Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 21 juin 2024.
Marché de l’électricité
Le CAL-25 finalise sa phase de correction

Au cours de la semaine dernière, les prix de clôture de l’électricité en France ont tous affiché des évolutions distinctes selon les horizons.
Pour l’année 2025, le prix de l’électricité a chuté de 2,07 €/MWh soit une baisse de 2,96 %. Le tarif pour 2026 a quant à lui stabilisé avec une légère augmentation de 0,47 €/MWh soit 0,77%. En 2027, le prix de clôture a augmenté de 1,58 €/MWh soit 2,73 %.
Le CAL-25 semble finaliser sa phase de correction, une phase plutôt prononcée, tout en montrant une stabilité relative pour les échéances plus éloignées.
Pannes d’électricité de grande envergure dans les Balkans
Vendredi 21 juin, des pannes d’électricité de grande envergure ont frappé l’ouest des Balkans. Le Monténégro, la Croatie, la Bosnie et l’Albanie ont tous été touchés, entraînant des coupures de courant dans des régions étendues.
Les températures élevées ont joué un rôle crucial dans ces pannes. À Podgorica, la capitale du Monténégro, les températures ont atteint 38 degrés vendredi après-midi. Cette chaleur intense a entraîné une augmentation soudaine de la consommation d’électricité, exerçant une pression énorme sur le réseau électrique et provoquant des coupures.
En Croatie, de vastes étendues du littoral, en particulier dans la région sud de la Dalmatie, ont été privées d’électricité. La compagnie nationale d’électricité croate (HEP) a déclaré que ces pannes étaient dues à des perturbations internationales qui ont affecté plusieurs pays.
Pour remédier à cette situation, HEP a mobilisé toutes ses capacités de production pour rétablir l’approvisionnement en électricité le plus rapidement possible. De même, en Bosnie, la capitale Sarajevo a été privée d’électricité, et les autorités suspectent une surcharge de consommation comme cause principale.
Conclusion sur le marché de l’électricité
En France, Engie fait face à des défis économiques et politiques. La montée des partis tels que le Rassemblement National en France crée des incertitudes sur l’avenir des énergies renouvelables. Cette instabilité, combinée à la faiblesse des prix du gaz et aux rumeurs de taxation des superprofits, a affecté la valorisation boursière d’Engie.
Au sud de l’Europe, l’Espagne tire avantage de ses prix bas, soutenus par une forte production d’énergies renouvelables, attirant ainsi des industries en quête de coûts réduits. Des entreprises européennes envisagent de se délocaliser vers l’Espagne, malgré la concurrence de pays comme la Norvège où l’énergie est aussi bon marché.
Plus au nord, le ministre Norvégien de l’Énergie, Terje Aasland, critique ouvertement l’Allemagne qui a dû ordonner l’arrêt de la production d’électricité dans certaines situations en raison d’un manque de capacité de son réseau interne. Dans la foulée, les régulateurs européens ont demandé de revoir la configuration du réseau Allemand, bien que cette proposition soit controversée elle révèle les tensions en Europe.
L’alerte est lancée également par le ministre italien de l’Énergie, Gilberto Pichetto Fratin, qui souligne la nécessité de renforcer les réseaux européens en doublant les investissements pour éviter les goulots d’étranglement. Les limites de notre réseau actuel seront testées, c’est une chose certaine, surtout lorsqu’on envisage une demande d’électricité en Europe qui est prévue de croître de 60 % d’ici 2030.
– Helder Faria Rubio,
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
Marché du gaz
Une tendance haussière imperturbable à court terme

Sur le marché gazier, la semaine dernière a été marquée par une consolidation du marché sans impacter la tendance haussière observée à très court terme.
Pour l’année 2025, le prix du gaz se fixe à 36,866 €/MWh, marquant une augmentation de
0,20 % par rapport à la semaine précédente. Pour l’année 2026, le prix s’établit à
32,508 €/MWh, avec une hausse de 1,22 %. Enfin, pour l’année 2027, le prix du gaz est de 28,488 €/MWh, enregistrant une augmentation de 1,40 %.
Russie, cible des nouvelles sanctions EU
Interdiction du transbordement de GNL
Le 14e paquet de sanctions de l’UE veut interdire la Russie d’utiliser les ports européens pour le transbordement de son gaz naturel liquéfié (GNL) destiné aux marchés non européens, dans le but de limiter les revenus russes utilisés pour financer la guerre en Ukraine.
Adoption formelle des sanctions
Les sanctions seront adoptées cette semaine formellement sans débat supplémentaire lors du conseil des ministres des affaires étrangères de l’UE, avec des détails complets à publier par la suite.
Contrats de transbordement actuels
La Belgique et d’autres pays ayant des contrats à long terme avec des installations russes pour le transbordement de GNL, notamment Fluxys avec Yamal LNG, TotalEnergies, et Shell, devront s’adapter aux nouvelles sanctions.
Renforcement des sanctions existantes
Le paquet de sanctions vise à resserrer les restrictions existantes, empêchant davantage la Russie d’accéder aux technologies et réduisant ses revenus énergétiques. Il inclut des mesures contre les cargos « fantômes » et le système de transactions financières SPFS de la Russie.
Réactions et négociations
Les sanctions ont été approuvées après des semaines de négociations, notamment face aux réticences de certains États membres comme l’Allemagne. Un compromis a été atteint pour renforcer le suivi des biens commerciaux et empêcher leur réexportation vers la Russie via des pays tiers.
Conclusion sur le marché du gaz
Pression accrue sur les importations russes
Une commission d’enquête sénatoriale a exhorté mercredi dernier le gouvernement français de cesser les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe pour ne pas financer l’effort de guerre russe et d’arrêter tous les nouveaux projets pétroliers en Azerbaïdjan pour éviter de financer la guerre contre l’Arménie.
Additionnellement et bien que la commission n’ait pas accusé Total Energies directement, elle a souligné que l’entreprise devait intensifier ses efforts pour la transition énergétique. Rappelons que Total Energies est critiquée pour ne pas être alignée sur l’Accord de Paris et pour son ambition d’augmenter la production de gaz et de pétrole.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
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Un été de contrastes énergétiques et climatiques
Cette semaine a été riche en événements marquants, notamment dans le domaine énergétique et climatique, dessinant un tableau contrasté entre différentes régions du monde.
En Europe, les prévisions météorologiques apaisent les craintes d’une demande électrique excessive. Selon les experts d’Atmospheric G2 (AG2), les températures particulièrement chaudes ne devraient faire leur apparition qu’à la fin de l’été, réduisant ainsi les risques de vagues de chaleur perturbatrices avant la mi-juillet. La situation reste sous contrôle, même si l’été devrait être plus chaud et plus ensoleillé que la normale, surtout à l’est du continent. Les centrales hydroélectriques des Alpes peuvent souffler, elles continueront d’assurer un débit fluvial sain jusqu’à la mi-juillet grâce à l’abondance de neige encore présente à haute altitude.
En revanche, la Chine tire parti des précipitations abondantes de ce printemps pour booster sa production hydroélectrique, réduisant ainsi sa dépendance au charbon. Avec une production record de 115 milliards de kilowattheures en mai, la Chine se positionne comme un leader de l’énergie renouvelable. Cette montée en puissance des énergies vertes s’accompagne d’une diminution notable de la production d’énergie thermique, principalement à base de charbon, contribuant ainsi à la réduction des émissions de dioxyde de carbone. Une avancée notable vers l’objectif de pic d’émissions avant 2030.
Cependant, de l’autre côté du Pacifique, les États-Unis sont en proie à une vague de chaleur record. Des températures inédites frappent le centre et le nord-est du pays, obligeant les autorités à émettre des avertissements de chaleur excessive pour 80 millions de personnes. Cette vague de chaleur, plus précoce que d’habitude, a des allures de défi mortel, rappelant l’importance cruciale des mesures de prévention et de solidarité communautaire.
L’Inde, quant à elle, affronte une canicule exceptionnelle depuis mi-mai, poussant la demande d’électricité à des niveaux records. La dépendance au charbon reste forte, et malgré les efforts pour importer de l’électricité et maintenir l’approvisionnement, des pannes localisées persistent, exacerbant les conditions de vie déjà éprouvantes par la chaleur et la pénurie d’eau à New Delhi. Ce phénomène extrême souligne les défis de la transition énergétique dans un pays où le charbon reste une pierre angulaire de l’approvisionnement électrique.
Sur le front géopolitique, la situation reste tendue. En Ukraine, les infrastructures énergétiques continuent d’être ciblées par les attaques russes, mettant en péril l’approvisionnement en électricité et le quotidien des Ukrainiens. Cette stratégie de destruction systématique aggrave encore la crise énergétique du pays, déjà fragilisé par des mois de conflits.
Enfin, le Moyen-Orient n’est pas en reste avec la montée des tensions entre Israël et le Hezbollah au Liban. Les échanges de tirs et de raids aériens se multiplient, faisant craindre une nouvelle escalade du conflit dans une région déjà hautement instable. Les efforts diplomatiques se poursuivent pour tenter de désamorcer cette situation explosive, mais le chemin vers la paix semble encore semé d’embûches.
En somme, cette semaine a mis en lumière les enjeux cruciaux liés à l’énergie et au climat, tout en rappelant les fragilités géopolitiques persistantes. Entre records de chaleur, augmentations de la production d’énergie renouvelable et tensions internationales, le monde navigue entre espoir et incertitude, en quête d’un équilibre durable.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie