Cette semaine encore, nos experts vous présentent une analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date du 25 août 2023.
Marché du gaz
Cette semaine a été une fois de plus marquée par des événements agités sur les prix du gaz, principalement en raison des tensions sur les plateformes de GNL de Woodside et Chevron en Australie. En effet, les employés ont voté à l’unanimité en faveur du déclenchement d’une grève à partir du 2 septembre si leurs revendications n’étaient pas prises en compte par les entreprises Chevron et Woodside.
Après une réunion marathon de 15 heures avec les syndicats le mercredi 23 août, les négociations ont abouti à un accord de principe concernant les conditions de travail et une augmentation des salaires chez Woodside. Cependant, aucun accord n’a été trouvé chez Chevron, et il est possible que les employés déposent bientôt un préavis de grève, ce qui continue d’exacerber les risques et la volatilité sur le marché mondial du gaz.
En outre, à la suite de la signature d’un accord entre Woodside et les salariés, la forte hausse observée a été freinée en début de semaine, permettant ainsi aux prix de passer de 56 €/MWh le mardi 22 août à 51 €/MWh ce vendredi 25 août, soit une baisse de plus de 10 %. Sur l’ensemble de la semaine, la baisse est plus modérée, se limitant à -5 %.
Les débats continuent autour du terminal méthanier du Havre
En France, un troisième recours a été déposé contre le futur terminal méthanier du Havre par le parti politique EELV. Ce projet, qualifié de nocif car il risque de contaminer les eaux du Havre, a été vivement critiqué par les activistes écologistes. Ils estiment qu’il n’est pas nécessaire d’avoir plus de terminaux méthaniers flottants. La décision concernant cette demande devrait être rendue dans un délai de 4 à 6 semaines, ce qui pourrait potentiellement entraîner des complications pour la date de mise en service initialement prévue mi-septembre.
En Europe, le taux de stockage atteint 92,1 %, comparé à 87,25 % en France. Si le niveau de remplissage parvient à atteindre sa capacité maximale, cela équivaudra approximativement à 28,5 % des besoins annuels, ce qui pourrait couvrir une partie de la demande hivernale, mais ne serait pas suffisant pour l’ensemble de la période. Par conséquent, la France devra toujours dépendre du GNL, qui représente désormais les deux tiers de son approvisionnement.
C’est précisément pour cette raison que le marché du gaz, malgré des fondamentaux solides, demeure sujet à d’importantes fluctuations de prix, même lorsque des tensions se manifestent bien loin de notre continent.
Clément TUFFERY, Analyste Pricing
Enfin, en cas d’hiver clément, les prix du gaz au printemps prochain pourraient se négocier autour de 20 €/MWh sur le TTF journalier, a annoncé le directeur de recherche sur le marché gazier en Europe chez LSEG. Cependant, cette éventuelle baisse serait considérablement contenue en raison de l’instabilité actuelle et de la phase de rééquilibrage que traverse le marché gazier depuis les tensions avec la Russie.
Marché de l’électricité
La semaine précédente a enregistré une baisse légèrement supérieure à 4 % du prix de l’électricité sur le contrat à terme calendaire de 24 mois (EEX French Power Futures Cal-24), atteignant ainsi 154,94 €/MWh.
Une production record
En Europe, la production moyenne quotidienne d’électricité s’élève à 45 GW depuis le début de l’été, établissant ainsi un nouveau record. De nombreux pays poursuivent leurs projets d’installation de capacités renouvelables afin de répondre aux objectifs fixés par l’initiative « Fit for 55 » de l’Union européenne. Mercredi dernier, la Norvège a inauguré le plus grand parc éolien flottant au monde, composé de 11 éoliennes d’une capacité de 8,6 MW chacune.
Étant donné la part croissante des sources d’énergie d’origine renouvelable dans le mix énergétique mondial, ainsi que les défis liés à leur intermittence, Engie s’est fixé pour objectif de développer une capacité de stockage de 10 GW d’ici la fin de la décennie. En attendant, le groupe s’apprête à acquérir des actifs capables de stocker près de 350 MW, avec 2,5 GW supplémentaires en cours de construction, en plus des 5 GW déjà opérationnels au sein du groupe.
Les températures caniculaires de la semaine passée ont posé des problèmes pour notre parc nucléaire. En effet, des baisses de production ont été enregistrées cette semaine, bien que la France soit restée exportatrice.
L’ASN autorise une augmentation de la durée de vie des centrales
L’ASN (Agence de sûreté nucléaire) a rendu un avis sans précédent et favorable à EDF en faveur de la prolongation de la durée de vie du réacteur de Tricastin de 10 ans, à l’issue d’un quatrième réexamen périodique. Cette prolongation a été rendue possible grâce aux travaux effectués par EDF dans le cadre de son programme « Grand carénage ». L’objectif est d’étendre la durée de vie des centrales de 40 à 60 ans en attendant la mise en place des réacteurs EPR2. Ce délai permettra également d’améliorer la recherche et le développement dans le domaine du démantèlement des centrales, dont le coût est actuellement estimé à 60 milliards d’euros pour le parc de réacteurs à eau pressurisée (REP).
Marché du charbon
Dans la plupart des pays à travers le monde, le charbon et le gaz sont substituables en tant que source primaire pour la production d’électricité. Le choix de la source primaire dépend souvent des prix d’approvisionnement. Par conséquent, tout comme le gaz, le prix du charbon a connu des fluctuations cette semaine, clôturant en hausse de +1,08 %, à 128,30 $/t.
En France, les deux dernières centrales à charbon d’EDF et de GazelEnergie, situées respectivement sur les sites de Cordemais et de Saint-Avold, qui étaient initialement prévues pour être fermées au début de cette décennie, voient leur fermeture reportée jusqu’à la fin de l’année 2024. De plus, la durée de production de ces centrales sera étendue de 500 heures par an. Cette décision intervient dans un contexte énergétique actuel toujours tendu.
Marché du pétrole
Les cours du BRENT et de son homologue américain WTI ont maintenu leur stabilité tout au long de la semaine. La réduction volontaire de la production de l’OPEP+ n’a pas encore produit les effets escomptés, et la hausse des prix du pétrole reste fortement limitée en raison des faiblesses de l’économie chinoise et de l’inflation aux États-Unis. Dans ce contexte, le marché adopte une attitude attentiste et demeure dans une position d’observation.
Les experts estiment qu’en ces circonstances, l’Arabie Saoudite devrait continuer à restreindre l’offre en prolongeant ses réductions de production jusqu’à la fin du mois d’octobre 2023.
Marché du CO2
Le prix de la tonne de CO2 suit une tendance à la baisse et pourrait bientôt descendre en dessous de 80 €/t.
En effet, on observe une diminution des émissions de gaz à effet de serre de 20 % en glissement annuel au cours des six premiers mois de l’année 2023.
Enfin, le contexte actuel de la demande réduite et la hausse des projets d’installation de sources d’énergie renouvelable exercent une pression à la baisse des prix du CO2.
Marché des Garanties d’Origine (GO)
Chaque mois, l’État organise des enchères pour les Garanties d’Origine (GO) provenant de la production d’énergies renouvelables datant de trois mois. Lors de la dernière enchère le mois précédent, le prix des GO a enregistré une baisse de 11 %, passant de 5,86 € à 5,21 €, en raison d’une production plus importante dans les pays européen, ainsi qu’une baisse de la demande en été. Les volumes ont légèrement augmenté de +1,8 %.
À partir du début de l’année 2024, la Bourse européenne de l’énergie (EEX) organisera les premières enchères de Garanties d’Origine (GO) pour le biométhane. Les injections de biométhane devraient atteindre un niveau record de 10 TWh cette année, ce qui représente une augmentation de 40 % par rapport à l’année précédente. GRTgaz attribue cette hausse de volume principalement à la stabilité du prix d’achat.
Vous voulez en savoir plus ? Notre magazine les Tendances de l’Energie vous détaille chaque mois les dernières nouvelles du marché de l’énergie.