Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 12 juillet 2024.
Marché de l’électricité
Le marché de l’électricité toujours entre hésitation et stabilité
La semaine dernière a été marquée par une hausse générale des prix sur les trois calendriers de l’électricité, avec des augmentations respectives de 1,4% pour le CAL-25, 4% pour le CAL-26 et 3,5% pour le CAL-27.
Le CAL-25 continue de fluctuer autour du niveau des 75€/MWh sans réussir à clôturer au-dessus de ce seuil, malgré une augmentation des positions acheteuses sur le marché. La prime de risque associée à ce contrat reste à des niveaux jugés normaux, indiquant une perception stable des risques.
Le contrat CAL-26 a clôturé pour la quatrième fois au-dessus des 65€/MWh, montrant une consolidation de sa position au-dessus de cette barre clé. De son côté, le CAL-27 se rapproche progressivement des 65€/MWh, signalant une dynamique haussière similaire. Ces deux calendriers, le CAL-26 et le CAL-27, s’éloignent doucement de leur zone de support.
L’Europe du Sud-Est fait face à une canicule intense
Les Hongrois sont à leur 3ᵉ canicule cette année soit déjà 5 semaines cumulées depuis le 1ᵉʳ juin. Les prix de l’électricité à court terme ont atteint des niveaux historiques en raison des fortes températures, de la réduction de la production hydroélectrique et des interruptions transfrontalières.
La demande en électricité pour la climatisation a atteint des niveaux record, dépassant les capacités de l’offre. Cette situation met en lumière la fragilité des infrastructures énergétiques face aux événements climatiques extrêmes et souligne l’urgence de renforcer la résilience énergétique.
La production d’hydroélectricité est en baisse significative, ce qui aggrave la situation. En outre, des interruptions dans les flux transfrontaliers d’électricité ont exacerbé la pénurie, créant un environnement de marché tendu.
Les autorités et les fournisseurs d’énergie sont appelés à trouver des solutions rapides pour stabiliser le marché et assurer une fourniture continue en cette période critique.
L’une des principales préoccupations est la durabilité à long terme des infrastructures énergétiques face à des conditions climatiques extrêmes de plus en plus fréquentes. L’accent est mis sur la nécessité d’investir dans des sources d’énergie renouvelable et des technologies de stockage pour renforcer la résilience du réseau électrique et atténuer les impacts de telles crises à l’avenir.
L’analyse électricité de notre expert
L’Allemagne reporte, la Pologne persiste
Cette semaine, les défis énergétiques se multiplient en Europe. En France, l’EPR de Flamanville reste embourbé dans des retards et des surcoûts, bien que la production nucléaire ait atteint des records en juin, offrant une bouffée d’air à EDF face aux pressions des industriels énergivores. La saga du nucléaire se poursuit également avec ITER, confronté à de nouveaux dépassements budgétaires et délais, mettant en question la viabilité de cette technologie.
En Allemagne, le report des nouvelles unités à gaz à 2030 souligne les difficultés d’une transition énergétique rapide, tandis que la Pologne cherche des financements européens pour soutenir ses exportations de charbon vers l’Ukraine, révélant une dépendance persistante aux énergies fossiles.
Le secteur technologique n’est pas épargné, avec une explosion des centres de données en Europe qui exerce une pression croissante sur les capacités des réseaux électriques. Cette tendance alerte sur la nécessité de renforcer les infrastructures pour éviter des surcharges et des interruptions de service.
Le marché de l’électricité traverse également une période d’incertitude. L’interrogation sur les délais post-découplage du marché EPEX SPOT et la fin de l’accord entre EEX et Nasdaq, qui pourrait affecter les activités de trading d’Uniper, illustrent les défis de la régulation et de la stabilité des marchés.
Ces éléments révèlent une industrie en pleine transformation, où les ambitions de transition énergétique se heurtent à des réalités économiques et technologiques complexes.
– Helder FARIA RUBIO,
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
Marché du gaz
Le marché du gaz sur le point de basculer
La semaine dernière a marqué un tournant sur le marché du gaz en particulier sur le contrat à terme CAL-25. Après trois semaines de consolidation, le CAL-25 a amorcé une correction significative, enregistrant une baisse de près de -6% avant de se stabiliser à -2,3%. Ce mouvement baissier contraste fortement avec la tendance haussière générale observée entre le 15 février et le 15 juin, période durant laquelle les prix avaient connu une progression soutenue.
Cette correction du CAL-25 indique un changement dans la dynamique du marché qui n’a pas réussi à percer le niveau des 38€/MWh à plusieurs reprises.
En parallèle, les contrats à terme CAL-26 et CAL-27 montrent des signes de stabilité. Le CAL-26 se maintient au-dessus de 32€/MWh, tandis que le CAL-27 reste au-dessus de 28€/MWh. Cette stabilité relative contraste avec la volatilité récente du CAL-25 et suggère que, malgré les corrections observées sur le CAL-25, les investisseurs perçoivent encore une certaine solidité et prévisibilité dans les horizons plus éloignés.
La dépendance énergétique persistante de l’Europe à l’égard de la Russie
Les exportations de GNL russe vers l’Europe ont atteint leur plus haut niveau depuis six mois, soulignant la dépendance énergétique persistante de l’Europe à l’égard de la Russie, malgré les tensions croissantes entre les deux blocs.
Cette hausse intervient dans un contexte de relations tendues entre l’Europe et la Russie, exacerbées par des conflits politiques et économiques. Les sanctions précédentes n’ont pas suffi à réduire de manière significative les importations européennes de GNL russe.
L’Union européenne prévoit de nouvelles sanctions pour réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Ces mesures pourraient inclure des restrictions supplémentaires sur les importations de GNL, forçant l’Europe à diversifier ses sources d’énergie et à accélérer sa transition vers les énergies renouvelables.
La situation actuelle souligne les défis complexes auxquels sont confrontés les pays européens. Réduire la dépendance au gaz russe implique non seulement des considérations économiques, mais aussi des impératifs stratégiques de sécurité énergétique. La transition énergétique vers des sources plus durables et locales est plus pressante que jamais.
Les prochains mois seront cruciaux pour observer comment l’Europe s’adapte et réagit face à ces défis énergétiques et géopolitiques.
L’analyse par notre expert du marché gaz
Tensions et fluctuations sur le marché énergétique
Tout d’abord, aux États-Unis, Freeport LNG a suspendu semaine dernière ses opérations en raison de l’approche d’un ouragan majeur, illustrant une fois de plus la vulnérabilité des infrastructures énergétiques face aux catastrophes naturelles.
Parallèlement, les prix du gaz ont chuté à leur plus bas niveau en sept semaines, alimentés par une offre abondante. Cette situation est en contraste avec les préoccupations persistantes en Europe, où l’Autriche a récemment formé une commission pour réexaminer les contrats de gaz avec la Russie, cherchant à sécuriser ses approvisionnements dans un contexte géopolitique tendu.
En Europe, les prévisions pour l’hiver annoncent une demande élevée de gaz, avec l’Allemagne confrontée à une réduction potentielle de 4 térawattheures, ce qui souligne l’importance cruciale de la préparation des infrastructures et des politiques énergétiques nationales pour éviter toute crise d’approvisionnement.
Enfin, en Norvège, une panne sur la plateforme Asgard a réduit les flux de gaz de 7,5 millions de mètres cubes, mettant en lumière les défis opérationnels auxquels sont confrontés les producteurs et transporteurs d’énergie même dans des régions réputées pour leur fiabilité.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
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Un monde énergétique en ébullition
La semaine dernière a été marquée par une série d’événements économiques et politiques significatifs, tant en France qu’à l’international, influençant profondément les marchés et les politiques énergétiques.
En France, les résultats des élections ont offert un répit temporaire aux observateurs politiques. Cependant, malgré ce soulagement, le chemin vers une politique énergétique claire reste semé d’embûches. Les électeurs ont clairement exprimé leur préoccupation croissante concernant l’urgence climatique, renforçant ainsi la pression sur les décideurs pour des actions plus ambitieuses en matière de transition énergétique.
Outre-Manche, l’annonce du gouvernement travailliste mettant fin à l’interdiction de facto des parcs éoliens terrestres marque un tournant significatif. Cette décision vise à diversifier le mix énergétique britannique, réduire la dépendance aux énergies fossiles et répondre aux objectifs ambitieux de réduction des émissions de carbone fixés pour les prochaines décennies.
En Italie, les discussions sur la protection du secteur de l’hydroélectricité contre les acquisitions étrangères illustrent les préoccupations croissantes en Europe concernant la sécurité énergétique nationale et la souveraineté économique. Les politiques visant à protéger les actifs stratégiques nationaux deviennent de plus en plus courantes dans un contexte de mondialisation économique.
Sur le front des matières premières, les prix du pétrole ont rebondi après la publication de données américaines montrant une baisse des stocks, signalant une demande robuste malgré les incertitudes géopolitiques persistantes.
En revanche, le marché du charbon a connu une période difficile avec une chute des importations en Europe, reflétant une demande affaiblie en raison de la transition vers des sources d’énergie plus propres.
Enfin, les investisseurs spéculatifs ont ajusté leurs positions sur le marché du carbone, réduisant leurs positions nettes courtes. Cette adaptation reflète une prudence accrue après les récentes volatilités des prix sur les marchés européens du carbone, essentiels pour atteindre les objectifs climatiques de l’Union européenne.
Dans l’ensemble, cette deuxième semaine de juillet a souligné l’importance croissante des politiques énergétiques nationales dans un contexte de transition vers une économie bas-carbone. Les décisions prises aujourd’hui auront un impact durable sur la sécurité énergétique, l’environnement et la compétitivité économique à l’échelle mondiale.
Restez à l’écoute pour plus d’analyses approfondies et de développements la semaine prochaine.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie