Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 5 avril 2024.
Marché de l’électricité
Baisse des prix de l’électricité : une tendance continue sur 2025-2027
Les observations ci-dessus illustrent les contrats à terme pour les trois prochaines années.
Pour l’année 2025, le prix de base est de 74,43 €/MWh, enregistrant une baisse de 2,77 €/MWh depuis la semaine dernière. Cette tendance baissière s’observe également en 2026 et 2027 avec des baisses respectives de 1,81 €/MWh et 1,64 €/MWh, clôturant ainsi la semaine à 64,74 €/MWh et 62,92 €/MWh.
Ces données révèlent une tendance à la baisse persistante depuis le début du mois de mars sur les trois échéances différentes.
Les contrats de fourniture d’EDF
EDF a franchi une étape significative dans la redéfinition de son approche commerciale en vendant plus de 20 TWh de nouveaux contrats de fourniture d’électricité sur des périodes de 4 à 5 ans. Cette initiative, révélée par Marc Benayoun, directeur général en charge de la stratégie commerciale chez EDF, lors d’une audition parlementaire, marque un tournant dans la stratégie commerciale de l’entreprise. À ce jour, 671 contrats ont été conclus, couvrant une consommation annuelle de 5 TWh .
Ces contrats, principalement destinés aux entreprises, soulignent la volonté d’EDF de fournir une stabilité et une prévisibilité à long terme à ses clients industriels, notamment ceux qualifiés d’électro-intensifs. L’engagement d’EDF à vendre sa production atomique à un prix moyen de 70 EUR/MWh pour la période 2026-2040 est en accord avec le gouvernement français basé sur les valeurs monétaires de 2022.
Cette stratégie intervient à un moment crucial, car le régime actuel de l’Arenh (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) est prévu pour expirer en fin d’année 2025. La transition vers un nouveau modèle de contrat, potentiellement un contrat pour différence (CFD), a été suggérée par des experts afin de remplacer la réglementation de l’Arenh. Cette suggestion fait suite à la constatation que les prix de gros de l’électricité pour 2026 ont chuté en dessous de 70 EUR/MWh, rendant le régime actuel « ingérable » selon certains observateurs.
L’instauration de ces contrats à long terme par EDF représente une démarche stratégique comportant plusieurs implications majeures pour le marché de l’électricité en France. Elle vise à sécuriser les revenus d’EDF en assurant la pérennité du plan grand carénage et en favorisant les investissements futurs. De plus, elle offre une visibilité accrue aux grandes industries, qui peuvent bénéficier de prix stables et contrôler leur budget énergétique.
L’impact du vent et des températures douces
Cette semaine sur le marché de l’EPEX SPOT français, les prix de l’électricité pour le lendemain ont chuté à 6,05 EUR/MWh soit une baisse de plus de 36,5% .Les prix sont principalement influencés par une production éolienne élevée et des températures au-dessus des normales de saisons. La production éolienne était prévue à une moyenne de 11 GW, presque le double de la normale, avec des pics atteignant 15 GW.
Enfin, les températures devraient s’élever à 15,8°C, environ 6°C au-dessus de la normale, contribuant à une augmentation de la production hydroélectrique due à une fonte accélérée des neiges. Cette tendance, conjuguée à l’augmentation de la production d’énergie renouvelable, pourrait entraîner une fréquence élevée de prix bas, voire négatifs, sur ce marché.
Capacité nucléaire en France
Nous constatons une baisse significative de la capacité nucléaire en France, avec une capacité inférieure de 3,5 GW par rapport aux prévisions d’EDF. Cette situation représente un changement notable par rapport aux attentes initiales, avec 17 des 56 réacteurs nucléaires actuellement hors service, soit environ 30% du parc nucléaire. Malgré cette diminution, les centrales nucléaires continuent de contribuer à hauteur de 62% à la production d’électricité en France, un pourcentage légèrement supérieur aux 58% précédemment rapportés.
Cette variation dans la disponibilité du nucléaire soulève d’importantes interrogations concernant ses impacts sur le marché de l’électricité, notamment en ce qui concerne les prix et la sécurité de l’approvisionnement.
Conclusion sur le marché de l’électricité
Bien que les prix sur le marché de gros EEX aient connu une légère augmentation vendredi dernier, l’évolution de cette semaine montre une tendance à la baisse pour le Calender 25, 26 et 27, offrant des opportunités intéressantes avec des prix inférieurs à 75 € /MWh.
Les tarifs de l’électricité sur le marché de gros en France sont en baisse, principalement en raison d’un climat clément, d’une production renouvelable très favorable et de la continuité des efforts de sobriété.
En effet, l’augmentation de production des énergies renouvelables contribue grandement à atténuer les pressions sur le marché de l’électricité. À long terme, cette tendance devrait se renforcer, d’autant plus que le gouvernement vient d’approuver un plan visant à accélérer le déploiement de capacités solaires.
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Marché du gaz
Le gaz continue sa tendance à la hausse pour 2025 à 2027
Les données fournies mettent en lumière les prix du gaz en baseload pour les années 2025 à 2027, ainsi que leur évolution.
En 2025, le prix est établi à 30,878 €/MWh, enregistrant une légère hausse de 0,179 €/MWh par rapport à la semaine précédente. Pour l’année 2026, le prix reste compétitif à 28,838 €/MWh, avec une augmentation un peu plus notable de 0,298 €/MWh. Enfin, en 2027, le tarif atteint 27,125 €/MWh, ce qui représente une hausse de 0,226 €/MWh par rapport à la semaine précédente.
Ces chiffres démontrent une tendance à la hausse modérée des prix du gaz de 2025 à 2027, avec des augmentations successives d’année en année.
L’impact de l’offre robuste norvégienne sur le marché du gaz en France
Les prix du gaz européen ont légèrement réaugmenté en cette fin de semaine malgré une offre solide en provenance de Norvège et des réserves de stockage abondantes.
Effectivement, les flux en provenance de Norvège vers le reste de l’Europe étaient dernièrement estimés à 339,7 millions de mètres cubes par jour, en légère augmentation par rapport à 338,5 millions de mètres cubes par jour la veille.
Les sites de stockage de gaz en Europe étaient remplis à hauteur de 59,39 %, enregistrant une augmentation de 0,6 point de pourcentage depuis mercredi. Cette hausse témoigne des niveaux de stockage de gaz les plus élevés pour cette période de l’année depuis le début des enregistrements en 2011, conséquence d’un hiver relativement doux.
Malgré les fluctuations saisonnières de la demande, la robustesse de l’offre et la capacité de stockage élevée contribuent à maintenir une certaine stabilité des prix sur le marché français.
En outre, la part croissante des énergies renouvelables dans le mix énergétique français devient de plus en plus importante. Par conséquent, la France pourrait diminuer sa dépendance aux importations de gaz, renforçant ainsi sa sécurité énergétique.
La chute des importations du GNL en Europe
Les importations européennes de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) ont enregistré une baisse significative de 40% par rapport à la semaine précédente, atteignant leur niveau le plus bas depuis deux ans et demi. Cette baisse est principalement attribuable à une demande structurellement faible en Europe, conjuguée à une forte demande Asiatique.
Les arrivées de GNL ont atteint près de 1,8 milliard de mètres cubes, un niveau comparable à celui enregistré en octobre 2021. Néanmoins, les prévisions pour la semaine prochaine indiquent un volume estimé à près de 2,6 milliards de mètres cubes, signalant un retour à la normale.
Cette diminution de l’approvisionnement en GNL survient alors que la demande en Europe est globalement faible, amplifiée par un hiver exceptionnellement doux. En ce sens, le niveau de stockage est resté historiquement haut. En tant que l’un des principaux importateurs de GNL en Europe, la France pourrait envisager dès cette année une révision de ses stratégies d’approvisionnement en gaz, dans le but de concilier au mieux les objectifs d’énergie bas carbone et de sécurité énergétique.
Conclusion sur le marché du gaz
La situation actuelle du marché du gaz en Europe est aujourd’hui marquée par des prix légèrement en hausse, malgré une offre solide en provenance de Norvège et des réserves de stockage abondantes. Cela témoigne de la complexité des dynamiques du marché, où même une offre robuste et une demande faible ne garantissent pas nécessairement une baisse des prix.
Cependant, en ce début de printemps, la situation actuelle laisse entrevoir des perspectives positives pour les prochaines semaines. En effet, les niveaux de stockage actuels devraient limiter la compétition internationale pour reconstituer les réserves, ce qui met l’Europe dans une position relativement favorable pour acheter lorsque les prix sont au plus bas.