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Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 23 mai 2025

Un paysage rural avec des éoliennes au coucher du soleil, superposé à un texte français sur l’actualité marché énergie mai 2025, discutant des événements récents sur les marchés du gaz et de l’électricité et daté du 23 mai 2025.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 23 mai 2025.

Marché de l'électricité

Électricité : quand le ciel dicte le prix

Graphique linéaire montrant les prix Elec FR Baseload (€/MWh) de février 2024 à juin 2025 pour trois contrats (2026, 2027, 2028), illustrant l'actualité marché énergie mai 2025 avec des prix évoluant entre 55 et 75 €/MWh.

En France, c’est la centrale de Flamanville qui fait parler d’elle : grèves et retards paralysent la montée en puissance du fameux EPR, projet déjà emblématique des déboires industriels hexagonaux. En pleine période de reconstitution de la capacité pour l’été, ce type de blocage jette une ombre sur la souveraineté énergétique et fait grimper les prix à terme.

Le marché carbone retrouve des couleurs, autour de 72 €/t, porté par la convergence UE-Royaume-Uni sur leurs systèmes d’échange ETS. Cette intégration réduit les incertitudes réglementaires et soutient les prix. Le charbon, lui, replie sous les 100 $/t, reflet d’une demande européenne atone et d’une transition énergétique accélérée.

À la une

Vers une réintégration du Royaume-Uni dans l’UE ?

C’est une image qu’on n’aurait pas imaginée il y a encore quelques années : Londres et Bruxelles réunies autour de la même table pour envisager un retour partiel du Royaume-Uni dans le giron énergétique européen. Mais pas question de raccorder les câbles sans conditions.

Toute nouvelle entente devra clarifier les règles du jeu : aides d’État, soutien aux énergies renouvelables, protection environnementale, et – sujet sensible – respect du rôle de la Cour de justice de l’Union européenne en cas de différends.

Marchés carbone : l’interconnexion comme levier stratégique

Au-delà de l’électricité, le Royaume-Uni et l’UE se sont entendus pour travailler à l’interconnexion de leurs systèmes d’échange de quotas, dans un objectif double : avancer vers la neutralité carbone et harmoniser les règles du jeu pour les entreprises.

Un tel accord créerait un vaste marché du carbone intégré, avec des conditions de concurrence plus équitables. Toutefois, cette coopération reste soumise au respect des législations respectives et à une définition claire des secteurs couverts, allant de l’industrie lourde au transport maritime et aérien.

MACF : des exemptions conditionnelles en vue

Enfin, le pacte pose les jalons d’une possible exemption mutuelle aux futurs mécanismes d’ajustement carbone aux frontières (MACF), prévus pour 2026 côté UE, et 2027 côté britannique. L’idée : éviter la double pénalisation des entreprises exportatrices respectant déjà des standards environnementaux élevés

Les tendances électricité de la semaine par notre expert​

Flamanville 3 : entre tensions et espoirs

EDF espère toujours voir son réacteur nucléaire Flamanville 3, d’une puissance de 1,6 GW, atteindre sa capacité maximale d’ici l’été. Malgré une succession de contretemps techniques et une grève récemment suspendue, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASNR) juge ce calendrier « réaliste », sous réserve de tests concluants. Actuellement à 50 % de puissance, le réacteur avance par paliers, ponctués d’arrêts de maintenance, notamment liés à la turbine. Le passage au-delà de 80 % nécessitera l’aval de l’ASNR.

La grève des agents de Flamanville a été levée en amont des négociations prévues avec la direction. Toutefois, la CGT reste sur ses gardes : si les discussions échouent, la mobilisation pourrait repartir. À l’échelle nationale, une nouvelle grève est déjà en préparation pour juin, centrée sur les salaires et la baisse des factures énergétiques, à une dette de 53,4 milliards d’euros et un parc vieillissant. Syndicats et experts appellent à une refonte du modèle énergétique, avec plus de vision industrielle, de contrôle public… et de justice sociale dans la répartition des efforts.

La modulation fréquente des réacteurs, imposée par un mix énergétique plus variable, pèse sur les équipes. L’ASNR alerte sur l’impact de ces changements rapides de charge, à la fois sur les personnels et sur les composants des réacteurs, soumis à une usure accélérée.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Marché du gaz

Un calme fragile sur fond de stress géopolitique

Graphique linéaire montrant les prix du gaz en France (€/MWh) pour les contrats Cal 26, Cal 27 et Cal 28 de janvier 2024 à avril 2025, reflétant l'actualité marché énergie mai 2025. Cal 26 est en tête, suivi de Cal 27 et Cal 28.

Le marché européen du gaz reste sur le fil. Après un sursaut à près de 37,82 €/MWh, le TTF néerlandais est redescendu autour de 35 €, mais la nervosité reste palpable. En cause ? Des flux norvégiens réduits par des maintenances annoncées mais critiques pour l’équilibre du réseau. S’ajoute à cela un niveau de stockage encore timide (45 %), bien en deçà des 67 % de l’an dernier à la même époque.

L’inquiétude n’est pas tant dans l’offre actuelle que dans les risques de demande estivale, notamment si l’été s’annonce chaud et sec. Une climatisation à plein régime pourrait faire grimper la consommation électrique, et donc la demande de gaz pour alimenter les centrales. Le marché retient son souffle, d’autant que la situation géopolitique – entre Ukraine, Russie et Moyen-Orient – entretient l’incertitude.

À la une

Virage à gaz : l’Allemagne à contre-vent ?

Berlin crée l’émoi avec son projet d’ajouter 20 GW de centrales à gaz, censées stabiliser la production électrique quand les renouvelables flanchent.

Une décision qui inquiète le secteur éolien offshore, en plein essor mais vulnérable aux signaux politiques. « Nous étions sur la bonne voie », s’alarme Irina Lucke, présidente du BWO, l’association de l’éolien offshore allemand. La crainte : voir l’investissement glisser du vent vers le gaz.

Des ambitions énergétiques qui s’entrechoquent

L’objectif d’atteindre 70 GW d’éolien offshore d’ici 2045 reste affiché, mais les 1,8 GW prévus en 2025 peinent à rassurer. Les acteurs comme Vattenfall appellent à privilégier les batteries et à éviter les signaux contraires à la neutralité carbone.

L’absence d’obligation de conversion à l’hydrogène pour les futures centrales inquiète : est-ce un retour masqué aux fossiles ?

Un pari risqué face à Bruxelles

Le plan pourrait échouer devant la Commission européenne. Un accord antérieur pour 10,5 GW de capacités prêtes à l’hydrogène pourrait être compromis par ce revirement. « Rouvrir le dossier, c’est risquer un an de plus de blocage », prévient Sven Giegold, ancien secrétaire d’État.

Le mot d’ordre : équilibre… ou ambiguïté ?

Les autorités défendent un « partenaire naturel » des énergies vertes, soulignant les 20 GW de déficit de capacité pilotable identifiés par le régulateur. Mais le flou demeure : volonté d’accélération ou frein déguisé ? La réponse, peut-être, dans la façon dont Berlin mènera ses négociations avec Bruxelles.

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

Gaz : l’Europe cherche son souffle

En Allemagne, les ambitions gouvernementales affichent 20 GW de nouvelles capacités à gaz d’ici 2030, pour accompagner la transition énergétique. Mais Vattenfall, poids lourd suédois du secteur, prend ses distances. Sa PDG Anna Borg l’affirme : sauf surprise comme le biogaz, aucun projet de centrale à gaz n’est au programme. Priorité aux renouvelables et aux réseaux. Un signal fort, qui montre que l’Europe de l’énergie est loin d’être unanime sur le recours temporaire aux fossiles.

Alors que Bruxelles veut tourner la page du gaz russe d’ici 2027, la Bulgarie pourrait faire tout le contraire. Des discussions sont en cours avec le fonds américain Elliott pour étendre la capacité du gazoduc TurkStream, dernier lien actif avec Moscou. Une initiative critiquée comme un risque de re-dépendance, surtout si la transparence du marché européen n’est pas garantie.

L’Algérie et l’Azerbaïdjan, nouveaux piliers de la Slovénie. Loin du tumulte géopolitique, la Slovénie sécurise ses approvisionnements. Alger fournira plus de la moitié de la demande nationale, grâce à un accord renforcé. Et Bakou s’installe en partenaire stratégique, avec une coopération élargie aux renouvelables et à l’hydrogène. Une diversification prudente mais stratégique.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Energie verte

Zoom sur l'énergie verte

Renouvelables : investissements massifs et ajustements techniques

Norvège : le pari flottant de l’éolien en mer

Le royaume nordique s’apprête à faire entrer l’éolien flottant dans une nouvelle ère industrielle. D’ici 2032-2035, la Norvège inaugurera son tout premier parc éolien flottant à grande échelle. Trois zones seront attribuées via un appel d’offres ouvert jusqu’au 15 septembre. Les projets retenus entreront ensuite dans une phase de maturation, avant de pouvoir concourir pour jusqu’à 35 milliards de couronnes norvégiennes (environ 3 milliards d’euros) de soutien public, sous forme d’enchères.

Hydrogène renouvelable : Bruxelles injecte près d’un milliard

L’Union européenne poursuit son offensive sur l’hydrogène vert avec 992 millions d’euros alloués à 15 projets, dont trois en Norvège, via le deuxième appel d’offres de la Banque européenne de l’hydrogène. Ces projets, d’une capacité combinée de 2,2 millions de tonnes sur dix ans, ciblent en partie le secteur maritime. Malgré un objectif ambitieux de 20 Mt/an d’ici 2030 (dont 10 Mt produits en Europe), les régulateurs restent sceptiques, tablant sur un usage plus modeste autour de 4 Mt. Un troisième appel d’offres doté d’un milliard d’euros est attendu fin 2025.

France : consultation sur l’hydroélectricité pour débloquer l’investissement

Après une décennie d’impasse juridique avec Bruxelles, Paris relance la discussion sur l’avenir de son parc hydraulique. Une consultation publique est ouverte pour tester l’appétit du marché à l’idée de mises aux enchères de capacités hydrauliques – de court à long terme – afin d’attirer des investissements. Aujourd’hui, 40 % des concessions doivent être renouvelées d’ici fin 2025. Une proposition politique en cours suggère de transférer la propriété de ces installations aux opérateurs actuels (EDF, CNR, Shem), en échange d’une ouverture partielle du marché via des ventes aux enchères.

Sécurité du réseau : l’alerte du blackout ibérique

Le black-out d’avril dernier, qui a paralysé l’Espagne, le Portugal et une partie de la France, rappelle crûment les défis posés par l’intermittence des énergies renouvelables. Pour Teresa Ribera, vice-présidente de la Commission européenne, cette transition doit s’accompagner d’une montée en compétences, de plus de stockage et d’interconnexions renforcées. L’incident, causé par des déconnexions en chaîne (2,2 GW en quelques instants), alimente les réflexions sur la stabilité du système électrique européen en pleine mutation.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

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