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Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 06 juin 2025

Vue aérienne d'une centrale électrique près d'un fleuve, entourée de forêts, illustrant l'actualité du marché énergétique en mai 2025 et la clôture des prix du gaz et de l'électricité au 6 juin 2025.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 06 juin 2025.

Marché de l'électricité

Une tension rampante sous influence gazière

Le graphique linéaire montre les prix de base ELEC FR (€/MWh) de février 2024 à juin 2025 pour les contrats de base 2026, 2027 et 2028, reflétant l’actualité du marché de l’énergie de juin 2025. Les valeurs des contrats sont mises en évidence sous le graphique.

Le marché de l’électricité reste sous la houlette du gaz. Les épisodes de chaleur anticipés dans le sud de l’Europe, combinés à une faible production éolienne et solaire, renforcent la demande en électricité d’origine fossile. Résultat : les prix repartent modestement à la hausse, avec des arbitrages de plus en plus dépendants du mix météo-journalier.

L’été électrique européen se dessine comme un puzzle météorologique. Entre production renouvelable en dents de scie et pics de consommation climatisés, le système peine à trouver son équilibre. La pression sur le gaz se répercute mécaniquement sur les prix de l’électricité, entraînant dans son sillage carbone, charbon… et vigilance politique.

À la une

Nucléaire : l’axe franco-allemand relance le débat européen

Un tournant s’est amorcé à Bruxelles : la France et l’Allemagne ont annoncé une volonté commune de réaligner leurs politiques énergétiques.

Une initiative saluée par les acteurs du secteur nucléaire, à commencer par EDF, dont la directrice des affaires européennes, Marion Labatut, y voit une opportunité pour faire évoluer le discours au sein de l’Union européenne sur l’atome. Ce rapprochement, porté par Emmanuel Macron et Friedrich Merz, vise à conjuguer sécurité d’approvisionnement et baisse des coûts de l’énergie.

Nucléaire : une énergie en quête de reconnaissance

Alors que l’Allemagne a fermé ses derniers réacteurs en 2023, Paris pousse pour que le nucléaire soit pleinement reconnu comme une énergie bas-carbone, au même titre que les renouvelables. Plusieurs pays d’Europe centrale – Tchéquie, Pologne – se montrent eux aussi favorables à une telle reconnaissance, tout en mettant en garde contre une exclusion persistante du nucléaire des financements européens.

Financements : le talon d’Achille du nucléaire européen

Si le discours évolue, les actes peinent à suivre. Le nucléaire reste largement en dehors des mécanismes de financement de l’UE. Tomas Ehler (Tchéquie) et Wojciech Wrochna (Pologne) appellent à accélérer les aides d’État et à recourir aux contrats pour différence (CFD) afin d’attirer les investisseurs.

Un signal fort pourrait venir la semaine prochaine, avec la publication attendue du programme indicatif nucléaire (Pinc) par la Commission. Affaire à suivre.

Les tendances électricité de la semaine par notre expert​

L’Europe face au défi de sa transition énergétique

L’Europe avance à grand pas dans sa transition énergétique, mais le développement des renouvelables dépasse de loin la modernisation des réseaux électriques. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cette désynchronisation génère de fortes disparités de prix entre États membres, avec une moyenne de 59 €/MWh en Espagne contre 95 €/MWh en Allemagne. Résultat : files d’attente pour les raccordements, saturation des infrastructures, et même prix de l’électricité parfois négatifs.

L’AIE appelle à une meilleure intégration des systèmes énergétiques européens : investissements massifs dans les réseaux, digitalisation, simplification des procédures… Tout cela pour éviter que les prix volatils ne sapent la compétitivité du continent. Car malgré plus de 70 milliards investis cette année, les défis restent colossaux, comme en témoignent les échecs récents dans l’éolien offshore au Danemark.

La Commission européenne propose aux États de prendre en charge une partie des coûts de renforcement des réseaux pour accélérer le déploiement des renouvelables. Elle encourage aussi des tarifs plus flexibles et l’usage intelligent des revenus issus de la congestion. Dan Jørgensen, commissaire à l’Énergie, résume le paradoxe : “Nous échangeons plus facilement des tomates que de l’électricité.” Pourtant, l’interconnexion pourrait économiser 30 milliards d’euros par an. L’urgence ? Raccourcir drastiquement les délais d’autorisation et faire sauter les freins nationaux.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Énergie

 

Marché du gaz

Une stabilité précaire au cœur d’un été incertain

Le graphique linéaire montre les prix du gaz PEG français (€/MWh) pour les contrats 2026, 2027 et 2028 de janvier 2024 à juillet 2024, avec les prix de base des contrats répertoriés sous le graphique, offrant un aperçu de l'actualité du marché de l'énergie en juin 2025.

Le récent rebond du gaz trouve d’abord sa source dans des coupures temporaires de production en Norvège – jusqu’à 64 mcm/j perdus – combinées à une faiblesse de la production solaire en Europe centrale. À cela s’ajoute une météo plus chaude que la normale, dopant la demande en climatisation.

Côté Est, les tensions persistent. L’Ukraine a intensifié ses frappes contre des infrastructures russes, remettant la sécurité d’approvisionnement au cœur des préoccupations. Le flux russe via la Hongrie subsiste, mais la perspective d’un retour massif du gaz russe en Europe reste illusoire. Le GNL devient donc une variable clé. Problème : la concurrence mondiale s’intensifie. L’Égypte augmente ses importations, la production américaine ralentit à cause de travaux sur Sabine Pass, et l’Asie n’absorbe pas autant que prévu. L’Europe doit donc sécuriser ses achats rapidement, avant que les tensions estivales n’aiguisent les rivalités.

À la une

Gaz européen : vers une flexibilité sous pression

Alors que l’hiver prochain se profile à l’horizon énergétique de l’Europe, les institutions européennes s’activent pour revoir les règles encadrant le remplissage des stocks de gaz.

Un règlement temporaire, mis en place après la crise énergétique post-Ukraine, arrive à échéance fin 2025. Mais l’Union ne veut pas relâcher la pression : il s’agit de prolonger l’effort collectif jusqu’en 2027, tout en adaptant les exigences aux réalités du terrain.

Une flexibilité négociée sous haute tension

Le Parlement européen propose d’introduire plus de souplesse pour les pays qui peinent à atteindre les fameux 90 % de remplissage. Raisons techniques ou conditions de marché défavorables : certains États pourraient bénéficier de marges de manœuvre.

L’idée ? Ne pas rigidifier un système qui pourrait, in fine, fragiliser certains maillons de la chaîne énergétique européenne.

Un bras de fer à trois voix

Le Conseil, lui, reste plus prudent : il accepte un ajustement du calendrier (objectif entre le 1er octobre et le 1er décembre), mais tient au seuil de 90 %. Le Parlement, de son côté, envisage de baisser cet objectif à 83 %. Une négociation à trois (Commission, Conseil, Parlement) est en cours, avec une réunion décisive prévue le 24 juin.

Conclusion : cap sur l’hiver 2025

L’objectif est clair : parvenir à un compromis applicable dès cet hiver. Car dans un contexte géopolitique incertain, le mot d’ordre reste la vigilance énergétique — avec, peut-être, un soupçon de pragmatisme en plus.

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

Cap sur la liberté énergétique

À partir du 1er juillet, le Danemark prendra la présidence du Conseil de l’UE dans un contexte énergétique crucial. Son ministre de l’Énergie, Lars Aagaard, se positionne en chef d’orchestre du très attendu freedom bill, pierre angulaire de la sortie des importations d’hydrocarbures russes d’ici à 2027. Objectif : couper les flux financiers vers Moscou et renforcer l’autonomie énergétique de l’Europe, selon la feuille de route dévoilée par la Commission européenne.

Berlin adapte ses objectifs de stockage : la barre des 70 % à l’automne remplace celle des 90 %. Pourquoi ? Les spreads entre les prix d’été et d’hiver sont trop faibles pour inciter les opérateurs à remplir leurs réserves. Résultat : des sites comme Rehden restent quasi vides, ce qui fait planer la menace d’une intervention publique. Une ligne de crête difficile à tenir entre sécurisation de l’approvisionnement et incitation économique.

Sur le front asiatique, les prix du GNL marquent une pause. En cause : la baisse des importations chinoises, plombées par la faiblesse industrielle et l’incertitude liée aux nouveaux tarifs américains. Résultat : les volumes sont revendus, notamment vers l’Égypte, en quête de livraisons pour affronter sa propre crise énergétique estivale.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Énergie

Energie verte

Zoom sur l'énergie verte

Total Energies et Cours des Comptes au sein de la transition

Total Energies au tribunal : la transition ou le trompe-l’œil ?

C’est une première judiciaire en France : TotalEnergies comparaît pour écoblanchiment. Accusée par plusieurs ONG d’avoir enjolivé son image écoresponsable depuis son rebranding en 2021, l’entreprise est soupçonnée de communication trompeuse. Les plaignants dénoncent une stratégie de façade : malgré un discours centré sur la neutralité carbone d’ici 2050, 97% de la production de TotalEnergies reste fossile. Pire, l’entreprise n’envisage pas de réduire ses émissions de scope 3 avant 2030.Face aux accusations, TotalEnergies se défend en invoquant des réductions significatives de ses émissions directes et une montée en puissance de ses activités bas carbone. Mais pour les ONG, l’écart entre communication et réalité est tel qu’il induit le consommateur en erreur.

Éolien flottant : la France sort enfin la tête de l’eau

Bonne nouvelle en Méditerranée : le tout premier parc éolien flottant de France (25 MW) est désormais opérationnel. Porté par EDF et ses partenaires, ce projet pilote alimente l’équivalent de 45 000 personnes. Cette avancée ouvre la voie à des parcs plus ambitieux, notamment celui de Méditerranée Grand Large (250 MW).La France vise 45 GW d’éolien en mer d’ici 2050, contre seulement 1,5 GW aujourd’hui. Les appels d’offres se multiplient, les ambitions se précisent. Mais le passage à l’échelle reste incertain, entre défis technologiques, coûts élevés et lenteurs administratives.

Hydrogène bas-carbone : la Cour des comptes sonne l’alarme

Nouvelle douche froide : la Cour des comptes juge les objectifs de la France en matière d’hydrogène irréalistes. L’ambition initiale de 6,5 GW d’électrolyse d’ici 2030 a été revue à 4,5 GW, mais même ce chiffre semble hors d’atteinte. Faute de soutien effectif et de clarté stratégique, la filière peine à décoller. Résultat : seulement 35 MW de capacité installée en 2024, pour un coût qui pourrait exploser d’ici 2050.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Énergie

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