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Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 16 mai 2025

Des éoliennes sous un ciel bleu avec un texte en français sur l’actualité du marché de l’énergie et l’évolution des marchés du gaz et de l’électricité, incluant la date de clôture des prix au 16 mai 2025.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 16 mai 2025.

Marché de l'électricité

Électricité : quand le ciel dicte le prix

Graphique linéaire montrant les prix de l'électricité de base française (€/MWh) pour les contrats 2026-2028 de février 2024 à juin 2025, reflétant l'actualité marché énergie mai 2025 avec des valeurs de prix évoluant entre 55 et 75 €/MWh.

Le marché de l’électricité européen traverse une période de grande nervosité, moins en raison des fondamentaux économiques que des caprices de la météo. En Allemagne comme en France, les prévisions d’une production renouvelable en berne ont suffi à faire grimper les prix à terme, malgré une demande toujours modérée.

À l’échelle européenne, l’arbitrage devient de plus en plus subtil entre disponibilité immédiate et couverture anticipée. En France, des températures légèrement supérieures à la normale permettent pour l’instant de contenir les tensions, mais la situation reste précaire. En Europe de l’Est, la Hongrie sert d’alerte : production nucléaire ralentie, faiblesse hydraulique, et prix spot qui flambent au-dessus des 100 €/MWh. L’électricité devient un actif hyper-sensible aux aléas climatiques, et les opérateurs doivent composer avec une volatilité saisonnière de plus en plus marquée.

À la une

Climat de tension autour du CBAM : les Balkans demandent des réponses

À l’approche de l’entrée en vigueur du Carbon Border Adjustment Mechanism (CBAM) prévue pour janvier, les pays des Balkans occidentaux tirent la sonnette d’alarme.

Ce mécanisme, perçu comme une “taxe carbone déguisée” sur les importations d’électricité et de produits intensifs en carbone, suscite l’inquiétude des acteurs du secteur. En cause : un manque criant de clarté sur les règles d’exemption et les modalités d’application. “Les décisions d’investissement se prennent maintenant, pas en 2026”, prévient Mark Copley, PDG d’Energy Traders Europe.

Un paradoxe énergétique difficile à avaler

Ironie du sort, l’électricité renouvelable importée pourrait être soumise à cette taxe, malgré l’objectif affiché du CBAM de favoriser la transition verte. De quoi alimenter la frustration des pays non membres de l’UE, mais intégrés au marché énergétique européen via la Communauté de l’Énergie, comme la Serbie ou l’Albanie, et qui aspirent à rejoindre l’Union.

Le nerf de la guerre : la tarification carbone

Faute d’avoir intégré une tarification du carbone dans leurs plans climatiques, les pays des Balkans risquent de se retrouver pénalisés.

Pour Adam Cwetsch, de la Communauté de l’Énergie, l’urgence est à la mise en place d’un système fiable de mesure et de vérification des émissions. Sans cela, toute stratégie – taxe, hybride ou marché carbone – manquera de crédibilité.

Prochain round : Bruxelles, 1er juillet. Le compte à rebours est lancé.

Les tendances électricité de la semaine par notre expert​

 Contrats, stockage et black-out – Trois fronts en tension

EDF et Aluminium Dunkerque (AD), premier consommateur industriel d’électricité en France, viennent de sceller un protocole d’accord décisif : un contrat de fourniture électrique sur dix ans. AD, qui consomme à elle seule près de 1 % de l’électricité nationale, bénéficiera d’un tarif prévisible, assorti d’un acompte significatif, d’un partage équilibré des risques et de garanties d’origine nucléaire. Ce partenariat vise non seulement à protéger AD des soubresauts du marché, mais aussi à soutenir sa stratégie de décarbonation.

Pendant ce temps, en Europe du Sud-Est, le développement du stockage d’énergie est freiné par l’absence de cadre réglementaire clair. Les marchés d’équilibrage sont saturés, la réglementation sur la sécurité ou le foncier souvent inexistante, et les incitations publiques limitées. Pourtant, l’enjeu est stratégique : Aurora Energy Research anticipe 9 GW de batteries d’ici 2030, portés par la sortie progressive du charbon et l’essor des renouvelables. Des pays comme la Serbie prennent les devants, mais la région a besoin d’un signal fort pour attirer les capitaux.

Enfin, retour sur la panne massive du 28 avril en péninsule ibérique. Selon Madrid, les pertes de production à l’origine du black-out – près de 2,2 GW – ont démarré dans le sud du pays. Le réseau n’est pas en cause, mais deux oscillations détectées peu avant la coupure intriguent les enquêteurs. Le gouvernement espagnol épluche des millions de données pour comprendre l’engrenage. Une chose est sûre : la fragilité énergétique se rappelle parfois brutalement à nous.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Marché du gaz

Gaz : un calme apparent qui masque de fortes tensions

Graphique linéaire montrant les prix du Gaz FR PEG (€ par MWh) pour Cal 26, Cal 27 et Cal 28 de janvier 2024 à avril 2025, reflétant l'actualité marché énergie mai 2025, avec Cal 26 fluctuant le plus.

Le marché européen du gaz affiche une stabilité trompeuse. Les prix, notamment sur le TTF néerlandais, oscillent autour des 35 €/MWh, soutenus mais sans emballement. Pourtant, les signaux de fond indiquent que cette accalmie pourrait vite céder la place à une nouvelle phase de tensions. La maintenance des infrastructures norvégiennes, combinée à une météo clémente et à une demande asiatique modérée, maintient les équilibres. Mais ces derniers restent fragiles. En Allemagne, les objectifs de stockage pour l’hiver ont été revus à la baisse, et toute perturbation pourrait faire dérailler le marché.

Les capacités de stockage en France, bien qu’intégralement allouées pour l’hiver 2025-2026, ont été vendues à un prix deux fois inférieur à l’an dernier. Une anomalie révélatrice des incertitudes actuelles. Les acteurs choisissent la prudence, en remplissant les réserves… sans réelle visibilité sur l’évolution des prix.

À la une

l’Allemagne face à l’impasse énergétique de 2030

Alors que l’Allemagne poursuit sa sortie du charbon et du nucléaire, une course contre la montre s’engage pour assurer sa capacité de production de base.

Berlin prévoit de construire jusqu’à 20 GW de nouvelles centrales à gaz d’ici 2030, mais l’objectif semble déjà hors d’atteinte. « Nous n’y arriverons probablement pas à temps », admet Mark Helfrich, député CDU, soulignant les lenteurs législatives et contractuelles.

Des ambitions freinées par la réalité

Face à une demande croissante de flexibilité — indispensable pour compenser l’intermittence des renouvelables — le débat sur la nature des futures capacités bat son plein.

Gaz, hydrogène ou hybride ? Le flou persiste, ralentissant le processus. Nikolaus Valerius, PDG de RWE Generation, tire la sonnette d’alarme : chaque mois perdu rend le chantier plus incertain.

Une urgence devenue politique

La nouvelle ministre de l’Économie, Katharina Reiche, tente de rassurer : « Nous allons démarrer ces installations dès que possible ». Mais sur le terrain, la dynamique reste poussive.

L’Allemagne débat depuis plus de deux ans de la taille et du type d’infrastructures à bâtir. Et pendant ce temps, le risque d’un trou dans la raquette énergétique se précise.

Le dilemme énergétique allemand s’intensifie : entre ambition verte et besoin de stabilité, la transition reste un équilibre fragile à trouver — et vite.

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

Gaz Russe : Le pari improbable de l’éviction totale

Malgré la volonté affichée de la Commission européenne de bannir les importations de gaz russe d’ici 2027, le scénario d’un adieu définitif semble s’éloigner. À Oslo, Rystad Energy a jeté un pavé dans la mare : selon leurs projections, le gaz russe continuera à couler via le gazoduc TurkStream au-delà de l’échéance. Pourquoi ? Car les sanctions exigent l’unanimité. Or, des pays comme la Hongrie et la Slovaquie dénoncent un « suicide économique » et freinent des quatre fers.

Le pragmatisme prime sur les promesses. Même si la part du gaz russe dans la consommation européenne est passée de 38 % en 2019 à moins de 3 % aujourd’hui, son élimination complète semble improbable. Le gaz russe reste bon marché, et les mécanismes de contrôle sur les mélanges comme le “Turkish Blend” sont flous. Résultat : sous une autre étiquette, le gaz russe pourrait continuer d’alimenter l’UE, notamment via la Hongrie qui détient un contrat jusqu’en 2036.

Et l’alternative méditerranéenne ? Illusoire. L’Égypte, jadis espoir gazier, a cessé ses exportations. Israël, bien que producteur, alimente prioritairement ses voisins. Le projet Poseidon, seul espoir concret, est encore au stade embryonnaire. En somme, l’UE parle beaucoup, mais agit peu.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Energie verte

Zoom sur l'énergie verte

Renouvelables : entre volonté politique et blocages structurels

Engie freine aux États-Unis : l’IRA dans le flou

Engie suspend ses investissements dans les énergies renouvelables et les batteries aux États-Unis, citant l’incertitude sur la politique douanière de l’administration Trump et l’avenir de l’Inflation Reduction Act (IRA). Catherine MacGregor, PDG du groupe, préfère temporiser face au retour annoncé de Trump et au flou réglementaire américain. En jeu : 35 GW de projets nord-américains, soit près d’un tiers du portefeuille global d’Engie.

Allemagne : ambition verte, facture salée

Chez nos voisins allemands, le réalisme s’impose. Christoph Mueller, PDG du gestionnaire Amprion, remet en question l’objectif de neutralité carbone dès 2045, estimant son coût à 300 milliards d’euros. Il propose de revoir à la baisse les ambitions pour éviter de sacrifier le niveau de vie allemand. Alors que le gouvernement prévoit 20 GW de capacités gaz pour sécuriser le mix, le débat se crispe autour de la flambée des coûts de raccordement, exacerbée par l’explosion de l’autoproduction d’électricité.

Réseaux européens : goulots d’étranglement systémiques

La transition verte européenne se heurte à un réseau électrique inadapté. Une étude conjointe révèle que 1 700 GW de projets renouvelables attendent un raccordement, bien plus que les besoins pour 2030. Des plans de développement désuets et une gouvernance inerte bloquent la modernisation indispensable. Sept pays ont déjà perdu 7,2 milliards d’euros d’électricité renouvelable cette année, faute d’infrastructure adéquate.

Hydrogène vert : le Danemark trace sa voie

Enfin, une note d’optimisme. Au Danemark, European Energy inaugure la première usine commerciale d’e-méthanol à grande échelle. Cette installation, adossée à un électrolyseur de 52 MW, illustre le potentiel du power-to-x. Mais le secteur réclame davantage de soutien politique et des cadres réglementaires clairs pour croître.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

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