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Marché de l’énergie : analyse de l’actualité – 21 avril 2023

actualité marché énergie avril 2023

Comme chaque semaine, découvrez l’analyse de nos experts sur l’actualité du marché de l’énergie (électricité, gaz, pétrole, charbon…) avec une clôture des prix au 21 avril 2023.

Marché de l’électricité

Bonne nouvelle : les prix de l’électricité descendent sous les 200€/MWh

Après plusieurs semaines de hausses soutenues par des craintes sur l’offre d’électricité (grèves et réacteurs nucléaires), le marché semblait se corriger timidement la semaine précédente. Le contexte énergétique semble s’améliorer et la tension sur le réseau s’apaise. Cette semaine, la courbe de long terme sur les marchés de gros de l’électricité en France semble avoir confirmé le retournement de tendance initié la semaine précédente.

On note une certaine stabilité au niveau de la demande d’électricité nationale, soit une consommation d’électricité affaiblie persistante. En effet, la courbe s’inscrit dans l’ombre de celle de la semaine précédente avec des niveaux de consommation toujours compris entre 40 et 55 GW. En parallèle, l’amélioration de la situation hydraulique couplée à une forte production d’électricité renouvelable (représentant à nouveau plus de 40% de la production totale par moment) permettent de pousser les prix à la baisse.

Les prix du contrat CAL 24 Baseload ont diminué de -16,45 €/MWh cette semaine passant enfin sous le seuil symbolique des 200 €/MWh. En effet, en clôturant ce vendredi 21 avril à 199,76 €/MWh on note une baisse significative de -7,61 % en une semaine. Les produits à très long terme suivent la même tendance, le CAL 25 Baseload et le CAL 26 Baseload ont respectivement diminué de -2,58 % et de -0,61 %.

Les prévisions nucléaires restent en deçà des espérances

La disponibilité nucléaire en France a augmenté de 1,5 GW par rapport à la semaine précédente pour atteindre 36 GW ce mercredi 19 avril. Cependant, les capacités de production nucléaire restent inférieures de 2,6 GW aux prévisions d’EDF. Globalement, la disponibilité du parc nucléaire a diminué de 0,6 GW par rapport à la moyenne de mars. On compte toujours 20 réacteurs à l’arrêt, soit plus de 40% du parc nucléaire. EDF prévoit une hausse de la capacité disponible à 40 GW pour la semaine prochaine.

Bien que les grèves continuent d’impacter les moyens de production d’électricité ainsi que les maintenances des réacteurs, les prévisions de production nucléaire restent inchangées. En effet, malgré les récentes baisses de charge, EDF a confirmé ce vendredi 21 avril son objectif de 300-330 TWh de production d’électricité nucléaire pour 2023.

Un plan d’action à venir d’ici l’été

De son côté, l’ASN appuie sur les adaptations possibles du parc nucléaire face au réchauffement climatique. Le gendarme de l’énergie nucléaire a demandé à EDF de présenter un plan d’action d’ici cet été afin de se préparer aux potentielles périodes de sécheresse et de canicule. Dans ce cadre, et après les retours d’expérience de l’été 2022, des mesures pourraient être prises concernant les limites de rejets d’eau en rivière et ainsi atténuer les baisses de charge induites.

Zoom sur le déploiement des énergies renouvelables

Avec des objectifs actualisés à la hausse concernant le déploiement des EnR (42,5% du mix-énergétique en 2030), les pays européens accentuent les moyens mis en œuvres pour les atteindre. Bien que l’éolien off-shore soit en plein « boom », la filière solaire n’est pas en reste. La France devrait lancer son plus gros appel d’offres solaire en juin (2,3 GW). Le gouvernement proposera des contrats types « Feed-in-premium » pour 1,5 GW de centrales solaires au sol et 800 MW sur bâtiment (contre 925 MW et 300 MW initialement prévus). Le SER et Enerplan ont salué ce volume record qui donne un signal encourageant pour le développement des EnR. Dans le même temps, l’UE a lancé ce mardi 18 avril son premier programme transfrontalier de soutien aux EnR avec un appel à projets photovoltaïques en Finlande.

L’intermittence des EnR reste néanmoins une contrainte dans l’intégration au réseau. La complémentarité des moyens de production renouvelables permet de compenser cette intermittence et de stabiliser le réseau. Au-delà, l’UE souhaite développer les capacités de stockage par batteries connectées au réseau. D’après le cabinet d’analyse Aurora Energy Research, l’UE devrait atteindre 42 GW de capacités de stockage à horizon 2030. Engie prévoit notamment de construire 3 projets de batteries connectées au réseau électrique belge (380 MW) qui pourraient être opérationnels en 2025.

La forte correction baissière (avec la clôture sous les 200 €/MWh) de cette semaine est encourageante et rassurante. Les tensions sur le réseau semblent s’atténuer en raison d’une forte production renouvelable et d’une demande faible. Additionnellement, l’approvisionnement confortable en GNL, les niveaux de stocks de gaz élevés et l’amélioration de la situation hydraulique apaisent le marché. L’attention reste néanmoins essentiellement concentrée sur l’offre nucléaire qui est limitée.

À court terme, avec l’amélioration des fondamentaux côté offre et la baisse de la demande, les prix pourraient continuer à suivre une tendance baissière. À long terme, les prix de l’électricité en France pour livraison cet hiver devraient rester élevés dans un contexte d’incertitude quant à l’impact des grèves et aux nouveaux problèmes de corrosion.

Tristan BAUDU, Analyste pricing

graphique électricité avril 2023

Marché du gaz

Malgré une « stabilité » des prix du gaz depuis plusieurs semaines, l’Asie pourrait à nouveau contrarier les plans européens

Les différents produits calendaires varient à la baisse cette semaine, du fait d’une sollicitation plus accrue du renouvelable et d’une baisse des prix du charbon. Cependant, le phénomène de  « montagnes russes » persiste toujours autant depuis maintenant plusieurs semaines. Les variations contraires d’une semaine à l’autre permettent de stabiliser le PEG 24 dans un corridor compris entre 45 €/MWh et 55 €/MWh environ. En comparaison avec ce que nous avions connu l’été dernier, la tendance s’est donc nettement améliorée. Les températures au-dessous des normales de saison ainsi que l’approvisionnement conséquent continuent aussi à maintenir des prix raisonnables.

De ce fait, les contrats pour une livraison en 2024 ont donc clôturé à 51,49 €/MWh le 21 avril 2023, subissant une baisse de 1,77 €/MWh sur la semaine.

La stabilité des prix du gaz ?  À nuancer…

Malgré le fait que les prix du gaz se stabilisent depuis maintenant plusieurs semaines, la volatilité est toujours présente d’une semaine à l’autre. Si nous comparons avec l’année 2021 par exemple, avant le conflit et les problèmes de corrosions sur les centrales nucléaires, le PEG 2024 avait subi une hausse de 10€/MWh seulement sur toute l’année. Aujourd’hui, nous pouvons retrouver cette même hausse sur la semaine, ce qui témoigne donc de l’instabilité du marché du gaz.

Ces fluctuations nous confirment donc que l’approvisionnement en gaz n’est toujours pas sécurisé. De plus, l’actualité thaïlandaise pourrait accentuer cette tendance pour les semaines à venir. Ce pays, comme d’autres nations asiatiques, connait actuellement une vague de chaleur record. Sachant que son mix énergétique dépend du gaz naturel pour plus de la moitié de sa production d’électricité, ce changement climatique devrait engendrer une hausse des importations de GNL, et donc accentuer les tensions sur la demande. Nous ne sommes donc pas à l’abri que le gaz suive une tendance haussière prochainement.

L’UE redouble d’effort

Comme nous l’expliquons chaque semaine, le futur proche concernant les marchés de l’énergie est toujours aussi flou. Beaucoup de facteurs sont susceptibles d’influencer l’équilibre offre/demande, sur le marché du gaz.

L’UE a donc contracté son premier appel d’offre le 25 avril, concernant un achat groupé de gaz. Plusieurs entreprises ont pu participer. L’objectif de cette mesure est de permettre à ces entreprises de bénéficier d’un prix plus attractif. Dans un second temps, cela permettra aussi d’assurer le remplissage des stockages pendant l’été.

L’approvisionnement en GNL pour l’hiver prochain pourrait se faire sans contrainte, à condition que la Norvège et les Etats-Unis continuent à augmenter leurs exportations.

Graphique gaz avril 2023

À court et moyen terme, la tendance pourrait repartir à la hausse, au vu de la hausse des températures en Asie. À plus long-terme, la tendance est toujours aussi baissière. Plusieurs nations essayent d’être autonomes et donc d’importer le moins possible. Actuellement, c’est le cas notamment de la Turquie qui lance ses premières livraisons de gaz (au sein de la mer Noire) pour atteindre l’indépendance énergétique et diversifier ses sources d’approvisionnement. Cet investissement devrait couvrir 6% de la consommation actuelle turque. Le président turc a pour ambition de répondre à 30% des besoins en gaz à plus long terme.

Yanice MEGUENNI, Analyste pricing

Marché du pétrole

Semaine à la baisse pour les prix du pétrole

Le prix du brut (BRENT, pour une livraison en juin 2023) repart cette semaine à la baisse pour clôturer à 81,66 $/barils le vendredi 21 avril, soit 4,65 $/barils de moins en une semaine (- 4,65 %).

Le marché reste orienté par les inquiétudes portées sur le niveau de la demande mondiale. Si la croissance chinoise est bien de retour, c’est essentiellement le secteur tertiaire qui tire l’économie chinoise vers le haut. Le pays affiche en effet une croissance de 4,5% sur un an au premier trimestre 2023. La croissance du secteur manufacturier reste toutefois en dessous des niveaux attendus, notamment du fait de la faible croissance des pays européens, ou des Etats-Unis. Si la récession ou la stagnation de l’économie persiste aux Etats-Unis et/ou en Europe, les usines chinoises recevront automatiquement moins de commandes à l’export, ce qui ralentira de facto la demande de carburant pour la production et le transport. L’atmosphère reste donc morose, les investisseurs sont frileux concernant l’achat de brut, et de matières premières de manière générale.

La confiance en le marché est en berne

Le marché accuse clairement un manque de confiance quant à l’avenir de la demande. Les acteurs restent en position d’attente constante de signaux, positifs ou négatifs. Les investisseurs semblent également s’attendre à de nouvelles hausses de taux d’intérêt de la part des banques centrales américaine et européenne, toujours pour combattre l’inflation. Cette information participe à l’incertitude qui habite les acteurs, et devrait peser plus encore sur la croissance économique et donc sur la demande de brut. Au Royaume-Uni, l’inflation se maintient au-dessus de 10% en mars, selon des chiffres publiés mercredi. Pour la zone euro, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, prévenait dans le même temps que même si l’inflation devrait poursuivre sa baisse, il subsiste des incertitudes considérables pour les mois à venir. Aux Etats-Unis, le marché attend également plusieurs discours de la Fed, prévus dès début mai, pour évaluer la trajectoire future des taux d’intérêt directeurs.

Globalement, les indicateurs économiques américains restent décevants. Les inscriptions au chômage ont augmenté plus que prévu, et les reventes de logements aux Etats-Unis ont baissé en mars, entre autre. Les perspectives ont visiblement été largement revues à la baisse, et restent pour l’ensemble négatives. La reprise chinoise ne permet pas non plus de tirer suffisamment les cours vers le haut. La demande de brut demeure relativement stable malgré les chiffres encourageants. Enfin, le repli constaté et confirmé du dollar n’a pour l’heure que peu d’effets significatifs sur les cours et les décisions d’achat.

Comme nous pouvons le constater, les inquiétudes portées sur la demande orientent le marché. L’incertitude reste le mot d’ordre, et les perspectives ne sont pas au niveau des attentes. Du côté de l’offre, peu de changement notable. Les réductions de production des pays de l’Opep+ ne parviennent pas à maintenir les cours, mais se poursuivent. Au sujet du redémarrage des exportations du Kurdistan vers la Turquie, un fort manque de visibilité persiste mais reste insuffisant pour insuffler un nouvel élan sur les cours. La tendance baissière pourrait donc se poursuivre, même si les variations devraient être moindres que celles constatées cette semaine.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing Team Leader

graphique pétrole avril 2023

Marché du charbon

Le prix du charbon repart à la hausse cette semaine

Cette semaine, le prix à terme de la tonne de charbon repart à la hausse en Europe. Le produit ICE Coal API2 Cal 2024 clôturait la semaine à 132,83 $/t le vendredi 21 avril, soit 8,40 $/t de plus en une semaine (+ 6,75 %). À court terme, la même tendance se retrouve, la tonne de charbon pour une livraison en mais 2023 clôturant à 135,25 $/t, soit en hausse de + 11,25 $/t sur le vendredi précédent.

Une légère tendance haussière semble pouvoir s’installer sur les marchés à terme du charbon. La chute libre constatée cet hiver avec un moindre intérêt pour cette énergie, un prix relativement faible du gaz naturel, et de bonnes conditions climatiques à la fois en termes de températures que de production renouvelable avaient permis aux cours de chuter. Le gaz naturel reste privilégié pour la production d’électricité, son prix étant à présent stable depuis la crise énergétique initiée en février 2022. Concernant le prix des quotas d’émission, son prix élevé, même si en légère baisse cette semaine, contribue à mettre de côté le charbon, quand cela est possible.

Zoom sur la demande allemande

La demande européenne reste toutefois globalement modeste, même si l’Allemagne reste un acteur majeur sur le marché. En effet, la sortie du nucléaire a un coup, et c’est en grande partie le charbon (et le climat) qui le supporte. En 2023, le charbon représente encore près d’un tiers de la production électrique allemande. Si ce pourcentage est structurellement voué à baisser, la crise énergétique actuelle a engendré une hausse de 8% l’an dernier pour compenser l’absence de gaz russe. Si plusieurs pays continuent de s’inquiéter de cette situation, dont la France, la trajectoire prise par l’Allemagne devrait laisser une part non négligeable au charbon à court terme. À long terme, le charbon devrait disparaître progressivement du paysage allemand, mais à horizon 2038 selon les prévisions actuelles.

Les cours continueront d’être orientés par le prix du gaz en Europe, et de celui des quotas CO2. Les prix pourraient remonter cette nouvelle semaine, la chute observée depuis plusieurs semaines maintenant ayant été très importante. À suivre.

Loïc ARILAZA, Analyste Pricing Team Leader

graphique charbon avril 2023

Marché des émissions

Nouvelle semaine à la baisse sur le marché du CO2

Sur le marché européen des droits à polluer, la tonne de CO2 recule encore cette semaine. Le contrat de référence ICE EUA Dec. 2023 termine ainsi la semaine à 89,72 €/t, soit en baisse de -4,12 €/t sur le vendredi précédent (- 4,39 %).

Le marché européen d’échange de quotas repart donc à la baisse, dans le même ton que la semaine précédente. La confiance macroéconomique est ébranlée, comme nous le constations sur le marché du pétrole brut en Europe, et plus largement dans le monde. Les perspectives de croissance sont très prudentes, même si pour l’heure l’inflation devrait poursuivre sa baisse dans la zone euro.

Les indicateurs financiers jouent sur le marché

Le niveau d’enthousiasme n’en reste pas moins très faible, compte tenu des indicateurs actuels. Le prix du gaz naturel reste relativement stable, et à un niveau de prix acceptable. La production industrielle reste modeste pour l’ensemble de l’Europe, qui prend le contrecoup de la lutte féroce des banques centrales contre l’inflation importante de ces derniers mois.

Par ailleurs, l’ambiance peu optimiste engendre également un désintérêt du côté des acteurs spéculatifs. La volatilité reste importante sur le marché des quotas CO2, et le manque de perspective positive permet donc d’orienter les cours à la baisse à court terme.

Globalement, une tendance baissière franche et durable ne devrait pas pour autant s’installer. Le devenir du système mène vraisemblablement vers un coût de la tonne de CO2 plutôt proche de 100 €. La volatilité devrait rester importante, mais la feuille de route de l’Union européenne reste inchangée en termes de lutte contre le changement climatique.

Graphique CO2 avril 2023

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