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Non, la France ne dépend pas entièrement de la Russie pour sa consommation de gaz naturel

Une centrale électrique avec de hautes cheminées et de grandes structures se dresse sous un ciel bleu clair, entourée d'arbres au premier plan, soulevant la question : La France dépend-elle du gaz russe ?

Alors que le conflit entre la Russie et l’Ukraine perturbe grandement les marchés de l’énergie, la question se pose de savoir si la France dépend du gaz d’origine russe. Revenons alors sur l’origine des importations de gaz naturel en France mais aussi en Europe.

La France est dépendante des importations de gaz naturel

La France n’étant pas un pays producteur de gaz, elle importe la quasi-totalité de ses besoins depuis d’autres pays.

En effet, la France ne dispose en 2020 que d’une capacité d’injection dans le réseau de 3,9 TWh/an. Toutefois, plus d’un millier de projets en cours de développement pourraient apporter une capacité supplémentaire de 26,5 TWh/an.

Ainsi, afin d’assurer la sécurité de son approvisionnement, le maître mot de cette politique d’importation est la diversité.

Sur les 534 TWh PCS importés en France en 2020, la répartition s’effectuait de la manière suivante :

  • La Norvège : 36%
  • La Russie : 17%
  • L’Algérie : 8%
  • Les Pays-Bas : 8%
  • Le Nigéria : 7%

Ainsi, en diversifiant la provenance de ses importations, la France bénéficie d’une certaine sécurité. A l’échelle européenne cependant, les importations russes représentent 41% des importations (contre 16% pour la Norvège). La Russie, bien que 2ème producteur mondial de gaz naturel derrière les Etats-Unis, se place ainsi en tant que premier exportateur mondial.

De plus, la France a fait le choix de diversifier l’origine du gaz naturel qu’elle importe. Ainsi, la proportion de gaz naturel liquéfié (GNL) est chaque année à la hausse. Cela fait donc les affaires des Etats-Unis, pays réalisant une grande quantité d’exportations.

Les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie

Le poids géopolitique de gaz naturel se fait sentir dans ce contexte belliqueux entre la Russie et l’Ukraine. Les conséquences envisagées de cette crise diplomatique sur les marchés du gaz et de l’électricité inquiètent aussi bien l’Union Européenne que Moscou.

Le projet Nord Stream 2 mis à mal

L’Allemagne a annoncé mettre fin à la certification du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne. Notre voisin européen a également annoncé acheter pour 1,5 milliards d’euros de GNL. Ce gazoduc Nord Stream 2 relie la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique, en support au premier gazoduc Nord Stream 1. Ce passage permettait à priori d’éviter l’Ukraine et les possibles crises diplomatiques avec la Russie. Cette annonce de Berlin a aussitôt mis à mal les sociétés ayant investis dans ce projet. En effet, la société Suisse qui gère Nord Stream 2 a déposé une demande d’insolvabilité et licencié ses employés quelques jours seulement après cette nouvelle.

Les financements de Nord Stream 2 étaient répartis entre le géant Gazprom (pour 50%) et 5 entreprises énergétiques européennes qui se partageaient à parts égales les 50% restant. Sur ces cinq sociétés, 3 ont annoncé se retirer du projet. Seuls le français Engie et l’allemand Uniper n’ont pas annoncé leur retrait.

Engie a annoncé dans un communiqué qu’en tant que prêteur, il est « exposé à un risque de crédit pour un montant maximal de 987 millions d’euros qui pourrait se matérialiser notamment en cas de dépôt de bilan ».

Pour l’heure, les différentes sanctions économiques portées par les instances européennes et internationales ont davantage intensifié les importations de GNL depuis les Etats-Unis. En effet, le GNL peut être directement importé jusqu’aux terminaux méthaniers indépendamment du réseau des gazoducs qui transportent le gaz depuis la Russie.

À propos du gazoduc Yamal-Europe : Long de 4 000 km, le gazoduc Yamal-Europe est exploité par le géant russe Gazprom. Il permet de livrer plus de 30 milliards de mètre cubes de gaz chaque année depuis la péninsule de Yamal en Arctique. Cependant, Yamal-Europe transite par la Biélorussie qui obtient des frais de transit pour le passage du gazoduc sur son territoire. Le président biélorusse a, à plusieurs reprises, évoqué la possibilité de suspendre le fonctionnement du gazoduc.

Quelles solutions à court et long terme ?

À l’échelle européenne, se passer du gaz russe n’est pas sans difficulté. En effet, l’importation en masse de gaz naturel liquéfié (GNL) nécessite certaines spécificités techniques. En effet, le GNL nécessite d’être regazéifié grâce à des terminaux. Cependant, à l’heure actuelle ces terminaux sont peu nombreux et croulent sous la demande. La construction de terminaux ne saurait se faire avant quelques années, l’importation massive de GNL ne pourrait donc être une solution à court terme. De plus, la forte concurrence au niveau mondial entrainerait un resserrement de l’offre et une hausse des prix.

Ainsi, pour suffire à la demande en hausse chaque hiver, que ce soit à l’échelle nationale comme européenne, il est envisageable de se tourner vers la production énergétique au charbon. L’Allemagne et la Pologne sont les principaux exportateurs d’énergie produite grâce aux centrales au charbon. Cette décision signifierait donc un recul des politiques environnementales prises dans le cadre d’une production énergétique décarbonée.

Le point de vue de l’Agence Internationale de l’Energie

Toujours est-il que l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a annoncé jeudi 3 mars 2022 que l’Union Européenne réduirait de 30% ses imports de gaz russe. En une année, ce sont donc 50 milliards de mètres cubes de gaz russe qui devraient ne pas transiter par les gazoducs gérés par Moscou. Si l’Europe choisie effectivement de se tourner vers le charbon et le pétrole, cette réduction pourrait atteindre 80 milliards de mètres cubes par an.

L’AEI a donc publié un plan constitué de 10 mesures qui devraient permettre de mettre en œuvre un premier scénario afin de réduire ces importations. L’agence annonce donc l’augmentation des importations depuis la Norvège et l’Azerbaïdjan (de 10 Gm3), l’augmentation de l’importation de GNL (de 60 Gm3, avec les conséquences que nous avons exposé plus tôt) ainsi que le développement des projets renouvelables. La construction de ces projets prendrait quelque temps et nécessiterait donc l’accélération des délais d’autorisation. Cela permettrait de réduire d’encore 6 Gm3 les importations de gaz russe en augmentant de 20 TWh la production locale d’électricité.

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