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Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 17 avril 2025

Silhouette d’une installation industrielle émettant de la fumée sous un ciel nuageux, recouverte du texte français sur l’actualité marché énergie pour la semaine se terminant le 17 avril 2025.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 17 avril 2025.

Marché de l'électricité

Électricité et Carbone : pauses tactiques avant la reprise

Graphique linéaire montrant les prix de base ELEC FR prévus (€/MWh) de février 2024 à avril 2025 pour les contrats arrivant à échéance en 2026, 2027 et 2028, avec une légère baisse globale des prix au milieu de l'actualité marché énergie mars 2025.

Le marché de l’électricité en Allemagne a observé une pause après une série de hausses, avec une légère baisse des contrats à terme à 82,80 euros/MWh. Ce repli est dû à une demande d’électricité plus faible anticipée pendant les vacances de Pâques et à la baisse des prix du carbone. Toutefois, les traders anticipent une reprise potentielle des prix dans les semaines à venir, après cette phase de consolidation.

Parallèlement, le marché du carbone a enregistré un léger recul, le contrat EUA descendant à 65,62 euros/t, bien qu’il reste plus élevé que la semaine dernière. Ce rebond des prix du carbone semble exagéré, notamment en l’absence de fondamentaux solides. Dans l’ensemble, la dynamique des marchés de l’électricité et du carbone reste fragile, et bien que les prix aient légèrement baissé, des ajustements à la hausse sont attendus, notamment en raison de la faible liquidité et de l’incertitude économique.

À la une

Un réseau électrique au bord de la saturation

C’est une situation inhabituelle que traverse actuellement le réseau électrique français : une offre excédentaire persistante qui met le gestionnaire de réseau RTE en alerte. En mars et avril, l’équilibre du système a nécessité des mesures exceptionnelles, parmi les plus coûteuses du marché européen. RTE a même payé jusqu’à 12 000 euros/MWh pour exporter son surplus d’électricité vers les pays voisins.

Le paradoxe de l’excès

Ce déséquilibre provient d’un mix énergétique difficilement maniable. Le nucléaire, qui a retrouvé des niveaux de production inédits depuis six ans, et une capacité solaire en forte hausse  génèrent une surabondance en milieu de journée.

Le problème ? Une demande toujours modérée au printemps, combinée à une inertie du nucléaire peu adaptable aux pics et creux de consommation, et un gaz trop onéreux pour lisser les flux.

Conséquence directe : des prix négatifs sur le marché dès fin mars – un record de précocité – et des énergies renouvelables que l’on paie pour ne pas produire. Une aberration économique révélatrice d’un système qui peine à suivre l’accélération de la transition énergétique.

Et maintenant ?

RTE multiplie les appels à la rigueur pour les producteurs et agrégateurs : fournir des prévisions fiables, ajuster l’offre en amont. L’été pourrait offrir un répit grâce aux arrêts de maintenance nucléaire et à une moindre production éolienne. Mais le fond du problème demeure : sans capacité de stockage suffisante, cette surabondance deviendra un casse-tête récurrent.

Les tendances électricité de la semaine par notre expert​

L’appétit pour le nucléaire en hausse

Le géant public suédois Vattenfall a lancé Videberg Kraft, une filiale dédiée au nucléaire, afin de répondre aux exigences légales pour bénéficier du soutien de l’État. L’objectif : construire de nouveaux réacteurs – classiques ou modulaires (SMR) – sur le site existant de Ringhals. Ce cadre juridique distinct est la première brique d’un ambitieux programme de relance nucléaire, qui pourrait s’ouvrir à une coparticipation industrielle via le consortium Industrikraft.

Outre-Manche, le retard de 16 mois du projet d’interconnexion Eastern Green Link 1 (2 GW) entre l’Écosse et l’Angleterre inquiète. Cette liaison est cruciale pour évacuer l’énergie éolienne écossaise vers le sud. Les porteurs du projet invoquent des pénuries mondiales d’équipement. Ce revers symbolise une fragilité plus large : celle d’un réseau en décalage avec l’ambition verte.

Même prolongés, les réacteurs belges ne suffiront pas à éviter une pénurie dès 2030. Aurora Energy Research anticipe une dépendance accrue aux importations (17 % en 2030, 38 % en 2040), faute d’un développement suffisant du solaire et de l’éolien. Malgré les ambitions du gouvernement de prolonger davantage de réacteurs, Engie juge plusieurs extensions irréalisables.

La Commission européenne a ouvert une consultation sur son programme indicatif nucléaire. En ligne de mire : investissements, gestion des déchets, diversification des sources de combustible, SMR, fusion et compétences. Un signal politique fort.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Marché du gaz

Gaz et Charbon : une stabilité illusoire

Graphique linéaire montrant les prix du gaz français (€/MWh) pour les contrats PEG Cal 26, Cal 27 et Cal 28 de janvier 2024 à avril 2025, mettant en évidence l'actualité marché énergie mars 2025. Les prix des contrats de base pour 2026-2028 sont listés ci-dessous.

Les prix du gaz en Europe ont montré une stabilité relative avant les vacances de Pâques, avec le contrat TTF à court terme oscillant autour de 35,29 euros/MWh, après un pic à 35,90 euros/MWh. Les températures élevées en Europe centrale et orientale devraient réduire la demande de chauffage, offrant un léger soutien à la baisse des prix à court terme. Toutefois, les stocks de gaz européens sont 26 % inférieurs à l’an passé, ce qui pourrait compromettre l’approvisionnement futur.

En parallèle, le marché du charbon enregistre un léger repli, avec le contrat API 2 tombant à 99,80 USD/t. Cette baisse est alimentée par la détente générale des prix des matières premières et par la faiblesse de la demande industrielle, notamment en Chine. Les dynamiques sur ces deux marchés restent influencées par des facteurs saisonniers, mais les fondamentaux, comme les faibles stocks de gaz et la modeste reprise du charbon, pourraient peser sur les prix.

À la une

Nouvel objectif de remplissage : 83% au lieu de 90%

Plutôt que de viser un taux de 90% d’ici le 1er novembre, comme le stipulent les règles actuelles, le Parlement européen propose de fixer cet objectif à 83%. Ce taux devra être atteint à tout moment entre le 1er octobre et le 1er décembre, offrant une plus grande flexibilité aux États membres.

Dérogations en cas de conditions de marché difficiles

Une des innovations majeures de cette proposition est l’introduction de dérogations pour permettre aux États membres de dévier de l’objectif. En cas de conditions de marché défavorables, un écart de jusqu’à quatre points de pourcentage sera autorisé. Toutefois, les dérogations cumulées ne devront pas faire chuter le taux de remplissage global sous 75%. Ce mécanisme vise à s’adapter à des situations imprévues.

Accord entre Parlement et Conseil de l’UE

Ce projet d’amendement, né de la prolongation des règles actuelles par la Commission européenne, sera soumis à un vote le 24 avril par la commission de l’Énergie du Parlement. Un compromis devra ensuite être trouvé avec le Conseil de l’UE pour finaliser le texte. Le Parlement européen propose par ailleurs de supprimer les objectifs intermédiaires de l’année.

Un Suivi Actif de la Commission Européenne

La Commission européenne, dans le cadre de cette nouvelle organisation, se verra confier la tâche de surveiller activement les marchés et d’explorer des solutions collaboratives, comme l’achat groupé ou l’agrégation de la demande, pour faciliter l’atteinte de cet objectif révisé.

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

Un Jeu de Forces sur le Marché Européen

L’UE devra accroître ses importations de GNL de 20 % en 2025 pour répondre à la demande estivale et atteindre un remplissage de 90 % de ses stockages. Toutefois, cette augmentation se fera à des coûts plus élevés en raison d’un marché tendu. Les flux de gazoduc devront rester élevés, notamment en Allemagne, Pays-Bas, Italie et en France, pour soutenir cet objectif.

L’Allemagne, qui produit actuellement 5 % de sa consommation de gaz, explore des moyens d’augmenter cette production, notamment via des gisements conventionnels. Un effort soutenu pourrait porter cette production à 5 milliards de mètres cubes par an. Cependant, pour un impact plus substantiel, le gaz de schiste pourrait devenir nécessaire.

L’Azerbaïdjan joue un rôle crucial dans la sécurisation des approvisionnements européens, avec une expansion importante de son champ gazier de Shah Deniz prévue d’ici 2027. Le pays prévoit de doubler sa capacité d’exportation, passant de 10 à 26 milliards de mètres cubes par an. Le gazoduc TAP verra sa capacité doubler à 20 milliards de mètres cubes.

L’UE cherche des options juridiques pour rompre les contrats de gaz russes sans pénalité. Cette stratégie rejoint son objectif de réduire sa dépendance d’ici 2027, une initiative partiellement mise en œuvre avec l’interdiction du rechargement du GNL russe depuis le 26 mars.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Energie verte

Zoom sur l'énergie verte

Défis et ambitions dans le secteur énergétique Européen

L’Allemagne face aux défis du réseau éolien offshore

L’Allemagne poursuit son expansion ambitieuse de l’éolien offshore, visant une capacité de 30 GW d’ici 2030, avec des objectifs allant jusqu’à 70 GW en 2045. Cependant, le projet d’extension du réseau, porté par les gestionnaires de réseau de transport (GRT) comme Amprion, pourrait être ralenti par des contraintes logistiques, des incertitudes financières mondiales et une forte concurrence pour les ressources. Les chantiers navals et ports, déjà sous pression, risquent de ralentir la construction des infrastructures nécessaires. Néanmoins, les investissements publics et privés, et un soutien politique croissant pour les infrastructures écologiques, laissent entrevoir une lueur d’optimisme.

La demande d’hydrogène en Allemagne : un enjeu de stockage colossal

L’Allemagne anticipe une demande de stockage d’hydrogène pouvant atteindre 80 TWh d’ici 2045, consolidant sa position de leader européen dans ce domaine. Les cavernes salines du pays sont un atout stratégique, capables de stocker une partie significative de cette énergie. Toutefois, des obstacles demeurent : les coûts de mise en place du stockage sont encore flous, et des ajustements réglementaires sont nécessaires pour accélérer les projets de conversion.

France : Révision des objectifs hydrogène

La France a révisé à la baisse son objectif de production d’hydrogène bas-carbone, réduisant sa capacité d’électrolyse à 4,5 GW pour 2030 contre 6,5 GW auparavant. Ce réajustement reflète des défis technologiques et financiers. Toutefois, un soutien financier de 4 milliards d’euros sur 15 ans est prévu pour soutenir la compétitivité de cette industrie, tout en accélérant le déploiement des infrastructures nécessaires.

Le marché des garanties d’origine : fluctuations et tensions

Les prix des garanties d’origine (GO) françaises ont connu une flambée, avec un triplement des prix en avril 2025 par rapport au mois précédent. Cette hausse est due à une demande accrue pour des certificats éoliens, bien que le marché reste fragile, affecté par l’incertitude sur les politiques européennes et une production excédentaire. Les prix devraient fluctuer dans les mois à venir, avec un potentiel de hausse à mesure que la demande augmente.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

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