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Trump & droits de douane : quelles répercussions sur l’énergie ?

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Au croisement de décisions géopolitiques, énergétiques et économiques, la doctrine Trump « Drill, baby, Drill ! « , illustre la stratégie du président américain visant à faire des États-Unis un leader mondial de l’énergie en intensifiant l’exploitation des ressources fossiles nationales.

Cette politique, amorcée dès son premier mandat, s’accompagne d’une approche commerciale agressive, marquée par l’annonce de nouveaux droits de douane et un recours accru aux instruments protectionnistes.

La Maison-Blanche justifie ces mesures par la volonté de protéger les entreprises américaines, d’assurer la sécurité énergétique nationale et de générer des milliards de dollars d’énergie pour soutenir l’économie des États-Unis. Mais quel impact aura-t-elle sur les marchés mondiaux de l’énergie ? 

🔦 Lumière sur les thèmes abordés dans cet article

Droits de douane de Trump : quel impact sur les marchés de l’énergie ?

Les nouvelles mesures douanières de Donald Trump

Bien que les produits énergétiques — pétrole, gaz naturel et produits raffinés — aient été partiellement exemptés, la menace d’une guerre commerciale globale et l’imposition de taxes sur d’autres secteurs ont suffi à déstabiliser les marchés.

Au début du mois d’avril 2025, Donald Trump a signé un décret imposant des droits de douane généralisés à hauteur de 10 % sur toutes les importations de 185 états : ce qu’il nomme lui-même le Liberation Day. Le but ? Rééquilibrer la balance commerciale de la puissance mondiale, et ne plus être dépendant des importations étrangères. 

Les pays étant en excédant sur la balance de commerce international se voient subir des taux encore plus élevés, jusqu’à 145 % pour la Chine, et 20% prévus pour l’Union Européenne.

Cette annonce d’augmentation des droits de douane a provoqué des chocs graves, qualifiés comme « historiques » par certains acteurs. Sur les marchés de l’énergie et financiers à l’échelle du monde entier, une chute immédiate du prix du pétrole de plus de 6 % a eu lieu, portant une forte volatilité sur les marchés.

La Chine a lancé une enquête sur les importations américaines et imposé ses propres barrières douanières, accentuant ainsi les tensions. L’Union européenne, de son côté, est restée sur une position relativement observatrice, proposant la suppression des droits sur certains produits énergétiques pour préserver la sécurité d’approvisionnement, tout en préparant des mesures de rétorsion ciblées.

Le président américain en route pour bouleverser le marché énergétique mondial

L’impact des droits de douane instaurés par Trump présente des effets variés selon les sous-secteurs de l’énergie.

  • Le pétrole brut, bien qu’exempté de tarifs directs, subit des conséquences indirectes liées à la volatilité des marchés et aux tensions commerciales mondiales.
  • Le gaz naturel liquéfié (GNL), qui se trouve au centre des négociations entre les États-Unis et l’Union européenne, voit son marché affecté par les fluctuations des prix et les exigences américaines d’achats massifs.
  • Enfin, les énergies renouvelables, malgré leur promotion en tant qu’alternatives durables, risquent d’être freinées par les droits de douane sur les technologies vertes importées (en particulier celles en provenance de Chine) ce qui pourrait ralentir leur déploiement à échelle mondiale — le tout amplifié par le coup de frein de Donald Trump et la sortie des États-Unis des Accords de Paris, effectif en janvier 2026.

Le GNL au cœur des négociations internationales : la stratégie américaine pour dominer le marché énergétique

L’énergie s’impose aujourd’hui comme un élément stratégique majeur dans les relations commerciales internationales, particulièrement pour le secteur du gaz.

Les mesures protectionnistes de Trump ont des conséquences géopolitiques significatives : réduire la dépendance aux sources étrangères et capter une part croissante des exportations mondiales de GNL.Cette démarche vise à rééquilibrer la balance commerciale entre les deux puissances et éviter l’application de droits de douane généralisés.

Dans ce contexte, les États-Unis, par la voix de Donald Trump, ont formulé une proposition claire à l’Union européenne : acheter massivement du gaz naturel liquéfié (GNL) américain, pour une valeur de 350 milliards de dollars.

« Nous avons un déficit commercial de 350 milliards de dollars avec l’UE, et il disparaîtra rapidement. » – annonce le titulaire de la présidence américaine Trump. 

Face à cette proposition, l’Union européenne adopte une approche pragmatique et mesurée. Elle privilégie une réduction de ses objectifs d’achat de gaz naturel, tout en explorant d’autres pistes de négociation industrielle et en optimisant ses dépenses énergétiques.

Cette situation s’inscrit dans une stratégie plus large des États-Unis, qui cherchent à s’imposer comme leader sur le marché mondial du GNL.

Ce processus s’accompagne d’efforts pour attirer les entreprises manufacturières sur le sol américain, même si une partie de la fabrication reste dépendante de sources étrangères. Le recours à cette loi sur les pouvoirs économiques d’urgence permet à Trump d’imposer rapidement de nouvelles barrières douanières et de modifier les règles du jeu mondial.

Quels impacts sur le marché du gaz ?

Les exportations de gaz américain vers l’Europe

Dans ce nouveau contexte de guerre commerciale à venir, les exportations de GNL américain vers l’Europe continuent de progresser, l’Union européenne cherchant à diversifier ses sources après la sortie progressive du gaz russe en 2027. 

L’évolution des prix du gaz naturel

Depuis mi-mars, les marchés de l’énergie connaissent une instabilité. Le prix du gaz naturel sur le marché européen oscille, avec des perspectives de stabilisation, voire de baisse, grâce à l’arrivée massive de nouveaux approvisionnements depuis les États-Unis et le Qatar. Cependant, les contrats à terme indiquent que les prix pourraient rester élevés dans les prochaines années, en raison des tensions commerciales persistantes et de l’inflation importée via les barrières douanières.

Les conséquences pour les importateurs européens

Les entreprises européennes, confrontées à la hausse des droits de douane et à la volatilité des marchés, doivent adapter leur stratégie d’approvisionnement. Les importateurs de gaz bénéficient temporairement de la suppression des droits sur ces produits, mais restent exposés à la possibilité d’un retour des tarifs et à la pression sur les coûts industriels liés à l’énergie.

Les entreprises européennes se voient contraintes d’ajuster leur stratégie d’approvisionnement, car par ailleurs, la pression sur les coûts industriels persiste.

Pour limiter ces risques, de nombreuses entreprises optent pour une diversification de leurs sources d’approvisionnement, investissent dans l’efficacité énergétique et se tournent vers des solutions renouvelables, dans une démarche proactive et responsable.

Les alternatives énergétiques envisagées

Face à ces défis, l’Union européenne accélère ses efforts pour investir dans les énergies renouvelables et sécuriser l’importation de minerais critiques nécessaires à la transition énergétique. 

L’impact environnemental des politiques de Trump présente des enjeux contrastés : la promotion des énergies fossiles et le ralentissement possible de la transition vers les énergies renouvelables, notamment à travers l’instauration de droits de douane sur les technologies vertes venant de Chine, risquent de freiner les efforts mondiaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. De l’autre, la nécessité de diversifier les sources d’énergie pourrait favoriser l’émergence de nouvelles solutions innovantes et encourager les investissements dans des technologies plus durables et respectueuses de l’environnement.

La réunion à Bercy du 8 avril : l’industrie française face au choc des droits de douane

Le mardi 8 avril 2025, le ministère de l’Économie de Marc Ferracci a réuni à Bercy les représentants des principales filières industrielles françaises (énergie, transports, biens de consommation, ou encore santé) pour une enquête approfondie sur les effets immédiats de ces mesures en France, laissant par ailleurs les entreprises exprimer leurs inquiétudes.

Les débats ont également souligné l’importance de monter une stratégie européenne unie, fondée sur l’unité, la fermeté et la proportionnalité, pour éviter une escalade dans la guerre commerciale tout en préparant des mesures de rétorsion ciblées.

Cette réunion s’inscrit dans une séquence plus large de mobilisation industrielle et énergétique, alors que la France doit publier sa nouvelle feuille de route énergétique et renforcer sa souveraineté face aux tensions internationales.

Quelles infos retenir ? 

La Maison-Blanche, sous l’impulsion de Trump, poursuit une politique de protectionnisme offensif pour renforcer la sécurité énergétique nationale, tout en utilisant l’imposition de taxes comme levier dans les négociations internationales. Les États-Unis espèrent ainsi attirer davantage d’investissements industriels (en produisant sur place, il y aura moins de frais d’import), réduire l’impôt sur le revenu grâce aux recettes issues des nouveaux droits, et imposer leur modèle au monde entier. Mais le risque d’une guerre commerciale prolongée, d’une inflation persistante et de chocs graves sur les marchés de l’énergie reste élevé pour les prochaines années.

💡 Les 5 points clés de cet article : 

  1. Nouvelles mesures douanières massives : Trump impose des droits de douane généralisés de 10% sur les importations de 185 états, avec des taux allant jusqu’à 145% pour la Chine et 20% pour l’UE.

  2. Impact immédiat sur les marchés énergétiques : Chute de 6% du prix du pétrole et forte volatilité des marchés, malgré l’exemption partielle des produits énergétiques (pétrole, gaz naturel, produits raffinés).

  3. Pression sur l’Europe : Les États-Unis demandent à ce que l’UE réalise un achat massif de GNL américain (350 milliards de dollars) pour éviter l’application de droits de douane généralisés.

  4. Stratégie américaine de domination : Les USA cherchent à s’imposer comme leader mondial du GNL en réduisant la dépendance aux sources étrangères et en attirant les entreprises manufacturières sur leur sol.

  5. Réaction européenne : L’UE accélère ses investissements dans les énergies renouvelables et cherche à sécuriser l’importation de minerais critiques, tout en diversifiant ses sources d’approvisionnement énergétique.

À consulter également : Lisez notre Hebdo de l’énergie du 11 avril. 

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