Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 13 septembre 2024.
Marché de l’électricité
Correction technique et sentiment baissier
Le marché de l’électricité a connu une correction technique cette semaine, avec une baisse des prix alimentée par la robustesse de l’offre et des stocks de gaz élevés en Europe. Bien que les températures plus froides aient temporairement soutenu les prix, la tendance baissière devrait se poursuivre à moyen terme. En parallèle, la production électrique reste limitée, notamment en raison des difficultés économiques en Allemagne, où la demande énergétique diminue.
Concernant les quotas de carbone, le marché a également enregistré une baisse significative, en phase avec celle du gaz. Les positions spéculatives courtes sur le marché des émissions de CO2 se sont renforcées, atteignant un sommet mensuel de 14,2 millions de tonnes. Cette dynamique baissière s’explique par l’amélioration de l’offre énergétique et la demande économique affaiblie, réduisant la pression sur les émissions de carbone et les obligations associées à leur réduction.
L’idée d’un opérateur unique en Europe refait surface
La Commission Européenne (CE) avait initialement proposé une refonte de l’organisation du marché de l’électricité, en suggérant la création d’une entité unique pour le couplage des marchés intrajournaliers et journaliers.
Ce projet visait à centraliser les décisions stratégiques, à renforcer la compétitivité et à réduire la volatilité des prix, tout en limitant la dépendance de l’UE aux combustibles fossiles.
Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, a souligné les limites du système actuel, où plusieurs opérateurs nationaux fragmentent la prise de décision et rendent difficile la supervision efficace d’un marché énergétique intégré. Selon lui, la création d’une « véritable Union de l’énergie » permettrait de surmonter ces obstacles et d’accroître la rapidité des ajustements nécessaires, notamment lors de mises à jour critiques des algorithmes de couplage des prix.
Cependant, cette vision ambitieuse s’est heurtée à une forte opposition. Les bourses européennes, actuelles gestionnaires des marchés, ont vigoureusement défendu le modèle de rotation en vigueur, arguant qu’il offrait davantage de fiabilité, de sécurité et de rentabilité qu’une entité paneuropéenne centralisée.
Face à cette résistance, la CE a été contrainte de retirer cette proposition de la législation finale adoptée plus tôt cette année. Ce retrait illustre les tensions entre la nécessité de réformer en profondeur pour garantir une énergie plus compétitive et durable, et les intérêts nationaux ou sectoriels qui freinent cette dynamique.
L’analyse électricité de notre expert
Transition verte et sécurité d’approvisionnement
Semaine dernière, plusieurs développements majeurs ont marqué le secteur énergétique en Europe. D’ici 2030, les prix de l’électricité en Scandinavie pourraient dépasser ceux du Royaume-Uni et de l’Allemagne, malgré leur tradition de tarifs bas. Cela s’explique par la hausse des coûts d’infrastructures renouvelables et la demande croissante due à l’électrification des installations pétrolières, gazières et des transports.
En Espagne, les prix de l’électricité pourraient diminuer de 6% en raison du retard de la nouvelle interconnexion avec la France, essentielle pour renforcer l’approvisionnement selon un cabinet d’analyse international. Dans ce contexte, la Grèce tire la sonnette d’alarme en Europe concernant l’impact potentiel des attaques russes sur les infrastructures énergétiques, exacerbant la volatilité des prix.
Au Royaume-Uni, le gouvernement a approuvé une mise à jour du réseau électrique à hauteur de 700 millions de livres sterling, visant à répondre aux besoins accrus de la transition verte. De plus, le pays se prépare à lancer un opérateur public pour le réseau électrique afin de mieux piloter la transition vers des énergies renouvelables. Ces évolutions illustrent les défis et les opportunités auxquels l’Europe est confrontée dans sa transition énergétique rapide.
– Helder FARIA RUBIO,
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
Marché du gaz
Offre abondante et demande morose
Le marché du gaz a montré une tendance baissière cette semaine, principalement due à une offre abondante et des stocks européens atteignant 93,2 % de leur capacité. Les maintenances en Norvège et les inquiétudes liées à l’ouragan Francine se sont atténuées, contribuant à stabiliser les prix.
Cependant, des tensions subsistent, notamment en raison de la demande en Asie, où des températures élevées et des problèmes de production en Australie et en Malaisie accentuent la pression sur le marché mondial du GNL. Les exportateurs américains de GNL continuent de privilégier l’Europe, où les prix sont plus attractifs que ceux en Asie.
Le marché du charbon, quant à lui, subit une baisse de la demande en Europe, comme en témoignent les faibles stocks dans les terminaux d’importation et la baisse d’activité industrielle, notamment en Allemagne. Cette baisse de la demande reflète un contexte économique morose et une transition progressive vers des sources d’énergie moins polluantes
L’Azerbaïdjan face à ses limites : un défi pour l’Europe
L’Azerbaïdjan, qui s’est affirmé comme un acteur clé dans le domaine du gaz naturel en Europe, a récemment vu ses ambitions confrontées à des limites notables.
Alors que l’Europe cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en réponse aux tensions géopolitiques, les capacités de l’Azerbaïdjan s’avèrent insuffisantes pour compenser entièrement l’interruption des flux de gaz ukrainiens.
Cette situation survient alors que la Russie intensifie ses efforts pour réduire les volumes de gaz transitant par l’Ukraine, un changement stratégique qui exerce une pression accrue sur le marché européen. Les analystes s’accordent à dire que même si l’Azerbaïdjan a considérablement augmenté ses exportations vers l’Europe, ses réserves et infrastructures actuelles ne permettent pas de remplacer entièrement les volumes perdus. Cette dynamique souligne une vulnérabilité persistante dans la chaîne d’approvisionnement énergétique européenne.
À mesure que les tensions géopolitiques et les perturbations des marchés se poursuivent, il devient crucial pour les décideurs et les investisseurs de surveiller de près ces développements, car ils auront des implications profondes pour la stabilité énergétique de la région. L’Azerbaïdjan demeure un partenaire stratégique, mais il est clair que la quête d’une sécurité énergétique durable en Europe nécessitera des solutions plus diversifiées et résilientes.
L’analyse gaz de notre expert
Incertitudes Géopolitiques et Réajustements Stratégiques
Les risques géopolitiques s’intensifient autour des approvisionnements en gaz pour l’hiver à venir, notamment la manière dont les sanctions affectent le transport du gaz liquéfié (LNG) russe. Un navire de LNG russe a récemment a pris la route risquée de l’Arctique pour éviter les sanctions, illustrant les défis croissants liés à la chaîne d’approvisionnement mondiale. En parallèle, les nations européennes ont mis en place de nouvelles règles pour les importations de LNG, en réponse à une interdiction croissante du transbordement de gaz russe.
De son côté, l’Union européenne se montre proactive face à la fin imminente des accords de transit de gaz avec l’Ukraine. L’UE envisage de tirer parti de l’infrastructure gazière ukrainienne pour pallier les pertes éventuelles et sécuriser ses approvisionnements.
Aux États-Unis, la fin probable d’une pause dans les exportations de LNG devrait offrir un soulagement partiel, bien que les risques de pénurie demeurent. Cette situation souligne les dynamiques complexes du marché énergétique international, où les mouvements politiques et économiques peuvent avoir des répercussions significatives sur la sécurité d’approvisionnement.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
Transition énergétique mondiale : innovations, défis et réformes
Le panorama énergétique mondial continue d’évoluer de manière dynamique, avec des développements majeurs qui marquent une transition vers des pratiques plus durables tout en affrontant des défis de taille.
Le Danemark a franchi une étape significative avec la mise en service de son premier site de stockage de CO2, visant à capturer les émissions de carbone et à contribuer ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique. Ce projet novateur place le pays en tête des efforts européens pour réduire son empreinte carbone.
En parallèle, le secteur énergétique mondial reste en alerte face aux évolutions réglementaires et économiques. L’UE voit une montée des importations de charbon kazakh par les ports russes, atteignant un pic de 11 mois. Ce phénomène coïncide avec une diminution préoccupante des stocks de charbon dans les terminaux européens, qui ont chuté à leur niveau le plus bas depuis près de deux ans et demi. Cette situation souligne la vulnérabilité persistante des marchés de l’énergie face aux fluctuations des approvisionnements.
Les prévisions mondiales d’approvisionnement en pétrole ont été révisées à la baisse par l’Agence Internationale de l’Énergie, principalement en raison du ralentissement de la croissance économique en Chine, un des plus grands consommateurs d’énergie. Cette révision reflète les inquiétudes croissantes quant à la stabilité de la demande mondiale de pétrole.
Dans le domaine de l’énergie renouvelable, la France fait face à des défis liés aux critères de l’UE qui pourraient retarder le déploiement de ses projets d’éolien offshore. EDF a exprimé des préoccupations concernant les obstacles administratifs qui pourraient freiner le développement de ces infrastructures cruciales pour la transition énergétique.
Sur le plan national, le Royaume-Uni a décidé de nationaliser son opérateur de réseau électrique, une mesure qui vise à sécuriser l’approvisionnement énergétique et à stabiliser le secteur face aux turbulences économiques globales. Cette décision s’inscrit dans un contexte de transformation du marché énergétique et de recherche d’une meilleure gestion des infrastructures essentielles.
Ces évolutions reflètent une tendance générale vers une adaptation et une restructuration des systèmes énergétiques pour faire face aux défis climatiques et économiques actuels. Elles illustrent également la complexité croissante des dynamiques énergétiques mondiales, où les décisions politiques et économiques ont un impact significatif sur les marchés et les stratégies nationales.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
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