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Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 27 juin 2025

Des éoliennes dans un champ vert avec un texte en français sur l'actualité du marché de l'énergie et l'évolution des marchés du gaz et de l'électricité, daté du 27 juin 2025.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 27 juin 2025.

Marché de l'électricité

Électricité : la canicule teste les limites du nucléaire

Graphique linéaire montrant les prix ELEC FR Baseload (€/MWh) de février 2024 à l'actualité marché énergie juin 2025, avec des lignes distinctes pour Cal 26 (bleu), Cal 27 (gris), et Cal 28 (rose) ; les valeurs des contrats sont listées ci-dessous.

En France, EDF multiplie les alertes : les fortes chaleurs menacent la disponibilité du parc nucléaire. Les centrales de Golfech, Saint-Alban, Bugey ou encore Blayais pourraient voir leur production réduite pour des raisons environnementales liées aux rejets thermiques. En période estivale, où les pointes de consommation peuvent être violentes, ces ajustements sont loin d’être anecdotiques. Le risque systémique est là : moins de nucléaire, plus de recours au gaz ou au charbon… et donc plus de tension sur les prix.

Les EUA se sont repliés vers 70–71 €/t semaine dernière, marquant une pause dans un marché en quête de repères. La fin des options de juin et une météo plus clémente ont favorisé les prises de bénéfices. Mais le fond reste fragile : consommation électrique atone, émissions industrielles faibles, et enchères excédentaires pèsent sur les cours.

À la une

EDF relance la bataille contre la corrosion

Deux ans après le remplacement d’une tuyauterie, la corrosion sous contrainte a refait surface sur le réacteur Civaux 2 (1,5 GW). Un revers inattendu qui pousse EDF à intensifier ses recherches pour identifier les causes profondes de ce mal récurrent, dont la première apparition remonte à 2021.

Une enquête scientifique de longue haleine

EDF mène désormais un programme d’étude approfondi, avec pour objectif de mieux comprendre les mécanismes d’apparition et de propagation des fissures.

Parmi les pistes investiguées : la géométrie des tuyauteries, la qualité des soudures initiales… et un possible rôle de l’oxygène dissous dans les circuits.

Pour trancher, l’énergéticien simule actuellement en laboratoire le fonctionnement d’un réacteur sur 40 ans – en accéléré. Une opération de haute précision qui pourrait prendre des années.

Un enjeu de sûreté et de crédibilité

Le phénomène de corrosion avait provoqué, en 2022, l’arrêt massif de réacteurs et une production au plus bas depuis plus de trois décennies.

Si certaines hypothèses pointent un lien entre les variations de charge des réacteurs et l’oxygène dans les circuits, EDF précise qu’aucune corrélation directe n’a encore été établie.

Patience et rigueur scientifique

Malgré l’urgence industrielle, EDF le répète : « On ne peut pas compresser 40 ans en quelques jours ». Le temps long s’impose, pour tirer des conclusions solides et éviter que le nucléaire français ne replonge dans une crise de confiance.

Les tendances électricité de la semaine par notre expert​

Coup de chaud sur l’énergie européenne

EDF avertit d’une baisse de production à Golfech dès aujourd’hui en raison de la montée des températures de la Garonne, utilisée pour le refroidissement. Avec déjà un réacteur à l’arrêt jusqu’à octobre, la tension sur l’offre pourrait s’accroître. Des réductions sont aussi envisagées à Bugey, St Alban et Blayais, alors que la France se prépare à une canicule dans le sud. La production nucléaire française, pilier de sa souveraineté énergétique, reste vulnérable aux aléas climatiques, un rappel amer dans un contexte de décarbonation.

Les nouvelles règles européennes permettant aux États de plafonner les prix de l’électricité pour les industriels pourraient creuser l’écart entre l’Italie et ses voisins. Avec un ratio dette/PIB dépassant 135%, Rome peine à aligner son soutien budgétaire sur celui de la France ou l’Allemagne. Ses industries énergivores achètent actuellement à 65 EUR/MWh, au-dessus du nouveau plancher européen de 50 EUR/MWh. Résultat : l’Italie affiche le prix spot le plus élevé d’Europe continentale à 119,85 EUR/MWh, minant la compétitivité de son industrie lourde.

L’enquête d’Entso-E confirme que le black-out du 28 avril en péninsule ibérique a été causé par une surtension massive ayant entraîné des pertes de production en cascade, notamment en Andalousie et au Portugal. En réaction, Madrid adopte une loi pour renforcer l’intégration des renouvelables et stabiliser un réseau soumis à rude épreuve.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Marché du gaz

Gaz : Le reflux masqué d’une tension durable

Graphique linéaire montrant les prix PEG de Gaz FR (€/MWh) de janvier 2024 à juillet 2028 pour Cal 26, Cal 27 et Cal 28, avec des prix de base contractuels pour 2026-2028, reflétant l'actualité marché énergie juin 2025.

Le gaz naturel européen a renoué avec la nervosité, porté par une conjonction redoutable : tensions persistantes entre Israël et l’Iran, suspension partielle du champ Leviathan, et risque latent sur le détroit d’Ormuz, véritable artère du GNL mondial. Si aucune coupure majeure n’a été constatée, le marché joue la prudence, surtout avec une demande asiatique en embuscade et des stocks européens en retard (53 % contre 73 % l’an dernier).

Le tout, alors que la chaleur s’installe et fait grimper la consommation, en particulier dans le sud de l’Europe où les centrales à gaz assurent l’équilibre du réseau. Résultat : une concurrence exacerbée pour les cargaisons spot, et une prime de risque bien ancrée sur les prix.

À la une

Rehden : le talon d’Achille gazier de l’Allemagne

Le plus grand site de stockage de gaz allemand, Rehden, reste désespérément vide à cette période de l’année, un « motif d’inquiétude » selon Joachim Endress, CEO de Ganexo.

Aujourd’hui, l’Allemagne affiche un taux de remplissage moyen de 49 %, soit 20 points sous la moyenne quinquennale, mais Rehden fait figure de point noir : il n’est rempli qu’à 2,2 %.

Un scénario qui rappelle 2022

Lors de la crise énergétique de juin 2022, Rehden était déjà quasi vide, poussant le gestionnaire THE à dépenser plus de 6 milliards d’euros pour y injecter 40 TWh de gaz afin d’assurer la sécurité énergétique du pays après l’invasion russe en Ukraine.

Cette année, l’objectif reste ambitieux : atteindre 45 % de remplissage d’ici au 1er novembre.

Les limites d’un site peu flexible

Rehden, site de stockage en « poreux profond », se révèle lent et peu attractif pour les acteurs privés qui privilégient des installations plus flexibles. Selon Endress, la priorité gouvernementale semble avoir changé depuis 2022, un choix « surprenant et absurde » qui pourrait annoncer « le calme avant la tempête ».

La dynamique des prix soutient les injections

Si le spread été-hiver avait découragé les injections l’an dernier, l’écart actuel entre contrats hiver (37,15 €/MWh) et juillet (34,34 €/MWh) favorise cette fois un remplissage progressif. Reste à savoir si le marché remplira seul Rehden, ou si l’État devra à nouveau intervenir.

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

L’Europe face au casse-tête gazier

L’hiver à venir s’annonce « stressant » sur le marché européen du gaz. Engie alerte sur un risque de stocks insuffisants, prévoyant des niveaux de remplissage de 80-85 % en novembre, soit 10-15 points en dessous de l’an dernier. La moindre secousse sur l’offre ou la demande pourrait propulser les prix à la hausse.

Pour sécuriser l’approvisionnement, le Conseil de l’UE et le Parlement européen ont trouvé un accord prolongé jusqu’à fin 2027. Les États membres auront désormais jusqu’au 1er décembre pour atteindre l’objectif de 90 % de remplissage, au lieu du 1er novembre. Ils pourront aussi déroger jusqu’à 10 points de pourcentage en cas de conditions de marché « difficiles » ou de spéculation. Ce texte sera voté en plénière le 8 juillet pour une entrée en vigueur dès octobre.

Moscou prolonge de trois mois la mesure permettant aux acheteurs étrangers de payer sans passer par Gazprombank, fragilisée par les sanctions américaines. Parallèlement, la Commission européenne planche sur une interdiction totale des nouveaux contrats de gaz russe d’ici fin 2027.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Energie verte

Zoom sur l'énergie verte

Climat, énergie et compétitivité : l’Europe face à ses paradoxes

Macron freine sur les objectifs climatiques 2040

Emmanuel Macron a jeté un pavé dans la mare verte : selon lui, les conditions ne sont pas réunies pour fixer des objectifs climatiques européens à l’horizon 2040. À quelques jours de la présentation d’une proposition législative de la Commission européenne sur le sujet (attendue le 2 juillet), le président français plaide pour un report. Le motif ? Prendre « le temps du débat démocratique », éviter un calendrier « précipité » et surtout, aligner les objectifs écologiques avec les exigences de compétitivité économique. Macron insiste : sans neutralité technologique — c’est-à-dire reconnaissance pleine et entière du nucléaire —, sans investissements massifs, et sans cohérence commerciale (notamment face à l’acier importé de pays très polluants), la stratégie serait déséquilibrée. Mais cette posture, bien que réaliste selon certains, est critiquée par les ONG écologistes qui dénoncent un affaiblissement du leadership climatique de l’UE.

Bruxelles simplifie les aides d’État pour la décarbonation

En parallèle, Bruxelles muscle ses outils. Un nouveau cadre simplifié d’aides d’État, en vigueur jusqu’en 2030, doit faciliter les investissements dans les technologies propres, les carburants bas-carbone, la décarbonation industrielle, ou encore les dispositifs de réduction temporaire des prix de l’électricité. Le message est clair : accélérer la transition sans étouffer l’industrie. Fait notable, les aides au gaz naturel seront désormais conditionnées à des plans crédibles de sortie d’ici 2040. Ce virage met fin à l’approche d’urgence adoptée après la crise russo-ukrainienne, tout en maintenant l’objectif d’une sortie des hydrocarbures russes d’ici 2027.

L’Assemblée Nationale rejette la loi sur la programmation énergétique

Côté hexagonal, l’Assemblée Nationale a repoussé une proposition de loi énergétique clivante. Portant un moratoire sur le solaire et l’éolien, ainsi que la réouverture de Fessenheim, le texte a été jugé techniquement bancal et politiquement opportuniste. Le gouvernement, par la voix de Marc Ferracci, se veut rassurant : le cap reste celui d’un mix équilibré, articulant nucléaire et renouvelables. Mais cette séquence illustre à quel point la transition énergétique est devenue un terrain de lutte politique, entre promesses industrielles, querelles idéologiques et recherche de souveraineté.

– Helder FARIA RUBIO
Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

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