Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 19 janvier 2024.
Marché de l’électricité
Une semaine qui marque le passage du CAL 25 sous la barre des 80 €/MWh
Cette troisième semaine de janvier semble une nouvelle fois confirmer la baisse des prix sur les marchés de gros de l’électricité. En réponse à la semaine précédente, un nouveau point bas a été atteint cette semaine : le contrat CAL 25 Baseload a cloturé ce mercredi 17 janvier à 75,83 €/MWh.
On observe une baisse de –6,20 €/MWh sur le contrat CAL 25 Baseload cette semaine en clôturant ce vendredi 19 janvier à 77,46 €/MWh (soit une nouvelle baisse significative de –7,41 % par rapport au vendredi 12 janvier). Les prix des contrats à plus long terme suivent la même trajectoire : les contrats CAL 26 Baseload et CAL 27 Baseload évoluent respectivement de –8,34 % et de –4,78 %.
Les prix des contrats à terme continuent de baisser fortement cette semaine. Cela s’explique notamment par la solidité des fondamentaux du marché : baisse des prix du gaz, baisse des prix du CO2, haute disponibilité nucléaire, faible demande nationale et excès d’offre sur le marché.
Nouvelle hausse des TRV au 1ᵉʳ février
Bien que fortement contenue par le bouclier tarifaire, le TRV (Tarif Réglementé de Vente) a subi une augmentation de plus de 40% en deux ans. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé ce dimanche 21 janvier une nouvelle augmentation du TRV à partir du 1er février : entre + 5,2% et + 9,8%. Objectif pour le gouvernement : faire des économies budgétaires.
Le prix du TRV comprend l’acheminement, la fourniture (part ARENH et marché) ainsi que les différentes taxes (CSPE, CTA…). La CRE doit s’assurer de sa contestabilité sur le marché. Les ménages et assimilés disposant d’un compteur d’une puissance inférieure à 36 KVA ont la possibilité de souscrire au TRV sans engagement et peuvent effectuer la transition d’une offre de marché vers le TRV sans restriction.
PPA et nucléaire
L’un des objectifs derrière la suppression de l’ARENH est de promouvoir les PPA (Power Purchase Agreements). Il s’agit de contrats bilatéraux entre un producteur d’électricité et un client (fournisseur d’électricité, usine, commune…).
Traditionnellement, cette approche tarifaire est employée pour favoriser le développement des énergies renouvelables. En effet, ce système assure un prix stable sur une période prolongée (10 à 20 ans), garantissant ainsi une rémunération constante non soumises à la volatilité des marchés énergétiques. En ce sens, il facilite considérablement la concrétisation de divers projets de production en assurant des retombées financières stables et durables.
Il est probable que les initiatives visant à relancer le programme nucléaire français s’appuieront sur des accords d’achat d’électricité (PPA). Les futurs réacteurs de nouvelle génération (EPR) devant être construits par EDF pourraient bénéficier d’un financement de la part de fournisseurs alternatifs en échange d’un approvisionnement en électricité abordable.
Dans cette perspective, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, exprime son souhait de négocier avec EDF en vue de conclure un PPA d’une durée de 10 à 15 ans.
Du côté de la production d’électricité
La disponibilité du parc nucléaire français est en hausse de 1,2 GW en une semaine pour atteindre 51,7 GW ce mardi 16 janvier. Néanmoins, la capacité nucléaire reste encore inférieure de 3,1 GW aux prévisions d’EDF. Depuis le début du mois de janvier, la disponibilité nucléaire moyenne s’établit à 49,7 GW, soit une hausse de 4,6 GW par rapport à la moyenne de décembre. Au 16 janvier, on dénombrait plus que 8 réacteurs à l’arrêt, dont 4 qui devraient être redémarrés avant la fin du mois.
De plus, la production du parc renouvelable français s’avère également plus importante que prévu. Ainsi, la France reste un exportateur net d’électricité au cours des deux derniers mois. On peut noter également un record de raccordement de capacités renouvelables en 2023 : près de 4,2 GW (soit +13,5% par rapport à 2022).
Conclusion sur le marché de l’électricité
De nombreux réacteurs sont revenus d’entretien au cours des dernières semaines, poussant la disponibilité au-dessus du niveau ciblé début janvier, avec une prévision de 55 GW d’ici février. EDF a également l’intention d’améliorer la production de ses unités nucléaires de 900 MW en espaçant les périodes entre les arrêts pour rechargement de combustible et en réduisant la durée de ces arrêts.
Le marché continue de faire face à une offre robuste, les stocks de gaz restent bien au-dessus de la moyenne et la demande demeure faible. Par conséquent, les prix de l’électricité ont repris leur tendance à la baisse à mesure que les prévisions météorologiques évoquent des conditions plus douces et venteuses pour la fin de janvier.
Bien que des conditions météorologiques durablement baissières et une offre solide de gaz, d’énergies renouvelables et de nucléaire puissent faire baisser davantage les prix, et qu’une reprise de la demande structurelle soit improbable dans les mois à venir, toute perturbation des flux de gaz et de GNL, toute vague de froid, ou tout problème concernant le parc nucléaire français pourrait rapidement entraîner une reprise des prix.
Marché du gaz
Un marché qui résiste aux conflits géopolitiques
Sur cette 3ᵉ semaine de janvier, la tendance baissière sur le marché du gaz se poursuit, malgré la reprise d’incidents géopolitiques.
Depuis plusieurs semaines, les calendaires court/moyen terme subissent une baisse non négligeable. Contrairement aux produits plus longs-terme, qui quant à eux, se stabilisent. En pratiquement 2 mois par exemple, le CAL 2027 a subi une réduction d’un peu plus de 2 €/MWh, quand le CAL 25 a perdu pratiquement 10 € sur le MWh.
Plus en détails sur cette semaine, le PEG CAL 2025 a donc subi une légère baisse de 1,91 €/MWh sur la semaine (-5,73 %).
Un marché du gaz qui se consolide progressivement
Comme nous avons pu le remarquer récemment, le marché du gaz a plutôt bien réagi aux derniers chocs de demande, liés principalement à la baisse de température. Progressivement, nous pouvons aussi observer que les chocs d’offre sont plutôt bien absorbés.
Le marché du GNL par exemple, subit les répercussions du conflit en mer Rouge. Ce chemin maritime est notamment utilisé par le Qatar, principal exportateur de GNL vers l’Europe. De ce fait, le transit est fortement perturbé. Actuellement, au moins 3 navires se sont arrêtés avant de traverser le détroit de Bab al-Mandeb. Si ce désaccord ne s’estompe pas, les producteurs utilisant cette route maritime, devront en choisir une autre, ce qui pourrait donc augmenter les coûts de production.
Ensuite, la Russie reste toujours au cœur de l’actualité. L’UE est toujours aussi dépendante de cette nation en termes d’approvisionnement en gaz. Il y a quelques jours, un incident a pu se propager au sein du terminal russe de Novatek sur la mer Baltique suite à des explosions. Deux réservoirs de stockage, et une station de pompage ont été endommagés, selon les agences de presse russe. Cet énième incident n’a non plus pas été synonyme de volatilité plus accrue sur le marché du gaz.
Un équilibre offre/demande plutôt stable
En dépit de toutes ces péripéties géopolitiques qui ont lieu dans les 4 coins du monde, les effets sur les prix restent neutralisés pour le moment. Les fondamentaux du marché sont bons. La Chine par exemple, qui possède des stocks de GNL élevés, peut se permettre de réduire considérablement ses importations. Cette concurrence mondiale atténuée, permet donc de restreindre les tensions sur les prix fixés concernant le GNL. À cela s’ajoute une demande industrielle toujours aussi faible, et des prévisions de température plus élevées.
Conclusion sur le marché du gaz
Nous pouvons conclure que les bons niveaux d’importation de GNL et les stocks de gaz toujours aussi confortables, permettent de maintenir la stabilité sur le marché du gaz.
En revanche, les tensions géopolitiques restent des éléments à surveiller dans les prochains jours. Lorsque l’approvisionnement en gaz se retrouve à être perturbé, les instances européennes peuvent ajuster certaines transactions et pallier ces pertes sans pour autant que ça ne se fasse ressentir sur les différentes bourses gazières.
Néanmoins, si ces phénomènes persistent, cela pourrait recréer un mouvement de panique chez les acheteurs, et donc relancer une volatilité qui s’était pourtant bien effacée ces dernières semaines…
Marché du pétrole
Marché du CO2