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Production nucléaire en France : EDF annonce l’arrêt de nouveaux réacteurs

Les silhouettes de deux grandes tours de refroidissement se dressent au milieu des arbres et des terrains découverts dans la France nucléaire, avec le soleil bas dans le ciel, projetant une douce lueur sur la scène.

Le réseau nucléaire français est mis à mal, EDF le fournisseur historique d’électricité l’a annoncé récemment via son site Internet. Le communiqué de presse annonce la prolongation ou la mise à l’arrêt de nouveaux réacteurs du parc nucléaire en France. 

L’état du réseau inquiète

De nouveaux réacteurs mis à l’arrêt

Ce sont trois nouveaux réacteurs qui sont touchés par ces annonces. Les réacteurs de Cattenom 3, Chinon 3 et Bugey 4 vont donc être mis à l’arrêt dans les prochains mois.

D’autres réacteurs comme celui de Flamanville 2 vont être contrôlés plus longtemps qu’il n’était prévu. Si certains arrêts étaient déjà programmés, ils ont également été prolongés. C’est le cas des réacteurs 1 des centrales de Penly et de Chooz. Leur production sera suspendue respectivement jusqu’aux 31 octobre et 31 décembre.

La cause évoquée : les problèmes de corrosion

Une revue documentaire a été réalisée sur l’ensemble du parc français. Cette revue a confirmé des problèmes de corrosion déjà identifiés sur quatre réacteurs. Ce phénomène de corrosion reste inexpliqué et touche les systèmes de sécurité propres à la production nucléaire. En effet, ce sont les circuits qui serviraient à noyer le réacteur si celui-ci venait à fondre qui sont aujourd’hui touchés. Le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a qualifié cet évènement de « sérieux ». La sécurité de ces sites ne peut effectivement pas être prise à la légère. SI ces problèmes venaient à se développer, il faudrait alors choisir entre la sécurité du réseau et la sûreté de l’approvisionnement.

Cette année, ce sont 11 réacteurs sur 56 qui vont être mis à l’arrêt. Cela représente 20% du parc nucléaire français.

La disponibilité nucléaire en France diminue

Cette annonce intervient dans un climat d’instabilité du marché de l’énergie. Les prix de l’électricité sont élevés. En effet, à demande constante, la production française ne suit pas. Les conditions météorologiques joueront un rôle important dans la bonne gestion de la production. En effet, le marché n’est pas à l’abris d’une chute des températures d’ici la fin de l’hiver. Une telle augmentation de la demande risquerait de résoudre le gestionnaire du réseau à stopper l’approvisionnement des gros industriels. RTE, le gestionnaire de réseau, estime que la disponibilité nucléaire française devrait diminuer de 4 à 10 GW d’ici la fin du mois.

De plus, EDF a d’ores et déjà annoncé la révision de son niveau de production pour l’année 2022. En diminuant la production de 330-360TWh à 295-315TWh, le fournisseur d’électricité atteint là des niveaux historiquement bas.

A noter cependant que les prévisions météorologiques sur la période semblent être favorables. La ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, a d’ailleurs annoncé qu’il n’existe pas en France de risque de « black-out ».

Le nucléaire, énergie verte ?

La production d’énergie nucléaire en France est primordiale à la bonne alimentation du réseau. Elle représente en effet 70% de l’électricité produite dans le pays.

Le débat européen

Depuis plusieurs mois, l’Europe tente de mettre en place un élan vers la transition énergétique. Dans le but d’atteindre la neutralité carbone en 2050, l’Union Européenne a mis en place une classification des activités dites « vertes », appelée « taxonomie ». Cette taxonomie fait débat au sein des pays membres. En effet, des pays très dépendants du nucléaire comme la France appuient très fortement l’inclusion du nucléaire à cette classification. D’autres, dont le nucléaire n’est pas la source de production d’électricité principale, s’y opposent.

La commission a récemment présenté son projet sur la taxonomie verte, qui doit maintenant être approuvé par le Parlement Européen.

Très critiqué, des pays comme l’Autriche ou le Luxembourg ont déjà annoncé leur souhait de contester ce texte en justice. L’Allemagne quant à elle explique ne pas mettre de côté l’éventualité de se joindre à cette action en justice. 

Sous quelles conditions le nucléaire peut-il intégrer la taxonomie ?

La taxonomie a pour but de réduire les émissions de CO2 sur le territoire. Pour cela, elle intègre les activités émettant moins de 100g d’équivalent CO2 par kWh. Des exceptions s’ajoutent à cette première catégorie. En effet, des activités dites de « transition » peuvent prétendre bénéficier des avantages financiers de la taxonomie. Ces activités n’ont pas d’équivalent « bas carbone », mais tendent vers une démarche de décarbonation.  Dans leur secteur respectif, elles démontrent les meilleures performances en termes d’émission de CO2.

La production d’énergie nucléaire entre donc dans cette catégorie. Des conditions sont toutefois posées :

  • Le permis de construire de la centrale doit être émis avant 2045
  • Des solutions doivent être prévues pour gérer le traitement et le démantèlement des déchets nucléaires
  • Les projets concernant des réacteurs existants doivent eux être mis en place avant 2040

L’espoir d’un investissement conséquent

La production d’énergie nucléaire en France est primordiale à la bonne alimentation du réseau. Elle représente en effet 70% de l’électricité produite dans le pays. Si l’énergie nucléaire est qualifiée par la Commission Européenne d’énergie « verte », des investissements financiers pourraient donc être réalisés. Les investisseurs seraient en effet plus prompts à s’engager sur un projet favorisant la transition énergétique.

Le plan de relance du nucléaire français

Ces annonces justifient donc, pour le bien du nucléaire français, la commande de nouveaux EPR par EDF. En effet, alors que les retards s’accumulent sur les travaux de la centrale de Flamanville, Emmanuel Macron annonce à Belfort le plan de relance du nucléaire.

Si la France pousse autant l’intégration du nucléaire à la taxonomie c’est qu’elle espère lancer la mise en place de nouveaux EPR. En effet, il n’existe pour l’instant sur le territoire qu’un seul projet de construction de réacteur troisième génération. Lancés en 2006, les travaux de l’EPR de Flamanville accumulent aujourd’hui près de dix ans de retard. De plus, les coûts avancés seraient 3 à 6 fois supérieurs au budget initial de 3,3 milliards d’euros.

La construction de 6 nouveaux EPR (et 8 autres en étude) annoncée par le Président doit pouvoir permettre le renouvèlement du parc nucléaire français. Les arrêts de plus en plus récurrents de plusieurs réacteurs réduisent considérablement la production électrique française. Ces nouveaux EPR pourront ainsi soutenir et augmenter la production d’électricité du pays. Ce projet d’une grande ampleur doit permettre d’augmenter de 26 GW supplémentaire la production française.

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