Accueil > Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 27 septembre 2024

Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 27 septembre 2024

Un travailleur portant un gilet réfléchissant et un casque examine des panneaux solaires. Le texte superposé, en français, traite de l'actualité du marché de l'énergie, avec une clôture des prix le 27 septembre 2024.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 27 septembre 2024.

Marché de l’électricité

Vers un hiver sous tension…

Un graphique linéaire intitulé « ELEC FR Baseload (€/MWh) » montre trois lignes représentant les prix pour les années 2025, 2026 et 2027 de décembre à octobre. Le graphique comprend des points de données et des annotations de prix.

Du côté de l’électricité et du carbone, la baisse des températures en France entraîne une augmentation progressive de la demande, atteignant des pics de 49,7 GW. Cette hausse, bien que modérée, reflète l’anticipation d’un hiver potentiellement rigoureux, notamment sous l’influence du phénomène La Niña.

Les prix de l’électricité restent relativement stables à long terme, mais les incertitudes météorologiques laissent entrevoir des fluctuations possibles si les conditions climatiques se durcissent. La France et l’Allemagne voient une amélioration de leur production énergétique, avec une montée en puissance des centrales au lignite en Allemagne, mais cette offre pourrait ne pas suffire à compenser une demande hivernale plus élevée. La volatilité du marché reste élevée, et les prochaines semaines seront déterminantes, tant pour l’évolution des prix du carbone que pour l’approvisionnement énergétique global.

L’illusion de la transition énergétique : quand la demande fait du surplace

La demande d’électricité en France évolue à un rythme bien plus lent que prévu, ce qui inquiète l’industrie énergétique et met en péril la trajectoire de décarbonisation du pays.

Malgré l’objectif ambitieux de neutralité carbone d’ici 2050, la consommation électrique, qui devrait connaître une forte croissance pour remplacer les énergies fossiles, n’a augmenté que de manière anecdotique entre janvier et août 2024. Ce faible dynamisme, avec une hausse minime de 0,3 TWh sur un an, contraste avec la baisse de 14,5 TWh observée en 2023.

Selon RTE, la France devra accroître sa demande annuelle de 10 à 15 TWh d’ici 2035 pour répondre aux objectifs de transition.

Les experts soulignent que ce ralentissement est en partie lié à des facteurs conjoncturels tels que la météo clémente et un contexte économique incertain. Toutefois, des voix, comme celle de Xavier Piechaczyk, directeur de RTE, tirent la sonnette d’alarme, estimant que la consommation stagne depuis la pandémie, un mauvais signe pour la réindustrialisation du pays.

La visibilité insuffisante sur les prix de l’électricité et l’absence d’accord sur la nouvelle réglementation nucléaire freinent également l’électrification de l’industrie. Bien qu’un mécanisme pour encadrer la vente d’énergie nucléaire ait été annoncé en novembre 2023, son avenir reste incertain dans un climat politique tendu. Les experts, quant à eux, appellent à la patience, prévoyant une accélération de la demande après 2030, une fois les investissements réalisés.

 

L’analyse électricité de notre expert

Solutions inadaptées face à une crise inévitable ?

En Italie, un projet ambitieux à partir de 2025 offrira des tarifs préférentiels aux industries lourdes, notamment via des enchères de 20 TWh à 60 €/MWh, soit moitié moins que les prix actuels. Ce soutien vise à soulager un secteur énergétique soumis à des pressions économiques et climatiques, tout en maintenant les objectifs de transition écologique. Cependant, les critiques soulignent que ce programme pourrait ralentir l’adoption des énergies renouvelables et renforcer la dépendance aux énergies fossiles.

Dans les pays nordiques, la demande énergétique montre une croissance lente, contribuant à un effondrement des prix jusqu’en 2026. Ce ralentissement, combiné à des progrès dans les énergies renouvelables, laisse entrevoir une période de stabilité pour les prix de l’électricité. Pourtant, cela n’exclut pas la possibilité d’une volatilité accrue, particulièrement face aux incertitudes climatiques et aux exigences environnementales.

En France, un vaste processus de révision des concessions hydroélectriques est en cours. Ces audiences, débutant la semaine prochaine, visent à renforcer la production d’énergie renouvelable tout en adaptant les infrastructures existantes. Enfin, à l’échelle de l’Union européenne, la liquidité du marché de l’énergie commence à se rétablir, marquant un retour progressif de la confiance des acteurs du secteur, notamment après les perturbations provoquées par la crise russo-ukrainienne.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Marché du gaz

L’Europe face à une crise énergétique imminente

Graphique en courbes montrant les prix Gaz FR PEG en €/MWh de décembre à septembre pour trois contrats à terme (Cal 25, Cal 26, Cal 27). Les prix ont tendance à augmenter pour Cal 25 et Cal 26, mais à baisser pour Cal 27 à la fin de l'été. 

Sur le marché du gaz et du charbon, la situation s’annonce tendue à l’approche de l’hiver. L’Europe, bien que disposant de stocks de gaz remplis à près de 95 %, fait face à des incertitudes majeures. La fin de l’accord de transit entre la Russie et l’Ukraine, prévu pour décembre, pourrait provoquer un déficit de 12 milliards de mètres cubes, remettant en question l’approvisionnement de plusieurs pays européens.

Le spectre d’un hiver rigoureux, avec des températures annoncées jusqu’à 3°C en dessous des moyennes saisonnières, accroît la pression sur ces réserves, d’autant plus que la demande en gaz naturel liquéfié (GNL) en Asie s’intensifie. Par ailleurs, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, en particulier entre Israël et le Hezbollah, augmentent l’incertitude sur les flux d’énergie, avec des conséquences potentielles sur les prix mondiaux. Les marchés restent donc sous pression, marqués par des risques de volatilité, malgré des fondamentaux globalement baissiers à court terme, en partie grâce à la fin des maintenances en Norvège.

Le piège d’une dépendance excessive au GNL

Marco Saalfrank, responsable du négoce chez Axpo Solutions, souligne que malgré un stockage de gaz proche de 95 % de la capacité, l’Europe demeure vulnérable.

Le froid attendu cet hiver, couplé à une dépendance accrue au gaz naturel liquéfié (GNL), pourrait exacerber les fluctuations de prix. En raison des tensions géopolitiques au Moyen-Orient et des risques climatiques comme la saison des ouragans aux États-Unis, les approvisionnements en GNL pourraient se réduire, poussant l’Europe dans une situation périlleuse.

La guerre en Ukraine a drastiquement diminué les flux de gaz russe, désormais tombés à moins de 10 % des importations, et a forcé l’Europe à rivaliser avec l’Asie pour obtenir des approvisionnements en GNL. Cette concurrence mondiale rend le marché encore plus fragile. L’arrêt des expéditions de gaz russe via l’Ukraine prévu pour la fin de 2024 et l’absence de flexibilité dans la transition entre le gaz et le charbon alimentent l’instabilité.

Les marchés réagissent de manière extrême à la moindre perturbation, comme en témoigne une récente fausse nouvelle ayant fait chuter les prix de 3 euros en une journée.

La solution pourrait résider dans un renforcement des infrastructures européennes de GNL, notamment dans le sud de l’Europe. Cela permettrait à la région de mieux résister aux chocs d’approvisionnement et de sécuriser sa transition énergétique sur le long terme européens.

 

L’analyse gaz de notre expert

Faut-il interdire le gaz russe ?

Dans un contexte mondial de tensions géopolitiques croissantes, la Belgique a récemment lancé un appel à l’Union Européenne pour interdire les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance de Russie. La ministre belge de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, souligne que les entreprises ne peuvent pas rompre leurs contrats à long terme sans des sanctions globales de l’UE, ce qui alimente des inquiétudes sur l’augmentation des importations russes. Selon elle, des mesures plus strictes sont nécessaires pour contrer cette tendance et empêcher que le GNL russe n’atteigne le marché européen, surtout face à la menace persistante de la dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.

Parallèlement, les pays nordiques comme la Finlande et l’Estonie intensifient leurs infrastructures de défense, anticipant un risque accru de la Russie, alors que l’Autriche prévoit une double augmentation de ses prix de l’électricité d’ici 2030, en réponse aux fluctuations des marchés et à la volatilité des ressources énergétiques​.Cette dynamique met en lumière les défis que rencontrent les nations européennes pour diversifier leurs sources d’énergie tout en gérant les implications économiques de la transition énergétique. L’incertitude entourant la capacité de l’UE à se libérer de la dépendance énergétique russe reste un sujet de débat crucial, exacerbant les tensions internes et les stratégies diplomatiques​

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

La transition énergétique en Europe : une illusion face à la réalité économique ?

Dans un contexte mondial où la Chine domine le secteur des énergies renouvelables, les responsables européens soulignent la nécessité d’améliorer les chaînes d’approvisionnement vertes pour assurer la compétitivité du continent. Un haut responsable a déclaré que l’Europe doit intensifier ses efforts pour soutenir ses industries propres, afin de ne pas dépendre des importations chinoises de technologies vertes. Cela soulève des questions sur la capacité de l’Europe à développer ses propres capacités de production et sur la manière dont elle peut renforcer sa résilience face aux perturbations du marché mondial.

Dans le même temps, la Grande-Bretagne continue de réduire sa dépendance au charbon, alors qu’elle se prépare à fermer ses dernières centrales à charbon. Les importations de charbon ont fortement diminué, soulignant un changement significatif vers des sources d’énergie plus propres. Cette transition est également soutenue par des initiatives politiques visant à promouvoir l’énergie renouvelable, mais il reste à voir comment cela affectera la sécurité énergétique du pays à court terme.

En France, la situation est tout aussi préoccupante, surtout avec les récentes avertissements de l’ancien responsable de la sûreté nucléaire. Ce dernier a mis en garde contre une réduction de 25 % du budget alloué à la sécurité nucléaire, ce qui pourrait compromettre la sécurité des installations et la confiance du public. Alors que la France mise sur son parc nucléaire pour atteindre ses objectifs climatiques, des coupes budgétaires pourraient mettre en péril cette stratégie, surtout dans un contexte où la demande en électricité augmente.

De son côté, l’Italie fait face à un défi similaire avec la nécessité de renouveler 89 % de sa capacité d’énergie verte d’ici 2050. Un rapport souligne que le pays doit investir massivement pour moderniser ses infrastructures énergétiques afin de respecter ses engagements climatiques. La question est de savoir si l’Italie, dont les finances publiques sont déjà sous pression, sera capable de mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs ambitieux.

Dans le secteur des énergies renouvelables, les coûts des accords d’achat d’électricité (PPA) sont en hausse, principalement en raison du manque de capacités de stockage d’énergie. Ce phénomène soulève des inquiétudes quant à la viabilité économique des projets d’énergie renouvelable à long terme, alors que la demande de flexibilité énergétique ne cesse d’augmenter. Les entreprises doivent donc trouver des solutions innovantes pour surmonter ces défis et assurer une transition fluide vers un avenir énergétique durable.

Néanmoins, une lueur d’espoir se profile aux Pays-Bas, où les énergies renouvelables ont désormais surpassé les sources d’énergie fossile pour devenir la principale source d’électricité. Ce succès est un signe encourageant pour d’autres nations, mais il doit être accompagné de politiques solides pour maintenir cette dynamique.

Cependant, cette transition n’est pas sans défis. En France, des coupes de subventions dans le secteur des renouvelables sont envisagées en raison de l’état préoccupant des finances publiques. Cette décision pourrait freiner le développement des énergies renouvelables, ajoutant ainsi une couche d’incertitude à l’avenir énergétique du pays.

En somme, l’Europe est à un carrefour, entre l’ambition d’une transition énergétique verte et les réalités économiques qui menacent d’entraver cette voie. La capacité des pays à s’adapter et à innover face à ces défis déterminera leur succès dans la construction d’un avenir énergétique durable et compétitif.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Avis

Comme nos clients, choisissez Capitole Énergie !

Le blog Capitole Énergie

Ces autres articles peuvent vous intéresser

Découvrez tous nos autres articles de blog sur le sujet.

Le 09 octobre 2024 – Le gouvernement envisage une nouvelle hausse de la Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Électricité

Recevoir l’Hebdo de l’Énergie Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à

Le tarif réglementé de vente (TRVE) est toujours un repère clé pour de nombreux consommateurs en 2024. Avec l’ouverture grandissante

Retour en haut