Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 8 mars 2024.
Marché de l’électricité
Léger rebond tarifaire pour les contrats électricité 2025-2027

Dans la dernière mise à jour des prix de l’énergie, nous observons une dynamique intéressante. Le contrat de base pour l’année 2025 a clôturé ce vendredi 8 mars à 77,15 €/MWh, traduisant d’une augmentation de +3,28 €/MWH par rapport à la semaine précédente. Pour les années 2026 et 2027, les contrats CAL suivent la même trajectoire haussière, dans une moindre mesure toutefois. En effet, le CAL 26 augmente de +1,44 €/MWh en une semaine en clôturant à 68,69 €/MWh. Le CAL 27 augmente quant à lui de +1,08 €/MWh en clôturant à 66,66 €/MWh.
Ces fluctuations hebdomadaires soulignent la volatilité continue du marché de l’énergie, illustrant les évolutions complexes et imprévisibles qui caractérisent l’industrie de l’électricité.
PPA et baisse des prix : quel futur pour les énergies renouvelables ?
La récente chute des prix de gros de l’électricité a posé des défis significatifs pour le marché des PPA à long terme dans le secteur des énergies renouvelables. Cette situation dissuade les producteurs de renouvelables de s’engager dans des PPA à long terme, mettant en péril la rentabilité de nombreux projets non subventionnés. Oliver Goetz d’EnBW souligne que certains projets renouvelables doivent être mis en attente en raison de cette baisse des revenus et des coûts élevés persistants. De plus, avec le contrat allemand d’électricité pour l’année suivante se négociant autour de 73 €/MWh et le contrat pour livraison dans dix ans à environ 58 €/MWh, les exploitants de renouvelables se retrouvent sous pression. La situation est similaire en Espagne, où le marché des PPA connaît un ralentissement notable, et certains contrats ont même été annulés.
La France exportatrice nette d’électricité
En février 2024, les exportations nettes d’électricité de la France ont atteint un niveau record de 7 TWh depuis huit mois, stimulées par une augmentation de la production nucléaire et renouvelable. La production totale d’électricité a grimpé à 46,5 TWh, aidée par un hiver doux qui a réduit la demande intérieure de 4,5% à 38 TWh. Cette situation a permis à la France d’accroître significativement ses exportations. La capacité de la France à exporter de l’électricité en grande quantité peut aider à pallier les déficits temporaires dans d’autres pays, réduisant ainsi la dépendance à l’énergie importée de régions géopolitiquement instables.
La capacité nucléaire en France
La disponibilité nucléaire inférieure de 13 GW par rapport aux prévisions d’EDF soulève des préoccupations importantes sur le marché de l’électricité en France. Cette baisse de disponibilité est principalement due à l’arrêt de 16 réacteurs sur les 56 que compte le parc nucléaire français, représentant 29% de ce parc et entraînant une production qui ne couvre que 59% des besoins en électricité du pays. La capacité totale arrêtée atteint 17 525 MW. Les dates de redémarrage prévues s’étalent jusqu’à août 2024, signalant une période prolongée de capacité réduite. Une réduction de la capacité nucléaire disponible peut entraîner une augmentation des prix en raison de la nécessité de recourir à des sources d’énergie plus coûteuses pour combler le déficit. En France, l’énergie nucléaire joue un rôle majeur dans la stabilisation des prix de l’électricité grâce à ses coûts de production relativement bas. La réduction de cette capacité oblige le marché à se tourner vers des sources alternatives, souvent plus onéreuses et volatiles en termes de prix, telles que les énergies fossiles ou l’importation d’électricité.
Conclusion sur le marché de l’électricité
Les prix de gros de l’électricité ont corrigé à la hausse ces deux dernières semaines. Bien que ces derniers soient venus frôler la barre des 80 €/MWh, cela ne semble pas être alarmant au regard de la forte baisse des prix précédente. Les prix de gros oscillent alors dans un corridor entre 65 €/MWh et 80 €/MWh depuis janvier.
Les niveaux limités de prélèvement de gaz dans les stocks, causés par la faible demande et une forte production d’énergie renouvelable, réduisent progressivement les risques de pénurie d’approvisionnement pour l’hiver prochain, ce qui pèse sur les marchés de l’énergie.
Avec l’anticipation d’une augmentation de la capacité renouvelable dans les années à venir et une offre de gaz abondante, les prix de l’électricité pourraient continuer de baisser. Cependant, des problèmes d’approvisionnement en gaz ou en énergie nucléaire en France, ou un temps plus froid et calme soudain, pourraient soutenir les marchés de l’énergie.
Marché du gaz
Vent de changement sur le marché : légère hausse des prix du gaz

Les dernières données sur le marché du gaz révèlent une légère augmentation des prix de clôture pour les contrats de base. Pour l’année 2025, le prix s’établit à 29,265 €/MW, avec une hausse de 0,068 €/MWh. Le contrat de base pour 2026 enregistre également une petite augmentation, s’élevant à 28,05 €/MWh, soit plus de 0,127 €/MWh. De même, 2027 montre une tendance à la hausse, avec un prix atteint 26,916 €/MWh, marqué par une augmentation de 0,159 €/MWh par rapport à la semaine dernière.
Ces chiffres indiquent des ajustements mineurs, mais notables sur le marché du gaz.
Vers l’indépendance gazière de l’Union Européenne
La décision de l’Union européenne de ne pas renouveler l’accord de transit gazier avec la Russie, qui expire à la fin de 2024, marque un tournant stratégique majeur dans la politique énergétique européenne. La commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, a souligné l’engagement de l’UE à réduire sa dépendance au gaz russe, avec l’objectif de « se débarrasser du gaz russe » d’ici 2027.
Cette démarche est soutenue par un plan visant à maintenir la demande de gaz de l’UE à 15% sous les moyennes pré-invasion de l’Ukraine. Les importations de gaz russe en Europe ont considérablement diminué, passant de 150 Gm3 en 2021 à 43 Gm3 en 2023. La recherche active de l’UE pour des alternatives au gaz russe, notamment pour les pays enclavés, suggère une augmentation de l’importance du GNL et des sources renouvelables dans le mix énergétique européen.
La transition vers d’autres fournisseurs et la réduction de la demande de gaz pourraient stabiliser ou même diminuer les prix du gaz en Europe à moyen et long terme. Cependant, cette transition pourrait également entraîner des coûts initiaux élevés pour l’infrastructure nécessaire à l’accueil des nouvelles sources d’approvisionnement, tels que les terminaux GNL et les interconnexions gazières.
Dans cette situation, l’Union Européenne envisage de continuer à réduire sa demande en gaz pour l’année prochaine, s’alignant sur des efforts antérieurs pour diminuer la dépendance au gaz russe et promouvoir la sécurité énergétique. Cette stratégie est une réponse à la volatilité accrue du marché du gaz, exacerbée par les tensions géopolitiques. La réduction de la demande de gaz est cruciale pour l’UE dans sa transition vers des sources d’énergie plus durables et pour atteindre ses objectifs de décarbonation. L’impact sur le marché du gaz inclurait probablement une stabilisation ou une diminution des prix du gaz à long terme, en réduisant la pression sur les approvisionnements et en promouvant l’utilisation d’alternatives renouvelables.
Conclusion sur le marché du gaz
A court terme, malgré la légère hausse la semaine dernière, aucun réel signal actuellement ne serait synonyme de ‘tensions » sur le marché du gaz. La fin de l’hiver accentue ce constat positif.
En revanche à moyen terme, l’offre de GNL serait susceptible de s’essouffler du fait d’une reprise progressive de l’économique asiatique. A cela s’ajouterait une demande grandissante, ce qui pourrait donc perturber à nouveau les différentes bourses gazières.