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Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 25 avril 2025

Champ de campagne avec éoliennes au coucher du soleil et texte en français sur l’actualité marché énergie avril 2025, présentant l’évolution des marchés du gaz et de l’électricité pour la semaine se terminant le 25 avril 2025.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 25 avril 2025.

Marché de l'électricité

Électricité et Carbone : signaux faibles, prudence forte

En Europe, les prix spot de l’électricité poursuivent leur décrue, portés par une montée en puissance du solaire sous un ciel plus généreux. Mais si le soleil brille, l’éolien reste à la peine, maintenant une charge résiduelle élevée qui rappelle la dépendance persistante aux énergies thermiques, et donc aux marchés volatils. Ce contraste illustre un désalignement entre production renouvelable et besoins réels, dans un contexte où la consommation diminue avec la hausse des.

températures

Côté carbone, le marché des quotas (EUA) montre des signes de fatigue. Le contrat décembre 2025 oscille autour des 65 €/t, plombé par la baisse du gaz et un essoufflement de la spéculation. Le gaz bon marché rend en effet les centrales thermiques moins consommatrices de quotas, affaiblissant ainsi la pression haussière.

À la une

Trop de soleil, pas assez de prises

À l’heure où la transition énergétique s’accélère, le système électrique français montre de sérieuses faiblesses. C’est l’avertissement lancé par Luc Rémont, PDG sortant d’EDF, lors d’une audition au Sénat. Alors que les prévisions tablent sur une consommation électrique de 650 à 700 TWh à l’horizon 2040, la réalité stagne autour de 400 TWh. En clair : la demande n’avance pas au rythme de l’électrification promise.

L’intermittence en question

Paradoxalement, le développement des énergies renouvelables – notamment solaires – pourrait déstabiliser davantage le réseau. La multiplication des demandes de raccordement entraîne une saturation aux heures de forte production. Résultat : les prix de l’électricité deviennent négatifs, et certaines installations solaires sont contraintes de s’arrêter… tout en continuant d’être rémunérées via les contrats pour différence (CFD). En 2023, la France a connu 361 heures de prix négatifs, un record.

Un appel à la hiérarchisation

Face à ce déséquilibre grandissant entre production et consommation, Luc Rémont appelle à une refonte des priorités de raccordement. Selon lui, il faut favoriser les projets réellement utiles au système – notamment ceux portés par l’industrie en quête de décarbonation – plutôt que d’alimenter une surproduction contre-productive.

Passage de témoin

Ce signal d’alarme intervient à un moment charnière : Luc Rémont s’apprête à passer le relais à Bernard Fontana, PDG de Framatome. Le nouveau patron devra naviguer entre ambitions climatiques, équilibre du réseau et impératifs économiques.

Les tendances électricité de la semaine par notre expert​

Chocs de marché et virage vert

Face aux vents contraires de l’économie mondiale et à l’incertitude commerciale, le géant italien de l’énergie Eni réduit ses investissements pour 2025. L’objectif : absorber plus de 2 milliards d’euros d’impacts potentiels. Le capex brut passe sous les 8,5 milliards d’euros, contre 9 initialement prévus, tandis que le net descend sous les 6 milliards. Pourtant, Eni reste confiant sur sa production d’hydrocarbures, avec un maintien à 1,7 million de barils équivalent pétrole par jour.

En revanche, les ventes de gaz plongent de 22 % au premier trimestre, notamment en Italie et en Turquie. Résultat : un bénéfice net en recul de 3 %, à 1,2 milliard d’euros. Lueur d’espoir : sa filiale verte, Plenitude, affiche une hausse de 37 % de sa capacité installée, portée par ses projets solaires et éoliens en Europe et aux États-Unis.

Dans le Nord de l’Europe, les prix de l’électricité flambent. La météo sèche, combinée à une production éolienne anémique, fait grimper les contrats à terme à des sommets de dix semaines. Le déficit hydrologique s’accentue, mettant la pression sur les prix spot, déjà en forte hausse.

La proposition norvégienne d’un tarif fixe pour les ménages à 34 €/MWh dès octobre agite les voisins. Critiquée par les opérateurs et régulateurs suédois, cette mesure menace, selon eux, la flexibilité du système électrique et l’équilibre offre-demande. En protégeant les consommateurs, Oslo pourrait bien déséquilibrer tout un marché.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Marché du gaz

Gaz et GNL : entre illusion et réalité

Le gaz européen voit ses prix glisser sous les 34 €/MWh, nourris par une météo clémente et des stocks qui se remplissent deux fois plus vite que l’an dernier. Cette abondance apparente pousse le Parlement européen à revoir à la baisse son objectif de remplissage à 83 %, une décision largement anticipée par les marchés. Pourtant, derrière cette accalmie se cache une vérité plus contrastée : les niveaux de stockage restent inférieurs à ceux de 2024, et la demande asiatique pourrait rebattre les cartes.

Sur le front du GNL, les prix chutent à leur plus bas niveau en un an, profitant à l’Europe. La baisse des importations chinoises — près de -10 % — et une concurrence japonaise accrue redistribuent les flux, offrant des opportunités d’achat à court terme. Mais attention au retour du balancier : une canicule estivale en Asie pourrait renverser la tendance et tendre l’offre.

À la une

L’Europe face à l’ombre de Moscou

Deux ans après le choc de l’invasion de l’Ukraine, l’Europe tâtonne encore sur la voie de l’indépendance énergétique. Si les importations d’uranium enrichi russe ont été réduites, elles demeurent un maillon sensible : 38 % de l’approvisionnement provient encore de Russie.

Distorsions de marché et dumping masqué

Selon Urenco, spécialiste européen de l’enrichissement, une partie des volumes russes continue d’affluer via la Chine, perturbant les prix européens par des offres à bas coût. Un dumping déguisé qui fragilise les acteurs occidentaux.

Hidde Baars, porte-parole d’Urenco, appelle à des mécanismes antidumping et à un mandat renforcé pour l’agence Euratom afin de surveiller les contrats encore liés à Moscou.

Des alternatives crédibles mais lentes à mobiliser

Des efforts notables ont été faits : Urenco et Orano proposent une offre européenne indépendante, et de nouveaux contrats ont été signés avec Framatome ou Westinghouse. Mais la substitution est lente, notamment pour les 19 réacteurs de conception soviétique encore dépendants des combustibles russes.

Un réveil stratégique encore inachevé

Selon Fatih Birol, directeur de l’AIE, l’Europe n’a pas tiré toutes les leçons de la crise de 2022. Le risque d’un choc énergétique persiste, entre guerre, dérèglements climatiques et tensions commerciales croissantes. Sans stratégie robuste et coopération internationale, la résilience du système énergétique reste fragile.

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

L’Europe ajuste ses tuyaux

La compagnie italienne Eni mise sur une résurgence énergétique de l’Égypte, qui pourrait redevenir un exportateur net de gaz vers l’Europe d’ici deux ans. Grâce à de nouveaux projets gaziers en amont et à un développement parallèle des renouvelables, Le Caire pourrait libérer davantage de volumes pour l’export. Un exemple concret : l’accord signé avec Chypre pour exploiter des réserves offshores, dont la production pourrait démarrer fin 2027. Eni et Shell exploitent déjà les infrastructures GNL du pays, orientées principalement vers le marché européen.

Le Parlement propose de ramener l’objectif de remplissage de 90 % au 1er novembre à 83 % entre le 1er octobre et le 1er décembre. L’idée : introduire de la flexibilité, sans pour autant baisser la garde. Les États membres pourraient déroger légèrement à ces objectifs en cas de tensions sur les marchés. Un compromis sous examen qui pourrait être validé dès cet hiver.

À Londres, le Premier ministre britannique Keir Starmer a martelé un message clair : tourner la page de la dépendance au gaz russe. Il appelle à renforcer les interconnexions européennes pour contrer le « chantage énergétique » du Kremlin. Malgré l’embargo britannique sur le GNL russe, la volatilité du marché européen continue d’affecter le Royaume-Uni, preuve que l’indépendance énergétique reste, plus que jamais, un enjeu stratégique.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Energie verte

Zoom sur l'énergie verte

Surplus, réformes et ambitions contrariées

Nordiques sous pression : des prix au plancher pour l’hydroélectricité

Les garanties d’origine (GO) nordiques, ces certificats attestant de la production d’énergie renouvelable, poursuivent leur chute. Le certificat Cal 24 s’échange à 0,15 €/MWh, contre 0,20 € une semaine plus tôt. La raison ? Un cocktail d’offre abondante, de volumes échangés atones après Pâques et de fin de période de conformité en Europe. La météo pourrait toutefois redistribuer les cartes. Un été sec, sur fond de faible enneigement hivernal, pourrait renverser la tendance.

Royaume-Uni : une relance industrielle sous pavillon vert

Outre-Manche, le gouvernement de Rishi Sunak injecte 300 millions de livres pour muscler la filière domestique de l’éolien offshore, via l’entreprise publique GB Energy. Objectif : attirer des milliards d’investissements privés et sécuriser les chaînes d’approvisionnement. Ed Miliband, ministre de l’Énergie, affirme vouloir « reprendre le contrôle » du système énergétique. Mais il reste prudent sur une réforme majeure : l’éventuelle mise en place d’une tarification zonale, vivement critiquée pour ses effets potentiellement inéquitables.

France : vers un compromis historique sur les barrages hydroélectriques

Après des années de blocage, Paris s’apprête à proposer une réforme à Bruxelles sur l’ouverture à la concurrence des concessions hydroélectriques. L’idée ? Transférer la propriété des 25,7 GW de capacité à EDF, Engie et consorts via un nouveau régime d’autorisation. En contrepartie, ces acteurs céderaient une part de leur production à d’autres fournisseurs. Un compromis à la française, censé solder le contentieux avec la Commission tout en maintenant un contrôle public stratégique.

Scandinavie : l’éolien face au mur des prix

En Norvège, la centrale éolienne de Fakken a été mise à l’arrêt, faute de rentabilité. Avec un prix de l’électricité tombé à 1,77 €/MWh en avril dans la zone NO4, les producteurs n’y trouvent plus leur compte. Même son de cloche en Suède, où un comité gouvernemental plaide pour des mécanismes de soutien (CFD) afin de relancer l’investissement dans l’éolien offshore. La transition verte, elle aussi, a besoin de carburant financier.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

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