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Marché de l’énergie : analyse de la semaine du 22 août 2022

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Nos experts analysent l’évolution des prix du marché de l’énergie (gaz, électricité, pétrole, charbon et émissions) pour la semaine du 22 août 2022. Découvrez dans cet article leurs perspectives pour les semaines à venir.

Marché de l’électricité

Les prix de l’électricité atteignent des sommets

Cette semaine, la courbe de long terme sur les marchés de gros de l’électricité en France et en Europe poursuit sa forte tendance haussière des semaines précédentes. En effet, les prix du contrat CAL 23 Baseload ont augmenté de + 404,42 €/MWh en clôturant à 1 130 €/MWh (nouveau sommet historique) ce vendredi 26 août, soit une hausse significative de +55,74 % en une semaine. Le graphique ci-dessous illustre l’explosion des prix de l’électricité depuis début 2022 avec une augmentation de +1 002,72 €/MWh (soit +787,81 %).

Une disponibilité nucléaire encore affaiblie en France

Entre les arrêts liés à des opérations de maintenance et ceux liés à la corrosion, la disponibilité du parc nucléaire français est inférieure à 50 %. Cette situation semble s’empirer à court terme avec l’annonce d’EDF en fin de semaine quant à la prolongation de l’arrêt de 4 réacteurs. Au total, 32 réacteurs sont à l’arrêt actuellement. Cette annonce est source de tensions sur le marché de l’électricité et impacte les prix à la hausse. Les prévisions de production nucléaire sont au plus bas pour cet hiver. Avec une production renouvelable faible, la France se retrouve obligée d’importer de l’électricité via ses interconnexions existantes avec les pays européens, et du gaz afin de faire fonctionner ses centrales à gaz pour répondre à la demande.

Une tension soutenue par les prix du gaz

Les livraisons de gaz russe via le gazoduc Nord Stream 1 sont toujours à 20 % de leurs capacités depuis juillet. Cette baisse des flux impacte fortement le marché en poussant les prix à la hausse. Malgré le recours au GNL pour palier le manque d’offre de gaz russe, la France et l’Europe font face à une explosion des prix du gaz. L’annonce de Gazprom d’un nouvel arrêt complet des livraisons de gaz via le gazoduc pour maintenance a eu un effet haussier sur le marché du gaz bien que cette maintenance soit prévue pour une durée de 3 jours. La situation est très tendue, d’autant qu’il y a un risque de voir cet arrêt prolongé. Les prix de l’électricité sont alors impactés de plein fouet puisque le recours aux centrales à gaz est aujourd’hui la solution première de production d’électricité.

Quid de la centrale ukrainienne de Zaporijjia ?

Source de tensions entre l’Ukraine et la Russie depuis plusieurs semaines, la centrale nucléaire de Zaporijjia est au centre des préoccupations européennes. En effet, en raison d’accusations mutuelles de bombardements, la communauté internationale a pris les devants avec l’intervention de l’ONU et de l’AIEA afin de s’assurer d’aucun risque de catastrophe nucléaire. La centrale a entièrement été déconnectée du réseau pendant quelques heures à cause de problèmes sur des lignes électriques en fin de semaine avant d’être reconnectée au réseau par l’Ukraine. Cet évènement participe à la hausse des prix de l’électricité.

L’accentuation du manque de disponibilité nucléaire en France impacte fortement à la baisse les capacités de production d’électricité. Bien que le charbon revienne à la mode en Europe, le recours aux centrales à gaz reste majeur pour la production d’électricité. Les prix de l’électricité suivent l’évolution des prix du gaz en enregistrant une hausse historique. Le marché est plus tendu que jamais et les risques de pénuries sont réels. Les cours devraient rester élevés jusqu’à cet hiver, cependant en raison de l’extrême volatilité du marché, il est difficile de prévoir les prix.

Marché du gaz

Des sommets toujours plus élevés

Cette semaine, la courbe de long terme sur le marché du gaz naturel a subi une hausse record avec des prix frôlant la barre des 300 €/MWh. Les contrats pour une livraison en 2023 (France PEG CAL 23) ont clôturé à 297,35 €/MWh ce vendredi 26 août 2022, soit une hausse constatée de +78,08 €/MWh en une semaine.

Russie vs UE, un combat qui ne fait qu’accentuer la volatilité sur le marché du gaz

Le prix du gaz naturel a subi une hausse encore plus importante par rapport à la semaine dernière. Le levier principal reste (encore) toujours l’arrêt annoncé de Nord Stream I du 31 août au 2 septembre. D’un jour à l’autre, les prix connaissent une volatilité faramineuse. Les agents craignent que les flux ne reprennent pas leur cours habituel après le 2 septembre. Nous assistons à ce qui s’apparente à un « combat de coq », dans la mesure où plus l’UE intensifie ses sanctions envers la Russie, plus le pays trouvera des prétextes pour ne pas fournir de gaz. 

En parallèle, l’ensemble des pays de l’UE essayent de remplir le plus rapidement possible leur capacité de stockage afin de passer l’hiver dans les meilleures conditions possibles. Cela a donc tendance à accentuer encore plus les tensions sur le marché du gaz. L’Allemagne, par exemple, dont la capacité de stockage est de 82,2 %, dépasse largement les objectifs, (75 % d’ici au 1er septembre), ou la France qui a atteint 91,7 % de ses capacités de stockage.

Objectif des pays de l’UE : Limiter la casse sur le court terme, préparer le long terme

De nouvelles alliances sont créées dans le monde entier afin de réduire au maximum la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. C’est notamment le cas du « gazoduc de la paix » inauguré entre la Pologne et la Slovaquie. Ce projet permettra, par exemple, d’acheminer du gaz algérien en Pologne. Cela permettra d’augmenter la liquidité sur le marché du gaz et ainsi apaiser les tensions sur le marché.  Le président français a pu aussi se rendre en Algérie dans le but d’augmenter les livraisons de gaz naturel algérien.

Marché du pétrole

Vers une tendance haussière des prix du brut ? 

En ce qui concerne l’or noir, l’habituelle volatilité des prix mondiaux du brut se retrouve cette semaine. Une tendance baissière avait clairement été constatée avec une baisse notable de la demande mondiale, et une offre globale en hausse (notamment des pays de l’OPEP+). Néanmoins, ce mercredi 24 août, le prix du baril brut de la Mer du Nord (Brent, pour livraison en octobre) atteint son plus haut niveau depuis plusieurs semaines en repassant au-dessus de la barre symbolique de 100 $/baril (101,22 $/baril). Par ailleurs, la publication des stocks américains (réserves stratégiques) par l’EIA (Agence américaine d’information sur l’énergie) cette semaine contribue à la prévision de prix haussiers pour ces prochaines semaines. En effet, ces réserves sont actuellement à leur niveau le plus bas constaté depuis près de 20 ans (juin 2003).

Ce niveau relativement faible témoigne du besoin croissant, surtout en Europe, de pallier au manque de pétrole russe sur le marché, du fait de l’embargo prononcé il y a plusieurs semaines. Les Etats-Unis ont d’ailleurs exporté du brut et des produits raffinés à hauteur de 11 millions de barils par jour, un niveau encore jamais atteint (+40 % en un an). Ces prochaines semaines, l’offre pourrait donc être réduite, même si la Russie redirige déjà largement sa production hors d’Europe, notamment en Asie. La crainte d’une récession mondiale plane toujours, mais pour l’heure les inquiétudes sur l’offre pourrait maintenir le prix du brut proche des 100 $/barils, voire au-delà. Enfin, les exportations du Kazakhstan ont pour la quatrième fois de l’année été interrompues du fait des dommages détectés sur des équipements sous-marins sur la côte de la mer Noire. Un élément supplémentaire à la défaveur de l’offre mondiale.

Du côté de la Chine, la crise sanitaire impose toujours de fortes restrictions à la pleine reprise économique. Les différents confinements successifs commencent d’ailleurs à lasser la population locale. Même si la situation semble s’améliorer, les inquiétudes persistent, et devrait ainsi pour l’heure limiter la demande chinoise de brut. Nous suivrons l’actualité avec attention ces prochaines semaines.

Marché des émissions et du charbon

Un calme (avant la tempête ?) relatif sur les marchés mondiaux du charbon et le CO2 en Europe : 

Du côté du charbon, en Europe, les prix ont connu cette semaine une légère correction à la baisse suite aux fortes hausses constatées ces dernières semaines. Le vendredi 26 août, le prix du charbon européen (Rotterdam API 2) pour une livraison en 2023 atteint 315,66 $/t (-1,02% en une semaine). La demande mondiale reste toutefois très élevée. La crise énergétique actuelle, accentuée depuis plusieurs mois par la guerre russo-ukrainienne, exerce une forte pression sur les prix. En effet, pour pallier le manque d’offre du fait des sanctions imposées par l’Europe à la Russie, les principaux consommateurs européens (notamment l’Allemagne) doivent s’approvisionner ailleurs. L’Australie, un des principaux pays producteurs au niveau mondial, a vu ses exportations grimper en flèche cette année. Il semblerait même que la production ne puisse suivre la demande (fortes chaleurs, crise sanitaire, etc…). Le charbon garde donc une place importante à court, moyen, voire long terme.

Enfin, sur le marché européen des émissions, la tendance est plutôt à la baisse cette semaine. Le contrat de référence de décembre 2022 se négociait à 90,31 €/t le vendredi 26 août (-7,70 €/t en une semaine). Cette tendance peut s’expliquer par les potentielles prises de profits des acteurs spéculatifs du marché (notamment les hedge funds américains), ou encore par le calme apparent des prix mondiaux du charbon. En effet, le prix du gaz atteignant chaque semaine de nouveaux sommets, et le charbon est largement utilisé pour la production d’électricité. En Europe, l’Allemagne s’inquiète sérieusement pour l’avenir de ses approvisionnements et envisage sérieusement de retarder sa sortie totale du nucléaire, tout en rouvrant des usines à charbon. La France pourrait quant à elle, dès cet hiver, elle aussi produire davantage à partir de charbon. Le prix de la tonne de CO2 devrait donc se maintenir dans le corridor de prix compris entre 90 et 100 €/t. En septembre, les négociations de l’accord Fit for 55 devraient reprendre, et les révisions du système devrait apporter du mouvement sur le marché.

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