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Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 1er novembre 2024

Dans un bureau, les gens travaillent avec diligence sur des ordinateurs, entourés de textes en français mettant en évidence l'actualité du marché de l'énergie. L'accent est mis sur les mises à jour des prix du gaz et de l'électricité au 1er novembre 2024.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 1ᵉʳ novembre 2024.

Marché de l’électricité

Stabilité des stocks et pressions géopolitiques

Graphique montrant les fluctuations des prix de base de l'électricité en France de décembre 2021 à octobre 2023 pour Cal-'25 à Cal-'28, avec des prix variant approximativement de 50 à 95 €/MWh.

Le marché du gaz européen affiche une résilience notable avec des niveaux de stockage confortables à 95,3 %, mais des fluctuations météorologiques et géopolitiques influencent les anticipations. Le refroidissement prévu en Europe pourrait renforcer la demande, surtout en Allemagne. Bien que l’Europe bénéficie de flux stables de gaz norvégien, les tensions dans le conflit ukrainien maintiennent une incertitude sur les approvisionnements russes. Parallèlement, le GNL continue d’affluer en masse, avec des importations en octobre atteignant un sommet depuis cinq mois. Les tarifs de transport de GNL entre les États-Unis et l’Europe ont chuté, offrant un répit aux coûts, mais le surapprovisionnement en navires pourrait déstabiliser le marché en cas de baisse de la demande.

Le charbon profite également des hausses de prix du gaz. Avec des stocks faibles dans des ports comme Rotterdam, la demande reste saisonnièrement soutenue alors que les centrales européennes brûlent progressivement leurs réserves pour anticiper un hiver plus exigeant.

Croissance continue de la capacité charbonnière mondiale

La production mondiale d’électricité à partir du charbon, loin de décliner, continue de croître malgré les objectifs climatiques mondiaux.

En effet, d’après le dernier rapport du groupe environnemental Urgewald, la capacité installée des centrales à charbon a augmenté de 1 % au cours de l’année se terminant en juillet 2024, soit une hausse de 30 GW pour atteindre 2 126 GW.

Cette augmentation, équivalente à la capacité électrique de la Pologne, symbolise un retour paradoxal aux énergies fossiles. Et si l’accord de Paris de 2015 visait à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, la réalité actuelle s’en éloigne dangereusement.

En effet, seuls 21 GW de centrales à charbon ont été fermés l’année dernière, bien loin des 126 GW nécessaires chaque année pour contenir l’augmentation de la température globale.

La Chine se démarque dans cette expansion charbonnière : elle compte à elle seule pour 392 GW de projets, parmi les 579 GW supplémentaires prévus à l’échelle mondiale. Un double jeu, selon la directrice d’Urgewald, Heffa Schuecking, car le pays investit aussi massivement dans les énergies renouvelables tout en restant le leader mondial des nouvelles centrales à charbon.

Cette situation se révèle d’autant plus préoccupante à l’approche de la conférence des Nations Unies sur le climat à Bakou en novembre, où les États devront répondre de cette incohérence entre leurs engagements et leurs actions.

 

L’analyse électricité de notre expert

L’Europe face à des défis économiques pour l’avenir énergétique

Les réacteurs nucléaires modulaires (SMR) en Italie pourraient entraîner des coûts nettement plus élevés que ceux des installations nucléaires conventionnelles (114 euros/MWh pour les SMR contre 64 euros/MWh) d’ici 2030. Ce rapport du cabinet de conseil Afry souligne une différence de coût de jusqu’à 78 %, ce qui pourrait poser des défis significatifs alors que le pays projette un retour à l’énergie nucléaire pour répondre à une demande énergétique croissante. Malgré l’ambition de construire des SMR pour couvrir entre 11 et 22 % de la demande intérieure d’ici 2050, les incertitudes réglementaires pourraient compromettre ces projets. Le ministre de l’Énergie a promis un cadre légal d’ici 2025, mais le passage de nouvelles règles reste incertain, d’autant plus que l’histoire récente montre une forte réticence des citoyens à l’égard de l’énergie nucléaire, comme en témoignent les référendums de 1987 et 2011.

Parallèlement, l’industrie des centres de données dans le sud de l’Europe, notamment en Italie, en Espagne et en Grèce, est en pleine expansion et pourrait doubler sa capacité au cours de la prochaine décennie. Cette croissance s’explique par une forte demande due à la numérisation croissante avec des experts prévoyant que la demande d’électricité des centres de données en Espagne augmentera de plus de 15 TWh d’ici 2030. Cependant, l’industrie fait face à des défis majeurs, notamment des problèmes d’approvisionnement en énergie et une bureaucratie complexe. Malgré cela, des investissements substantiels affluent, comme en témoigne l’annonce de Microsoft d’investir 4,3 milliards d’euros dans de nouveaux centres de données en Italie.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Marché du gaz

 

Entre la douceur de l’hiver et les menaces géopolitiques, qui paiera la facture ?

Graphique montrant les prix de l'énergie de janvier à octobre pour Gaz FR PEG. Trois lignes représentent Cal 25, Cal 26 et Cal 27. Les prix augmentent au fil du temps. Les prix et les contrats sont détaillés sous le graphique. 

Les prix du gaz ont atteint 41 €/MWh (CAL25), en raison de la réduction des flux en provenance de Norvège et des préoccupations liées à la situation au Moyen-Orient. Bien que les niveaux de stockage soient élevés, l’arrêt temporaire de la plateforme Sleipner B et les problèmes sur le champ d’Oseberg soulèvent des inquiétudes quant à la disponibilité d’approvisionnements suffisants cet hiver.

En parallèle, la demande de gaz pourrait être stimulée par une baisse de la production d’énergie renouvelable, entraînant un recours accru au charbon et, par conséquent, à des émissions de carbone plus élevées. La compétition mondiale pour le GNL se renforce, notamment en raison de l’intérêt croissant de l’Asie pour les importations, ce qui pousse l’Europe à payer des prix plus élevés pour sécuriser ses propres approvisionnements. La combinaison de ces facteurs souligne la fragilité du marché du gaz, où une dégradation des conditions géopolitiques ou climatiques pourrait rapidement faire grimper les prix.

Priorités et stratégies du nouveau commissaire à l’énergie

La Commission européenne s’apprête à dévoiler un plan d’action visant à rendre l’énergie plus abordable dans les 100 jours suivant le début du nouveau mandat de cinq ans, selon Dan Jorgensen, candidat au poste de commissaire à l’énergie et au logement.

Jorgensen a souligné que la réduction des coûts énergétiques pour les ménages et les entreprises constituera l’une de ses priorités majeures. En effet, les prix élevés de l’énergie pèsent lourdement sur la compétitivité de l’UE et compromettent ses ambitions de devenir une économie à zéro émission nette.

Pour y parvenir, il propose d’accélérer le déploiement d’une électricité propre et compétitive en éliminant les obstacles réglementaires et en améliorant l’efficacité énergétique. Le plan examinera notamment comment diminuer les frais de réseau, les taxes et les prélèvements, qui pèsent actuellement pour un tiers des factures d’électricité. Parallèlement, Jorgensen s’engage à stimuler les investissements privés et à optimiser l’utilisation des infrastructures existantes, tout en promouvant une flexibilité accrue du réseau.

Ce plan sera élaboré en collaboration avec Teresa Ribera, candidate à la vice-présidence exécutive de la Commission, pour garantir une transition énergétique juste et compétitive. Alors que les nouveaux commissaires devraient entrer en fonction le 1er décembre, l’ensemble du Parlement votera sur leur approbation après les auditions formelles.

 

L’analyse gaz de notre expert

Risques et adaptations face aux défis climatiques

Les stocks de gaz européens devraient tomber à 45 % d’ici la fin du mois de mars, contre plus de 95 % aujourd’hui, en raison des prévisions météorologiques actuelles, de l’absence de pannes majeures imprévues, de perturbations de l’approvisionnement liées à la géopolitique et avec modèle de consommation normal. La demande européenne de gaz devrait malgré tout augmenter de 11% cet hiver, bien qu’elle reste inférieure à la moyenne quinquennale, soulignant la nécessité de la vigilance à l’approche des mois les plus froids

Dans le même temps, le Royaume-Uni a décidé d’augmenter l’impôt sur les bénéfices exceptionnels des entreprises pétrolières et gazières de 35 % à 38 % pour financer sa transition énergétique vers des sources plus propres. Cette mesure, qui devrait rester en vigueur jusqu’en 2030, vise à renforcer l’engagement du pays envers les énergies renouvelables, tout en maintenant des incitations fiscales pour les investissements dans de nouveaux projets.

Enfin, en Espagne, de violentes tempêtes ont provoqué des inondations, laissant 155 000 personnes sans électricité, tandis que l’approvisionnement en gaz est resté stable. Bien que les conditions météorologiques aient causé des dégâts significatifs, notamment dans la province de Valence, la centrale nucléaire de Cofrentes a continué de fonctionner normalement, garantissant la continuité de l’approvisionnement électrique pour de nombreuses personnes.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Vers un futur énergétique durable : l’Europe trace la voie avec l’hydrogène

Le paysage énergétique européen a été marqué par des développements significatifs, tant en matière d’hydrogène que d’énergie renouvelable, avec des initiatives notables en Europe du Nord, au Royaume-Uni et en Allemagne.

En premier lieu, l’annonce de la construction d’un corridor de 2 500 km reliant les pays nordiques et baltes pour le transport de l’hydrogène vert est un projet ambitieux qui pourrait débuter en 2029. Le directeur du GRT lituanien, Nemunas Biknius, a exprimé un optimisme prudent, soulignant que cette infrastructure, qui pourrait transporter jusqu’à 2,7 millions de tonnes d’hydrogène par an d’ici 2040, sera construite par segments, prenant de cinq à sept ans pour être finalisée. La reconnaissance par la Commission européenne de ce corridor comme projet d’intérêt commun est cruciale, car elle permettra d’accéder à des financements de l’UE, propulsant ainsi ce projet vers l’avant.

Dans un autre registre, la banque suédoise SEB a prédit que les investissements dans les batteries et la flexibilité du côté de la demande domineront le marché européen de l’électricité d’ici 2030. Les difficultés rencontrées par les nouvelles installations d’éolien et de solaire, en raison d’un manque de flexibilité sur les marchés de l’électricité, rendent ces technologies de stockage de plus en plus essentielles. La transition vers un modèle où l’électricité peut être stockée et utilisée en fonction de la demande est désormais indispensable.

Le Royaume-Uni, pour sa part, a annoncé une augmentation impressionnante de 35 % de son budget pour la transition énergétique, un geste audacieux qui vise à renforcer l’infrastructure d’énergie verte du pays. Ce budget de 2,3 milliards de livres sterling pour l’hydrogène à grande échelle s’inscrit dans un plan plus large visant à atteindre 10 GW d’hydrogène à faible teneur en carbone d’ici 2030. En parallèle, le gouvernement a prévu des investissements significatifs dans le captage et le stockage du carbone, ainsi que dans le nucléaire, avec un objectif ambitieux de diversification et de durabilité.

Enfin, l’Allemagne et l’Inde ont formé un partenariat pour développer l’hydrogène vert, soulignant l’ambition de l’Allemagne de se tourner vers les importations pour répondre à une grande partie de sa demande d’hydrogène, projetée à plus de 3 millions de tonnes d’ici 2030. Ce partenariat, dans le contexte de l’UE qui vise une production nationale et des importations de 10 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2030, montre une volonté claire de collaboration internationale pour faire face aux défis de la décarbonation.

Ces développements montrent que l’Europe, tout en affrontant des défis importants, s’emploie à poser les bases d’un avenir énergétique durable, diversifié et résilient.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

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