Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 05 juillet 2024.
Marché de l’électricité
Le marché de l’électricité entre hésitation et stabilité
La semaine dernière a été caractérisée par une baisse générale des prix de l’ordre de 1% à 3% observée vendredi. Cette correction légère fait à la suite d’une hausse marquée observée en semaine 26.
Le contrat à terme CAL-25 a montré des signes d’hésitation, fluctuant autour de 75€/MWh. Les acheteurs ont manqué d’enthousiasme la semaine dernière, ce qui pourrait expliquer cette stabilité relative et le manque de direction claire des prix. Malgré cette hésitation, la prime de risque associée au CAL-25 est jugée normale, ce qui indique une perception de stabilité des risques sur ce contrat à moyen terme.
Le contrat CAL-26 a montré une constance remarquable, se maintenant dans une fourchette de 60€/MWh à 65€/MWh depuis la mi-avril. Enfin, le contrat CAL-27 semble vouloir revenir vers son bandeau de prix compris entre 55€/MWh et 60€/MWh. Cette tendance pourrait refléter des anticipations de baisse des prix à plus long terme.
EDF abandonne son projet de petits réacteurs nucléaires (PRM)
Le géant français de l’énergie a modifié ses plans pour son projet phare, le petit réacteur nucléaire Nuward.
Initialement prévu comme une solution prometteuse pour une énergie nucléaire plus flexible et modulaire, le Nuward a subi un ajustement de cap qui soulève des questions sur la viabilité et les risques des petits réacteurs modulaires (SMR).
Selon un rapport de Connaissances des Énergies, EDF réévalue sa stratégie après avoir identifié des défis technologiques et économiques plus importants que prévu.
Ce changement de cap intervient alors que la concurrence mondiale pour développer des SMR fiables et rentables s’intensifie.
D’autres experts, comme ceux cités par Montel News, voient dans cette décision un signe des risques inhérents à miser sur une technologie encore en développement. Les coûts élevés et les incertitudes réglementaires pèsent lourdement sur ces projets avant-gardistes.
En somme, cette révision des plans d’EDF reflète les complexités et les défis du secteur nucléaire moderne.
La course aux SMR continue, mais avec une prudence accrue face aux réalités économiques et technologiques. Une chose est sûre, l’avenir de l’énergie reste un terrain de jeu passionnant et imprévisible.
L’analyse électricité de notre expert
Records, retards et répercussions
Cette semaine, l’actualité énergétique et économique mondiale nous réserve quelques surprises. En France, les élections ont vu le parti d’extrême droite remporter le premier tour, un événement qui pourrait avoir des répercussions sur les politiques énergétiques futures.
Pendant ce temps, en Allemagne, les énergies renouvelables ont établi un nouveau record, couvrant 58% de la demande énergétique du premier semestre. Une avancée majeure pour la transition verte du pays en sachant que la consommation énergétique devrait augmenter de plus de 60% d’ici 2037, selon les gestionnaires de réseau. Une hausse impressionnante qui soulève des questions sur la durabilité et l’efficacité énergétique futures. De plus, les gestionnaires de réseau électrique européens sont encore loin d’atteindre l’objectif de 70% de capacité commerciale, souligne l’ACER.
Du côté des pays nordiques, la production nucléaire a atteint entre 78 et 81 MW lundi dernier, illustrant une stabilité dans leur approvisionnement énergétique. Cependant, l’Europe du Sud-Est fait face à des défis avec des vagues de chaleur et des problèmes d’approvisionnement qui ont causé une déconnexion des prix spot.
Sur le front nucléaire, trois incidents à l’EPR de Flamanville en France ont été signalés, heureusement sans conséquence pour les personnes ou l’environnement. Cependant, le projet de fusion nucléaire ITER enregistre au moins huit ans de retard et des surcoûts de plusieurs milliards d’euros, rappelant les défis considérables de cette technologie prometteuse.
– Helder FARIA RUBIO,
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
Marché du gaz
Hésitation et stagnation sur le marché du gaz
La semaine dernière, le marché du gaz a été caractérisé par une stabilité très marquée, avec des variations inférieures à 1% sur tous les horizons. En semaine 26, les variations étaient également très faibles, ne dépassant pas les 2%.
Cette stabilité résulte d’une bataille féroce entre les acheteurs et les vendeurs, aboutissant à un marché hésitant qui stagne.
Le contrat à terme CAL-25 reste stagnant, sans évolution significative des prix. De même, le CAL-26 se maintient au-dessus des 32€/MWh après deux tentatives infructueuses en avril et en mai. Le CAL-27 montre une tendance similaire, se maintenant au-dessus des 28€/MWh depuis la mi-juin.
Cette stabilité générale reflète une situation de marché où les forces d’achat et de vente sont en équilibre, empêchant toute variation marquée des prix.
La chute des importations de GNL en Europe
Le monde de l’énergie observe une baisse notable des importations de GNL en Europe et en Turquie, marquant un recul de plus de 8 % à environ 2,13 milliards de mètres cubes.
Selon les données de suivi des navires de Kpler, les importations pourraient atteindre leur plus bas niveau depuis octobre 2021, avec une prévision de seulement 1,77 milliard de mètres cubes cette semaine.
Les importations de GNL en juin ont déjà chuté de 6,5 % par rapport à mai, affectant particulièrement le Royaume-Uni, la France et l’Italie.
Malgré cette baisse, les stocks de GNL en Europe sont restés stables à 56 % de leur capacité, tandis que les réserves totales de gaz atteignent 77 %, en ligne avec l’objectif de l’UE de 90 % d’ici novembre.
Cette dépendance accrue au GNL fait suite à la réduction des approvisionnements russes par gazoduc due au conflit en Ukraine. La Norvège est désormais le principal fournisseur européen par gazoducs, un rôle crucial face à la concurrence asiatique pour le GNL.
Les prix de référence du GNL en Asie ont atteint 12,64 USD/MMbtu, en légère hausse, tandis que le contrat européen TTF s’est établi à 34,48 EUR/MWh, reflétant les tensions sur l’approvisionnement et la demande de refroidissement en Asie.
L’analyse par notre expert du marché gaz
Défis et perturbations pour le gaz européen
Cette semaine, le marché énergétique européen a été marqué par une série d’événements notables. En Espagne, l’utilisation du gaz a chuté de 19 % en juin, reflétant une tendance à la baisse conforme aux efforts de transition énergétique du pays. Cette réduction significative s’inscrit dans un contexte plus large de réévaluation des sources d’énergie dans toute l’Europe.
Pendant ce temps, le marché allemand du gaz a maintenu une stabilité remarquable, les échanges restant plats dans un marché équilibré. Cette constance est un signe de maturité pour le marché allemand, qui continue de jouer un rôle central dans l’approvisionnement énergétique régional.
Aux États-Unis, bien que les risques de tempête n’aient pas affecté les installations de GNL, l’ouragan récent a rappelé les vulnérabilités potentielles du secteur énergétique mondial aux événements météorologiques extrêmes.
Enfin, en Norvège, une interruption à Oseberg a réduit les flux de gaz de 7,5 millions de mètres cubes par jour, mettant en évidence la dépendance continue de l’Europe à l’égard des approvisionnements norvégiens.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
Recevoir l’Hebdo de l’Énergie
Politiques et objectifs : semaine cruciale pour l’énergie
Cette semaine a été marquée par des développements significatifs dans le monde de l’énergie et de l’économie mondiale, avec des changements notables en Europe et en Asie ainsi que des fluctuations sur les marchés mondiaux des matières premières.
En Italie, une mise à jour ambitieuse de la feuille de route énergétique a captivé l’attention. Le pays a décidé d’augmenter ses objectifs en matière d’énergie éolienne et nucléaire, visant à renforcer son mix énergétique tout en réduisant sa dépendance aux combustibles fossiles. Cette décision illustre un engagement accru envers la transition énergétique et devrait stimuler l’innovation dans les technologies propres en Italie.
Pendant ce temps, sur les marchés pétroliers mondiaux, les prix du pétrole ont connu une légère baisse après quatre semaines consécutives de gains. Malgré cette correction, les fondamentaux du marché restent solides, alimentés par une demande soutenue et des tensions géopolitiques persistantes. Cela souligne la volatilité continue des prix du pétrole dans un contexte économique mondial incertain.
Dans le domaine du charbon, les perspectives restent moroses avec une demande faible maintenue à proximité de niveaux bas sur deux mois. Cela reflète une tendance mondiale vers des alternatives plus propres et une réduction de l’empreinte carbone, amplifiée par des développements récents en Asie où la dépendance au charbon a augmenté aux Philippines et en Indonésie selon un rapport récent.
Sur le front financier, les investisseurs ont marqué une position nette courte élevée sur le carbone, atteignant des sommets de trois mois. Cette dynamique montre une sensibilité croissante aux risques liés au carbone et une anticipation des réglementations futures sur les émissions.
En politique, le Royaume-Uni a fait une déclaration forte en élisant un gouvernement travailliste et en promettant d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2030. Cette victoire électorale met en lumière les priorités croissantes des électeurs pour des politiques environnementales ambitieuses.
En conclusion, cette semaine a été marquée par des avancées significatives vers une transition énergétique durable, des ajustements importants sur les marchés mondiaux des matières premières, et des engagements politiques clairs en faveur de la lutte contre le changement climatique. Ces développements promettent de remodeler progressivement le paysage énergétique mondial dans les mois et années à venir.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie