fête a été de courte durée. Le prix de la tonne de CO2 évolue cette semaine dans le sillage de la hausse des prix du gaz naturel et du charbon. La production d’électricité reprend avec la hausse de la demande induite pas la baisse des températures plus proches des normales de saison. Pour répondre aux pics de consommation cet hiver, il faudra faire appel aux centrales thermiques, sans quoi le risque de coupure sera accru. Ainsi, le CO2 pourrait passer à nouveau au-dessus des 80 €/t cette semaine, et s’y maintenir.

Par ailleurs, les ambitions de réductions des émissions de gaz à effet de serre au sein de l’Union européenne restent élevées. Le système doit toujours faire l’objet de réformes, mais le credo est clair : réduire les émissions et lutter efficacement contre le réchauffement climatique galopant. Le marché du CO2 est définitivement un levier majeur pour atteindre ces objectifs.

évolution prix co2 2022
Graphique représentant l’évolution du prix du co2 sur l’année 2022

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