Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 20 septembre 2024.
Marché de l’électricité
Baisse des prix du gaz et croissance du renouvelable
Le marché de l’électricité a suivi une tendance baissière, largement influencée par la baisse des prix du gaz et la croissance des énergies renouvelables. La demande industrielle reste faible en Europe, avec un plafonnement de la demande de gaz et une consommation réduite. En France, une légère hausse de la demande d’électricité est attendue avec l’arrivée du froid, mais l’impact reste limité.
Le marché des quotas de carbone a été sous pression, avec une augmentation des positions vendeuses, atteignant un pic depuis juillet. La faiblesse de la demande, associée à l’incertitude économique, continue de peser sur les prix du carbone, reflétant la stagnation dans la production industrielle et énergétique européenne.
Accords PPA : Un levier stratégique incontournable
Les entreprises se retrouvent de plus en plus poussées à adopter des stratégies d’achat d’énergie renouvelable à travers des accords de type Power Purchase Agreements (PPA), en réponse à la pression croissante des normes ESG.
Ces obligations réglementaires, combinées à l’impératif de décarbonisation, propulsent la demande de PPA, en particulier dans un contexte où l’Union Européenne renforce ses exigences en matière de durabilité.
D’ici 2025, les entreprises de plus de 500 employés seront tenues de démontrer comment leur modèle économique contribue à la neutralité climatique, une responsabilité qui encourage le recours aux énergies renouvelables. Cette évolution crée un environnement où les PPA ne sont plus de simples options stratégiques, mais des outils essentiels de compétitivité.
Dans ce contexte de régulation renforcée, le marché des PPA se complexifie. Il exige des entreprises une meilleure gestion des risques et une capacité d’adaptation aux nouvelles structures tarifaires, de plus en plus diversifiées.
Sergio Giraldo, consultant en énergie, anticipe que ce marché nécessitera des négociations plus sophistiquées avec des prix moins standardisés, comme le recommande le rapport Draghi sur la compétitivité européenne.
Les entreprises, notamment celles fortement consommatrices d’énergie, doivent désormais prouver qu’elles achètent un pourcentage significatif d’énergie renouvelable, tandis que celles avec des activités moins énergivores doivent quant à elles fournir des rapports de durabilité détaillés.
L’analyse électricité de notre expert
Records, tensions et enquêtes sur le marché
L’Italie a enregistré une demande d’électricité record en août, atteignant des sommets historiques pour ce mois d’été. Une demande boostée par les vagues de chaleur exceptionnelles et la consommation accrue de climatisation. Cette pression sur le réseau intervient alors que le pays vient de vendre 54 % des contrats de réponse à la demande pour octobre, permettant aux grands consommateurs d’ajuster leur consommation en fonction de la disponibilité du réseau.
Pendant ce temps, la Pologne a vu ses exportations d’électricité bondir de 22 % entre janvier et août, un chiffre significatif qui témoigne de l’importance croissante du pays sur le marché européen de l’énergie. Ces exportations, stimulées par une demande accrue de ses voisins, contribuent à renforcer la position de Varsovie comme acteur clé du secteur.
En Allemagne, les défis s’accumulent. Le régulateur énergétique a lancé une enquête sur des allégations de délit d’initié dans le marché de l’électricité, soulevant des questions sur l’intégrité du secteur. Par ailleurs, un hiver rigoureux pourrait forcer des réductions de consommation cet hiver, dans un contexte de sortie du charbon. Cette transition énergétique expose le pays à des risques de tensions sur l’approvisionnement, accentués par une demande énergétique hivernale difficile à prévoir.
– Helder FARIA RUBIO,
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
Marché du gaz
Pression à la baise, stock élevé et faible demande
Le marché européen du gaz a connu des fluctuations marquées, avec une baisse des prix en début de semaine, atteignant un plus bas en sept semaines, en raison des stocks élevés et d’une météo clémente. Cependant, des incertitudes persistent concernant l’approvisionnement futur, notamment à cause de la fin de l’accord de transit du gaz russe via l’Ukraine en décembre. Un potentiel accord de transit avec l’Azerbaïdjan a brièvement fait chuter les prix avant d’être démenti. La concurrence accrue avec l’Asie pour le GNL cet hiver, combinée aux interruptions d’approvisionnement norvégiennes, ajoute à la volatilité.
Le marché du charbon reste sous pression avec des prix faibles, principalement liés à une demande réduite et une offre abondante. Les perspectives économiques moroses, particulièrement en Asie (Chine), continuent de peser sur les prix, et le charbon reste influencé par les mouvements du gaz.
Guerre du GNL entre l’Europe et l’Asie
L’hiver approche et l’Europe se prépare à une compétition féroce pour le gaz naturel liquéfié (GNL), face à la demande croissante en Asie.
Les fluctuations de l’offre et de la demande intensifient la lutte entre les deux régions, chacune cherchant à sécuriser des approvisionnements vitaux. L’Europe, encore marquée par les répercussions de la crise énergétique, s’emploie à diversifier ses sources, tout en surveillant de près les mouvements des marchés asiatiques, où des pays comme le Japon et la Chine cherchent également à renforcer leurs réserves.
La situation est d’autant plus délicate que les prix du GNL continuent d’évoluer, rendant la stratégie d’approvisionnement cruciale.
Dans ce contexte, les acteurs du marché doivent naviguer habilement entre les risques géopolitiques et les dynamiques économiques pour garantir la stabilité de leurs approvisionnements.
Alors que l’hiver menace d’apporter des tensions supplémentaires, la coopération et l’anticipation seront essentielles pour éviter une crise énergétique majeure.
L’interconnexion des marchés souligne à quel point la résilience de l’Europe et de l’Asie dépend de leur capacité à travailler ensemble face à des défis communs.
L’analyse gaz de notre expert
Réductions de flux, taxation et tensions géopolitiques
En Algérie, la maintenance des pipelines entraînera une réduction des flux de gaz vers l’Espagne, soulevant des inquiétudes quant à la sécurité énergétique de l’Europe. Parallèlement, l’Union européenne envisage d’instaurer une taxe à la frontière sur le gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici 2027, une mesure qui pourrait transformer le paysage des importations énergétiques.
Aux États-Unis, la pause dans les projets d’exportation de GNL, décidée par l’administration Biden, est vivement critiquée par les entreprises du secteur. Ces dernières craignent des conséquences sur la compétitivité américaine sur le marché mondial. Pendant ce temps, l’Allemagne maintient une forte utilisation de gaz, bien que des retards dans les projets d’hydrogène impactent ses efforts de transition énergétique.
Du côté russe, les exportations de GNL vers l’Europe ont chuté à un niveau historique bas en raison d’une augmentation des envois vers l’Asie, signalant une redéfinition des priorités de Moscou. Les analystes prévoient même une possible fermeture de l’Arctique LNG 2, faute d’acheteurs. Cette situation met en lumière les défis auxquels fait face l’Europe dans sa quête pour diversifier ses sources d’énergie et réduire sa dépendance envers les combustibles fossiles, tout en naviguant dans un environnement géopolitique complexe.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
Équilibres fragiles et opportunités au cœur de l’économie mondiale
En Europe, la Commission européenne a approuvé une aide de 2,7 milliards d’euros pour l’Autriche, destinée à réduire les émissions de CO2 dans l’industrie. Ce soutien financier s’inscrit dans une stratégie plus large visant à atteindre les objectifs climatiques de l’UE, favorisant des investissements dans des technologies propres et des infrastructures durables. Cette initiative met en lumière l’engagement de l’Europe à transformer son paysage industriel tout en atténuant les effets du changement climatique.
Parallèlement, le marché des crédits carbone a connu des fluctuations intéressantes. Les investisseurs, qui avaient largement parié contre les positions de CO2, ont vu leur sentiment s’inverser en raison d’un récent afflux de paris à la hausse. Cette dynamique a suscité des débats sur la volatilité des marchés de carbone et sur l’impact potentiel de ces mouvements sur les stratégies de décarbonation des entreprises. Les incertitudes entourant les politiques environnementales à venir ajoutent une couche de complexité à ce secteur déjà turbulent.
Dans un autre registre, l’Allemagne se prépare à un hiver potentiellement rigoureux, ce qui pourrait forcer certaines entreprises à réduire leur production dans le cadre de leur transition loin du charbon. Cette situation délicate illustre le dilemme auquel font face de nombreux pays européens : comment concilier sécurité énergétique et objectifs de décarbonation dans un contexte où les conditions climatiques peuvent impacter gravement la production d’énergie.
En réponse aux besoins croissants en énergies renouvelables, des experts anticipent une augmentation significative de la demande pour le gaz naturel. Ce mouvement pourrait être alimenté par un cadre réglementaire de plus en plus strict, qui favorise la transition énergétique et encourage les investissements dans des solutions plus durables. Une telle évolution s’inscrit dans la continuité des efforts déployés par les États membres de l’UE pour atteindre leurs objectifs climatiques tout en maintenant la compétitivité de leur industrie.
En France, le président Macron a récemment élargi le ministère de l’Écologie pour y inclure l’énergie, une décision stratégique qui vise à renforcer la coordination entre les politiques environnementales et énergétiques. Ce repositionnement ministériel témoigne d’une prise de conscience accrue des enjeux liés à la transition énergétique et à la nécessité d’une approche intégrée pour atteindre les objectifs de durabilité.
Enfin, une étude récente a révélé que les pays de l’UE sont sur le point d’atteindre un record en matière de croissance solaire en 2024. Cette tendance est encourageante et illustre l’accélération des investissements dans les énergies renouvelables. Le développement de la technologie solaire est non seulement un vecteur de réduction des émissions, mais également un moteur économique, créant des emplois et favorisant l’innovation.
Dans ce contexte complexe, il est clair que l’économie mondiale se trouve à un carrefour crucial, où les choix politiques et les dynamiques de marché devront converger pour construire un avenir durable et résilient. Les enjeux environnementaux continuent de redéfinir le paysage économique, rendant indispensable une réflexion approfondie sur les trajectoires à adopter.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
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