Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 8 décembre 2023.
Marché de l’électricité
Passage sous la barre des 100 €/MWh !
Cette semaine encore, les mouvements des courbes de long terme sur les marchés de gros semblent confirmer la tendance baissière initiée depuis la mi-octobre. Les baisses de prix enregistrées cette semaine s’apparentent à celles de la semaine dernière. On observe alors une forte baisse en 2 semaines : près de 20 €/MWh en moins sur le CAL 24 Baseload.
Le contrat CAL 24 Baseload accuse d’une baisse significative de –8,76 €/MWh cette semaine en clôturant ce vendredi 8 décembre à 97,79 €/MWh (soit une baisse de –8,22 % par rapport au vendredi 1er décembre). Les prix des contrats CAL 25 et CAL 26 Baseload suivent, eux aussi, la même trajectoire baissière : ils évoluent respectivement de –8,36% et de –4,27 %.
La solidité des fondamentaux du marché se confirme en cette fin d’année à l’approche de l’hiver. La chute libre des prix de l’électricité semble se perpétuer. Comme nous l’anticipions, cette semaine marque également le passage des prix de l’électricité sous la barre des 100 €/MWh ! Ce niveau de prix pour le produit CAL +1 Baseload n’avait plus été atteint depuis plus de 2 ans.
Des capacités nucléaires encore surestimées par EDF, mais qui augmentent significativement
La disponibilité du parc français a grimpé de 1,4 GW en une semaine pour atteindre 45 GW ce mardi 5 décembre, elle a augmenté de plus de 8 GW sur le mois de novembre. Néanmoins, la capacité nucléaire reste inférieure de 1,6 GW aux prévisions d’EDF. Depuis le début du mois de décembre, la disponibilité moyenne du parc nucléaire a augmenté de 2,7 GW par rapport à celle du mois de novembre. On note encore 14 réacteurs à l’arrêt début décembre, soit près de 24% du parc. La production nucléaire a grimpé de 28% en un an pour atteindre 27,5 TWh en novembre.
EDF prévoit une augmentation de la disponibilité nucléaire pour atteindre 49,5 GW la semaine prochaine. EDF prévoit de redémarrer 8 réacteurs sur la fin d’année 2023 : la disponibilité moyenne du mois de décembre devrait avoisiner les 50 GW. D’après l’électricien public, la disponibilité nucléaire pourrait dépasser les 57 GW en janvier 2024 alors qu’il prévoyait 52,6 GW pour janvier il y a une semaine. EDF a rempli près de 96% de son objectif de production annuelle de 300-330 TWh, il devrait atteindre les 320 TWh d’ici à la fin d’année. Les prévisions pour 2024 et 2025 sont respectivement comprises entre 315-345 TWh et 335-365 TWh.
Hausse des renouvelables, recul de la demande
La production d’électricité renouvelable en France a atteint des niveaux historiques. On note une production renouvelable de 13,7 TWh sur le mois de novembre, dont 6 TWh d’éolien, 6,3 TWh d’hydroélectricité et près d’1 TWh de solaire. Cela représente une augmentation significative de +38% sur un an.
Mention spéciale pour l’éolien qui bat un nouveau record de production de 17,2 GW ce samedi 9 décembre ! À ce moment-là, l’éolien représentait 24% de la production d’électricité nationale, contre une moyenne de 9% en 2022. La capacité éolienne installée en France a augmenté de 11,4% depuis mars 2023 pour atteindre 23,4 GW en septembre. La France vise une capacité installée de 33-35 GW d’éolien terrestre à horizon 2030 et 18 GW d’éolien off-shore à horizon 2035.
En parallèle, la consommation d’électricité en France a augmenté par rapport à l’année dernière : +4,8% (elle s’établit à 38 TWh). Bien qu’elle soit en hausse, elle reste tout de même inférieure de 8% à la normale de saison pour novembre. Cela s’explique notamment par les conditions météorologiques clémentes selon RTE.
Dernière enchère de capacité de l’année 2023 : gros volumes et chute des prix
Le jeudi 7 décembre a eu lieu la dernière enchère de capacité de l’année 2023 : les prix des garanties de capacité pour les années de livraison 2024 et 2025 se sont effondrés face à l’augmentation de l’offre notamment. Cette forte baisse des prix traduit de l’amélioration des capacités de production et l’équilibre du réseau à long terme.
Conclusion sur le marché de l’électricité
Après une année 2022 jugée désastreuse par EDF au regard de la disponibilité du parc nucléaire et une année 2023 transitoire entre redémarrage et baisse de prix, l’année 2024 s’annonce être totalement différente. En effet, la capacité nucléaire ne cesse de s’améliorer et les dernières prévisions d’EDF annoncent une disponibilité moyenne dépassant les 50 GW pour début 2024. L’année 2024 devrait être une version améliorée de l’année 2023 avec encore quelques redémarrages de prévus, mais une situation de départ bien plus confortable.
Les résultats de production d’électricité renouvelable du mois de novembre illustrent les efforts faits en matière de développement de la filière. Le nouveau record de production éolienne est une bonne nouvelle du point de vue de l’offre d’électricité verte et à bas coûts.
Comme nous l’anticipions, les prix de gros du marché de l’électricité sont passés sous la barre des 100 €/MWh cette semaine. Avec une offre de gaz et de nucléaire stable, les prix de l’électricité pourraient « tomber entre les mains » des conditions météorologiques. Au regard des dernières informations relatives à la situation du parc nucléaire et à la production renouvelable, nous pouvons réitérer une projection baissière sur les prochaines semaines. Les cours toucheront-ils les 90 €/MWh sur cette fin d’année ?
Marché du gaz
Une tendance baissière confirmée
La tendance baissière sur le marché du gaz se confirme en ce début décembre. Celle-ci n’est pas à négliger, étant donné qu’elle s’étend sur plus de 2 mois, ce qui permet donc de rassurer les différents acteurs énergétiques. Concernant le PEG 24 par exemple, nous restons dans la même lignée que la semaine dernière. Nous observons une baisse de 4,42€/MWh, soit un recul d’environ 10,42%.
Cela fait plus de deux ans que le CAL PEG +1 n’avait pas été aussi compétitif, ce qui est une excellente nouvelle. Nous nous rapprochons progressivement des prix de référence que nous connaissions avant la guerre russo-ukrainienne, c’est-à-dire 15€/MWh !
L’UE ne se repose pas sur ses lauriers
Malgré que les différents produits gaziers aient atteint des montants acceptables, les pays européens ne relâchent pas leurs efforts. Plusieurs mesures d’urgence qui avaient été mises en place dernièrement, devraient être prolongées afin de maintenir la stabilité des prix. C’est notamment le cas du plafonnement du prix du gaz (activé sous certaines conditions), qui devrait se poursuivre sur une année supplémentaire a minima.
À cela s’ajoute les achats conjoints de gaz. Les différents pays de l’UE devraient à nouveau mettre en commun une demande de gaz correspondant au moins 15% de leurs obligations de stockage pour l’hiver 2024-2025. Ce mécanisme permet aussi à certaines entreprises grosses consommatrices d’énergie, de pouvoir bénéficier de prix attractifs étant donné les volumes achetés plus importants.
Au sein de l’Europe, les différents ministres de l’Énergie s’accordent aussi sur une prolongation de l’octroi de permis pour les nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable. En plus de pouvoir atteindre certains objectifs environnementaux, l’énergie verte constitue un point clef dans la stabilité des prix du gaz, de par la logique du merit order. Plus celles-ci sont compétitives et disponibles au bon moment, moins nous sollicitons les centrales à gaz.
Ces différents éléments mettent donc en lumière la stratégie suivante : Garantir une offre de gaz conséquente sur le long terme afin de dépendre le moins possible des autres continents. Et promouvoir une efficacité énergétique à court terme, afin de réduire au maximum les tensions sur le marché du gaz. L’objectif final reste donc ne plus consommer de gaz russe d’ici à 2027, si l’équilibre offre/demande nous le permet.
Conclusion sur le marché du gaz
La tendance baissière qui perdure, récompense tous les efforts fournis. Le marché du gaz est toujours aussi sensible aux différentes actualités géopolitiques, mais les stocks de gaz toujours aussi bien remplis et un climat clément permettent de maintenir une certaine stabilité.
À moyen terme, sur l’année 2024, si aucun producteur de gaz ne venait à faire défaut, les prix du gaz devraient osciller en 30€ et 60€/MWh, une fourchette plutôt raisonnable. Atteindre les 15€/MWh resterait compliqué, car il faudra reconstituer les stocks de gaz dès le printemps.
En revanche, les différents analystes restent très optimistes sur le plus long-terme, étant donné tous les projets gaziers qui devraient aboutir ainsi que toutes les alternatives qui devraient voir le jour, comme par exemple, l’hydrogène.
Marché du pétrole
Cette nouvelle semaine, les cours mondiaux du brut (WTI pour le brut américain, BRENT pour le brut de la mer du Nord) s’orientent à nouveau à la baisse. Le BRENT, référence européenne pour une livraison en janvier, clôture la semaine à 71,23 $/baril le vendredi 1er décembre, soit -7,65 $/baril de moins en une semaine.