Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 17 mai 2024.
Marché de l’électricité
Vers une stabilisation progressive des prix de l’électricité
Les prix de clôture de l’électricité en France pour les contrats à terme ont montré une variation notable selon les années.
Pour l’année 2025, le prix de clôture était de 82,31 €/MWh, avec une légère baisse de 1,25 €/MWh. De plus, le contrat pour l’année 2026 a clôturé à 60,75 €/MWh, enregistrant une baisse plus significative de 2,09 €/MWh. Enfin, pour l’année 2027, le prix de clôture était de 56,98 €/MWh, avec une diminution de 1,42 €/MWh.
Ces variations montrent une tendance à la baisse des prix de l’électricité pour les années futures, avec des réductions plus prononcées pour 2026 et 2027 par rapport à 2025.
La France enregistre un record de prix négatifs en 2024
En 2024, la France est en passe de battre un record historique avec 300 heures de prix négatifs sur le marché spot de l’électricité. Ce phénomène inédit, causé par une diminution de la demande et une augmentation de l’offre d’électricité, représente un changement significatif dans le paysage énergétique du pays. Certains experts ont présenté ces perspectives lors de la conférence French Energy Day à Paris. Selon eux, la France a déjà enregistré 126 heures de prix négatifs cette année et devrait tripler ce chiffre d’ici la fin de l’année.
Pour mettre ces chiffres en perspective, la France n’avait connu que 11 heures de prix négatifs en 2018 et 64 en 2021. Les chiffres de cette année ont déjà surpassé ceux de l’Allemagne, qui a enregistré 118 heures de prix négatifs, seules l’Espagne et les Pays-Bas dépassant la France avec respectivement 127 et 128 heures.
Plusieurs facteurs clés expliquent cette hausse des prix négatifs :
- Baisse de la demande d’électricité : En 2023, la consommation d’électricité en France a chuté de 3,2 % en raison de la hausse des prix. Depuis le début de l’année, la demande reste inférieure à la moyenne de 2014-2019, avec une baisse de 8,5 % pour les quatre semaines précédant le 7 avril.
- Augmentation de la production renouvelable : La production d’énergie renouvelable en France a considérablement augmenté, passant de 110,4 TWh en 2022 à 135,6 TWh en 2023, principalement grâce à l’ajout de capacités solaires et éoliennes.
- Reprise de la production nucléaire : La production nucléaire a également contribué à cette tendance. En avril, la production nucléaire française a augmenté de 7 % par rapport à l’année précédente, atteignant 26,6 TWh, son niveau le plus élevé pour ce mois depuis 2021.
Les nouvelles directives européennes pour les enchères d’énergies renouvelables
L’Union européenne vient de franchir une étape significative dans sa course vers la transition énergétique en publiant de nouvelles recommandations sur les appels d’offres pour les énergies renouvelables. Ces directives visent à favoriser la production européenne de technologies vertes tout en atteignant des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables d’ici 2030.
La Commission européenne a récemment publié un guide adressé aux États membres, recommandant l’utilisation de critères hors prix dans les appels d’offres pour les énergies renouvelables. Ces critères incluent la qualité, la capacité à respecter les délais, et la durabilité des projets, et visent à soutenir les fabricants européens dans un marché dominé par la concurrence non-européenne. L’UE s’est fixée pour objectif de construire 300 GW d’énergie éolienne d’ici 2030 et de produire 40 % de ses besoins en technologies vertes au sein de l’Europe.
L’implémentation de ces nouvelles directives aura un impact considérable sur le marché de l’électricité en Europe. En favorisant la production locale de technologies vertes, l’UE cherche à réduire sa dépendance aux importations, ce qui pourrait stabiliser les prix de l’électricité à long terme.
De plus, en pénalisant les retards de construction et en offrant des ajustements de prix pour les développeurs, les projets d’énergie renouvelable devraient voir une amélioration de leur taux de réalisation, augmentant ainsi l’offre d’énergie renouvelable sur le marché.
Conclusion sur le marché de l’électricité
Le prix de l’électricité en France continue d’être attractif et poursuit sa baisse pour les trois principaux horizons 2025, 2026 et 2027. En effet, nous bénéficions d’une très bonne production renouvelable, principalement hydraulique, liée aux dernières intempéries. De plus, la disponibilité nucléaire reste élevée, permettant d’éviter l’utilisation couteuse des centrales à gaz et à charbons marginales. Enfin, on observe également une baisse du prix du CO2 et du charbon, ce qui permet également de réduire le coût variable de production des centrales à thermiques.
Globalement, même si la tendance baissière semble s’essouffler, les fondamentaux du marché continuent de prendre une bonne tournure, puisque la France poursuit son ambitieux projet de décarbonation de son parc électrique. Ainsi, l’EPR de Flamanville devrait pouvoir être raccordé au réseau dès cet été.
– Clément Tuffery,
Analyste Pricing chez Capitole Energie
Marché du gaz
Le marché du gaz à la hausse pour 2025-2027
Les prix de clôture du gaz en France pour les contrats à terme ont montré une tendance à la hausse pour les années futures. Pour l’année 2025, le prix de clôture était de 35,435 €/MWh, avec une augmentation de 0,826 €/MWh. Le contrat pour l’année 2026 a clôturé à 30,028 €/MWh, enregistrant une hausse plus importante de 1,139 €/MWh. Enfin, pour l’année 2027, le prix de clôture était de 27,65 €/MWh, avec une augmentation de 1,428 €/MWh.
Ces variations montrent une tendance à la hausse des prix du gaz pour les années futures, avec des augmentations plus prononcées pour 2026 et 2027 par rapport à 2025.
La stratégie de GRDF pour les gaz verts en Occitanie
Gaz Réseau Distribution France (GRDF) intensifie ses efforts pour intégrer les gaz verts dans le mix énergétique de la région Occitanie. Avec des initiatives ciblées sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’amélioration de l’efficacité énergétique, GRDF vise à transformer le paysage énergétique local.
La méthanisation est au cœur de la stratégie de GRDF. Ce processus de décomposition anaérobie des déchets organiques produit du biogaz, qui est ensuite épuré pour devenir du biométhane, un substitut direct du gaz naturel. En Occitanie, plusieurs projets de méthanisation sont déjà en place, et d’autres sont en cours de développement, comme dans les Pyrénées actuellement. En 2023, la capacité d’injection de biométhane dans le réseau GRDF devrait atteindre 12 TWh, contre 1,32 TWh en 2019.
En plus de la méthanisation, GRDF explore la pyrogazéification, qui convertit les déchets solides en gaz de synthèse, et le Power-to-Gas, qui transforme l’électricité excédentaire en hydrogène ou en méthane de synthèse. Ces technologies sont essentielles pour maximiser l’utilisation des ressources renouvelables et équilibrer le réseau énergétique.
L’impact de ces initiatives sur le marché du gaz en France est significatif. En augmentant la part des gaz renouvelables, GRDF contribue à la décarbonisation du secteur énergétique. Selon l’ADEME, il est possible de répondre entièrement aux besoins en gaz de la France avec des gaz verts d’ici 2050.
Cela nécessite un changement massif vers les technologies de production de biométhane et autres gaz renouvelables, ce qui pourrait également stimuler l’économie locale en créant de nouveaux emplois et en valorisant les déchets.
Conclusion sur le marché du gaz
Malgré le fait que les prix du gaz soient plutôt stables depuis maintenant plusieurs mois, les différentes instances européennes ne se reposent pas pour autant sur leurs lauriers. La volonté de trouver des alternatives plus respectueuses de l’environnement, est toujours aussi présente. Cette vision plutôt long-terme, reste la meilleure initiative pour l’instant, qui nous permettrait d’assurer une certaine sérénité sur le marché du gaz.
– Yanice Meguenni,
Analyste Pricing chez Capitole Energie