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Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 8 novembre 2024

Un gros plan sur une ampoule présente du texte superposé, plongeant dans l'actualité du marché de l'énergie au 8 novembre 2024, explorant les évolutions récentes dans les secteurs du gaz et de l'électricité.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 08 novembre 2024.

Marché de l’électricité

L’Europe entre dépendance au gaz américain et blocage russe

Graphique linéaire montrant les prix de l'électricité de base en €/MWh de décembre à décembre. Quatre lignes représentent différentes années de contrat (2025-2028). Les prix et les tendances varient sur la période.

Le marché européen du gaz naturel connaît une pression sans précédent, marqué par une demande plus forte avec la baisse saisonnière des températures. Si les réserves européennes de gaz atteignent un taux de remplissage de 93,6 %, celles de GNL sont en chute à 47 %, laissant planer des doutes quant à la résilience des stocks en cas de vague de froid. L’offensive russe en Ukraine autour de nœuds gaziers, compromet le transit du gaz, alimentant l’incertitude européenne.

Simultanément, le conflit israélo-iranien fait craindre des interruptions dans l’approvisionnement mondial, alors que les États-Unis pourraient accroître leurs exportations de GNL pour compenser le recul des importations russes. Une opportunité pour Washington, d’autant que le tarif transatlantique du transport GNL diminue drastiquement, facilitant les flux vers l’Europe malgré un contexte géopolitique crispé. Par ailleurs, le recul de la demande asiatique de GNL, avec des réserves élevées et une météo clémente, accentue l’offre pour l’Europe, mais sans garantie de stabilisation des prix.

À la une

Crise politique en Allemagne : l’avenir énergétique en suspens

L’Allemagne traverse une crise politique majeure avec l’effondrement de la coalition tripartite dirigée par le chancelier Olaf Scholz.

Ce séisme politique a éclaté suite au limogeage du ministre des Finances, Christian Lindner, en raison de profondes divergences budgétaires. Cette rupture vient bouleverser un calendrier déjà serré de réformes énergétiques cruciales, notamment le soutien aux centrales à cogénération et le lancement d’un appel d’offres pour des centrales au gaz capables d’évoluer vers l’hydrogène.

Avec ce nouveau gouvernement minoritaire, Scholz n’a d’autre choix que de négocier avec l’opposition de centre-droit pour débloquer des sujets clés jusqu’aux élections anticipées, potentiellement prévues pour mars 2024. Les parlementaires espèrent encore finaliser certains projets avant la trêve de Noël, mais le risque d’un blocage reste élevé.

L’Europe s’inquiète de l’impact de cette paralysie sur les efforts d’alignement de l’offre énergétique avec les ambitions climatiques, notamment la sortie progressive du charbon d’ici 2030, initialement promue par la coalition.

Sur le front économique, cette instabilité complique la reprise. L’Allemagne souffre de deux années de stagnation, sous la pression des prix de l’énergie exacerbée par la guerre en Ukraine. Les industriels appellent à des élections anticipées, en espérant rétablir un gouvernement fort et capable de soutenir la transition énergétique.

Le ministère de l’Économie assure que l’approvisionnement reste sous contrôle, grâce aux importations et aux ressources internes, mais la feuille de route énergétique demeure floue.

 

Les tendances électricité de la semaine par notre expert

Coopération et résilience au service de la transition écologique

La politique énergétique européenne s’est une nouvelle fois invitée sur le devant de la scène avec des enjeux cruciaux pour l’avenir du continent. Réunis à Bruxelles, les ministres des Finances de l’UE ont convenu que le développement de liaisons électriques transfrontalières était essentiel pour stabiliser les prix de l’énergie, renforcer la compétitivité et attirer les investissements. En connectant plus efficacement les sources d’énergie renouvelables aux zones à forte demande, ils espèrent limiter les besoins en subventions publiques et réduire la pression budgétaire. Cette stratégie vise à créer un marché européen de l’électricité intégré, stimulant ainsi la transition vers une économie verte, portée par une production renouvelable à moindre coût.

Pendant ce temps, l’Allemagne fait face à un défi de taille avec une production éolienne au plus bas depuis une décennie. Contraint par la baisse des vents, le pays a dû recourir à des centrales au mazout pour alimenter le réseau, poussant les prix de l’électricité à des sommets. Cette situation souligne l’urgence pour l’Europe de diversifier ses capacités de production et de stockage pour éviter une volatilité excessive cet hiver.

En France, EDF prévoit une année record en matière d’exportations d’électricité, avec une estimation de 85 à 90 TWh. Portée par une reprise de la production nucléaire et des prix compétitifs, la France redevient un exportateur net majeur, une situation bien différente de 2022. EDF, ayant renforcé ses contrôles et réparations, vise une production de 340 à 360 TWh en 2024, tout en continuant à optimiser sa résilience face aux défis techniques.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Marché du gaz

L’Europe entre dépendance au gaz américain et blocage russe

Graphique montrant les prix du gaz en €/MWh pour Cal 25, Cal 26 et Cal 27 de décembre à novembre. Les tendances de prix fluctuent, avec des pics certains mois. Les contrats pour 2025-2027 affichent des coûts variables.

Le marché européen du gaz naturel connaît une pression sans précédent, marqué par une demande plus forte avec la baisse saisonnière des températures. Si les réserves européennes de gaz atteignent un taux de remplissage de 93,6 %, celles de GNL sont en chute à 47 %, laissant planer des doutes quant à la résilience des stocks en cas de vague de froid. L’offensive russe en Ukraine autour de nœuds gaziers, compromet le transit du gaz, alimentant l’incertitude européenne.

Simultanément, le conflit israélo-iranien fait craindre des interruptions dans l’approvisionnement mondial, alors que les États-Unis pourraient accroître leurs exportations de GNL pour compenser le recul des importations russes. Une opportunité pour Washington, d’autant que le tarif transatlantique du transport GNL diminue drastiquement, facilitant les flux vers l’Europe malgré un contexte géopolitique crispé. Par ailleurs, le recul de la demande asiatique de GNL, avec des réserves élevées et une météo clémente, accentue l’offre pour l’Europe, mais sans garantie de stabilisation des prix.

À la une

La COP29 et le transit gazier via l’Ukraine : vers un accord de dernière minute ?

La COP29, qui se tient à Bakou cette année, pourrait voir des négociations discrètes sur l’avenir du transit gazier via l’Ukraine, un enjeu majeur pour l’approvisionnement en gaz de l’Europe.

En effet, l’accord actuel entre la Russie et Gazprom concernant le transit de gaz via l’Ukraine expire cette année. Bien que la conférence aborde principalement les politiques environnementales, notamment le méthane et les gaz à effet de serre, des réunions informelles pourraient permettre de discuter de cette extension cruciale pour les flux énergétiques en Europe.

L’Azerbaïdjan, bien que producteur de gaz, ne semble pas envisager d’augmenter son propre approvisionnement pour remplacer les volumes de gaz russe. Son rôle se limiterait donc à faciliter un accord entre la Russie, l’Ukraine et les clients européens, avec la compagnie publique Socar jouant un rôle central dans ce processus.

En outre, il est probable que toute prolongation du transit se fasse via des fournisseurs secondaires, notamment à travers des partenariats avec des entreprises hongroises et slovaques, comme évoqué dans des rumeurs récentes.

Les discussions en marge de la COP29 pourraient ainsi ouvrir la voie à un compromis permettant de maintenir le transit du gaz via l’Ukraine en 2025, soulignant l’importance de l’Azerbaïdjan dans ce contexte géopolitique énergétique.

 

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

Gaz russe et géopolitique : l’Europe danse avec le feu de la dépendance énergétique

En octobre 2024, les exportations de gaz russe vers l’UE sont restées stables, avec une légère hausse des flux par gazoducs (+1%) compensée par une baisse des exportations de GNL (-2%). Le déclin des exportations de GNL est partiellement attribué aux conditions géopolitiques et aux sanctions. En réponse à la fermeture de la Route maritime du Nord, les livraisons de GNL vers l’UE devraient augmenter dans les mois à venir, alors que l’Europe continue de diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment avec les États-Unis et le Qatar.

Dans ce contexte, l’Allemagne a conclu un accord de 15 ans avec les Émirats arabes unis pour importer 1,4 milliard de mètres cubes de GNL par an à partir de 2028, renforçant ainsi la sécurité énergétique européenne. Par ailleurs, la Commission européenne prépare une feuille de route pour réduire encore sa dépendance au gaz russe, visant une sortie d’ici 2027, un objectif que le commissaire à l’énergie Dan Jørgensen entend accélérer.

Pour le Royaume-Uni, la dépendance croissante au GNL, combinée à une production nationale de gaz en déclin et à des réserves de stockage limitées, augmente les risques d’approvisionnement cet hiver, d’autant que des vagues de froid ou une demande accrue en Asie pourraient exacerber la situation. Le pays fait face à un hiver potentiellement doux, mais la concurrence sur le marché du GNL pourrait entraîner des pénuries et faire monter les prix.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Energie verte

Zoom sur l'énergie verte

Les défis de la transition énergétique : une ambition verte face à des obstacles économiques et politiques

Le secteur énergétique ibérique fait face à des défis croissants en raison de l’expansion rapide des énergies renouvelables, notamment solaires et éoliennes. Ce déploiement effréné, bien que conforme aux ambitions climatiques, entraîne une série de conséquences imprévues, notamment des prix de l’électricité qui tombent souvent à zéro, voire deviennent négatifs.

Depuis le début de l’année 2024, les producteurs d’énergie renouvelable ont accumulé environ 1000 heures où leur électricité n’a pas été rémunérée, ce qui engendre une pression sur leur rentabilité. L’Espagne et le Portugal ont des objectifs très ambitieux, visant respectivement 62 GW et 76 GW de capacités solaires et éoliennes d’ici 2030, bien au-delà des capacités actuelles.

Toutefois, ces objectifs risquent de ne pas être atteints si la demande d’électricité n’augmente pas parallèlement. Selon des experts comme Jorge Mendonça e Costa, PDG de l’association portugaise APIGCEE, atteindre une demande de 90 TWh d’ici 2030 semble « irréaliste ». Le problème majeur réside dans le fait que l’augmentation de la production d’énergie verte ne s’accompagne pas d’une augmentation suffisante de la demande, ce qui rend cette production excédentaire difficilement exploitable.

L’hydrogène vert, qui représente une alternative importante pour la transition énergétique, pourrait bénéficier d’une baisse significative de son coût de production dans la péninsule ibérique, passant de 10-11 euros/kg à environ 5 euros/kg d’ici 2035. Cette baisse serait rendue possible grâce à la grande quantité d’énergies renouvelables produites localement, ce qui permettrait de rendre la production d’hydrogène plus compétitive. Cependant, un décalage persiste entre le coût de production de l’hydrogène et la volonté des acheteurs de payer des prix supérieurs à 5 euros/kg.

Par ailleurs, à l’échelle européenne, le secteur de l’énergie se trouve confronté à une dynamique géopolitique perturbée par la victoire de Donald Trump. Son retour à la Maison Blanche pourrait avoir un impact négatif sur les politiques climatiques de l’UE, en affaiblissant des initiatives clés comme le Pacte vert européen. Les objectifs climatiques européens risquent d’être remis en cause, notamment en raison de la mise en place de droits de douane sur les importations de technologies vertes chinoises aux États-Unis, ce qui pourrait détourner une partie des équipements vers l’Europe et nuire à l’industrie européenne.

Enfin, le gouvernement français, dans sa présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et de la stratégie nationale bas carbone (SNBC), a réaffirmé ses objectifs ambitieux pour 2030 et 2035. La France prévoit de doubler ses capacités d’énergies renouvelables et d’augmenter sa production nucléaire pour atteindre 360 TWh d’ici 2030, tout en visant une réduction significative de ses émissions de carbone. Toutefois, le rythme de mise en œuvre de ces objectifs pourrait être compromis par la difficulté à obtenir un consensus politique, et le gouvernement semble chercher à éviter une confrontation avec un parlement fragmenté.

En somme, la péninsule ibérique et l’Europe dans son ensemble se retrouvent à un carrefour crucial où l’ambition de décarboner l’économie mondiale rencontre des défis économiques, politiques et technologiques considérables.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

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