Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 23 février 2024.
Marché de l’électricité
Continuité de la tendance baissière des prix de l’électricité pour 2025-2027
Les données récentes du 23 février montrent que les prix de gros de l’électricité pour les contrats à terme sont en baisse constante. Pour 2025, le contrat Baseload a clôturé à 66,76 €/MWh, traduisant d’une réduction de -5,20 €/MWh en une semaine.
Le mouvement se poursuit en 2026 avec un prix de clôture de 59,49 €/MWh, soit une baisse de -4,09 €/MWh. En 2027, la tendance continue avec un prix de clôture de 57,10 €/MWh, en déclin de -5,95 €/MWh. Ces chiffres confirment une orientation à la baisse des prix de l’électricité sur les marchés de gros, en ligne avec les prévisions d’un ajustement progressif des tarifs vers
le bas.
L’électricité au plus bas en 32 mois
Le marché français de l’électricité a connu une baisse significative, atteignant le niveau le plus bas en 32 mois. Le contrat français d’électricité pour l’année suivante s’est négocié à 66,76 €/MWh, proche de son plus bas historique depuis juin 2021, où il était tombé à 66,55 €/MWh. Les analystes prévoient une possible chute supplémentaire jusqu’à 40 €/MWh pour le contrat CAL 25, influencée par des stocks de gaz élevés et des prix bas du carbone. Les contrats CAL 26 et CAL 27 ont également vu une baisse, atteignant respectivement 58 €/MWh et 57 €/MWh, et la tendance à la baisse devrait se poursuivre. Cette tendance baissière est attribuée à plusieurs facteurs, notamment une consommation électrique faible, une production nucléaire stable, une abondance d’hydroélectricité, et des conditions météorologiques clémentes, en plus des stocks de gaz élevés et des faibles prix du carbone.
L’ère de l’énergie éolienne en France
La France a récemment attribué des contrats pour 57 projets d’énergie éolienne terrestre, totalisant une capacité de 1 GW, à un prix moyen de 87,23 EUR/MWh, comme annoncé par le ministère de la Transition écologique. Cette allocation dépasse les 925 MW initialement proposés, avec un prix légèrement supérieur à celui de la précédente enchère. Les soumissions ont presque doublé le volume proposé. Cette attribution s’ajoute aux 3,2 GW de capacité éolienne terrestre attribués l’année dernière, et un prochain appel d’offres pour 925 MW est prévu en avril.
L’impact de l’investissement à grande échelle dans l’énergie éolienne sur les marchés de l’électricité est significatif et varié. L’énergie éolienne joue un rôle crucial dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre en fournissant une énergie propre et à faible coût marginal. En déplaçant la production de certains générateurs thermiques, l’énergie éolienne contribue à modifier les schémas de substitution énergétique, ce qui est essentiel pour déterminer le chemin vers la décarbonisation future. De plus, l’intégration de l’énergie éolienne a un impact baissier sur les prix de l’électricité, contribuant ainsi à la sécurité énergétique et à la durabilité.
La capacité nucléaire en France
La disponibilité du parc nucléaire français s’est établie à 45,7 GW au 20 février, ce qui correspond exactement aux prévisions d’EDF faites une semaine auparavant. Cette précision dans les estimations rompt avec une tendance observée au cours des six derniers mois, où les prévisions d’EDF étaient régulièrement surestimées.
On note une augmentation de 500 MW en une semaine, bien que la disponibilité moyenne des réacteurs depuis le début du mois ait baissé à 46,5 GW, en baisse de
32 GW par rapport à la moyenne de janvier. Actuellement, 14 réacteurs sur 56 sont arrêtés, représentant 23 % du parc nucléaire, avec ces centrales produisant 60 % de l’électricité française. EDF prévoit une légère baisse de la capacité disponible à 45,2 GW la semaine suivante, avec une disponibilité moyenne de 46 GW en février et 45,7 GW en mars, des chiffres déjà anticipés par EDF une semaine auparavant.
Conclusion sur le marché de l’électricité
La tendance baissière des prix de gros semble se maintenir sous l’effet de conditions fondamentales toujours favorables. Comme nous l’anticipions précédemment, les prix de gros sont passés sous la barre des 70 €/MWh cette semaine, avoisinant avec le plus bas historique atteint sur près de 3 ans.
Plusieurs analystes s’attendent à une chute maintenue des prix de gros de l’électricité dans un contexte d’alignement de plusieurs facteurs baissiers :
- Une consommation faible
- Une amélioration de la disponibilité nucléaire
- Une forte production d’hydroélectricité
- Un niveau élevé de stocks de gaz (près de 20 points de pourcentages de plus que la moyenne des 3 années précédentes à la même date)
À l’approche du printemps, les acteurs du marché semblent être optimiste à l’égard des fondamentaux du marché. En parallèle, le calendrier de redémarrage d’EDF prévoit de reconnecter 7 réacteurs d’ici fin mars (sur les 14 actuellement à l’arrêt). Avec davantage de capacités renouvelables attendues dans les années à venir et des approvisionnements abondants en gaz, les prix de l’électricité pourraient continuer de baisser.
Marché du gaz
La tendance baissière se poursuit sur le marché du gaz
Sur le marché du gaz naturel, les indicateurs sont au vert avec une continuité dans la tendance à la baisse pour les prix des contrats à termes, tel que révélé par les données de clôture du 23 février. Le contrat de base pour l’année 2025 s’est négocié à 26,616 €/MWh, marquant une réduction notable de 1,234 €/MWh. Cette tendance décroissante persiste avec le contrat de base pour 2026, affichant un prix de 26,074€/MWh, soit une diminution de 0,942€/MWh. Pour l’année 2027, les anticipations du marché montrent un prix encore plus réduit à 25,757 €/MWh, baissant de 0,7 €/MWh.
Les données récentes indiquent une tendance stable vers la réduction des prix des contrats à terme pour le gaz naturel. Cette tendance baissière, dessinée par une perspective économique favorable, signale une période de stabilisation pour le secteur énergétique.
Achats groupés de gaz : L’UE contre les hausses de prix…
L’initiative de l’Union Européenne concernant l’achat groupé de gaz a permis l’enregistrement d’une demande combinée de près de 34 milliards de mètres cubes (Gm3) de gaz par des entreprises européennes. Coordonnée par la Commission Européenne, cette démarche implique 19 entreprises recherchant 15,3 Gm3 de GNL et plus de 18,3 Gm3 de gaz livré par pipeline.
Cette initiative fait suite à une période de forte augmentation des prix du gaz, exacerbée par la réduction des livraisons de gaz russe à la suite de son invasion de l’Ukraine pour ainsi contrer l’envolée des prix et renforcer sa sécurité énergétique. Cette démarche vise non seulement à contrôler les coûts pour les consommateurs européens mais aussi à diversifier les sources d’approvisionnement en gaz, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis de fournisseurs uniques tels que la Russie.
À ce jour, 77 entreprises européennes ont répondu à l’appel d’offres lancé par l’UE, demandant environ 11,6 milliards de mètres cubes de gaz. Ce chiffre illustre l’ampleur de la demande et le potentiel d’impact de cette initiative sur le marché. En mettant en relation directe les acheteurs de gaz de l’UE et les fournisseurs internationaux. Ce qui explique ainsi la tendance baissière du prix du gaz dans les années à venir.
… ce qui conduira peut-être à un rebondissement de la demande du gaz
La baisse des prix du gaz pourrait stimuler la consommation, notamment dans les secteurs industriels qui bénéficient directement de coûts réduits. Cette situation, associée à des stocks élevés et à l’anticipation de conditions géopolitiques ou d’événements susceptibles d’impacter l’offre et la demande, crée un environnement propice à un rebond de la demande de gaz en 2024. La reprise potentielle est soutenue par la dynamique actuelle du marché, où la baisse des prix rend le gaz plus attractif pour les consommateurs et pourrait entraîner une augmentation de l’utilisation dans divers secteurs. Cette hypothèse est soutenue par la directrice générale d’Engie, notifiant une légère augmentation dans la demande pour le mois de janvier.
Conclusion sur le marché du gaz
À court terme, la tendance baissière sur le marché du gaz continue sur sa
bonne lancée.
À moyen, plus long-terme, les différents experts s’accordent à dire que la demande globale de gaz serait susceptible de connaitre une hausse, notamment suite à l’essor industriel à venir.
De ce fait, afin de permettre une stabilisation de l’équilibre offre/demande, certaines compagnies productrices de gaz anticipent, et prévoient d’augmenter considérablement les flux. C’est notamment le cas de QatarEnergy, qui prévoit de porter sa production de GNL d’ici 2030 à 142 millions de tonnes, soit une augmentation de près de 85 % par rapport aux niveaux de production actuels.