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Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 07 mars 2025

Texte sur fond sombre avec un graphique en courbes vertes. Le texte français se penche sur l'actualité du marché de l'énergie, en posant des questions sur les événements clés de la semaine dans le secteur du gaz et de l'électricité. Date : 7 mars 2025.

Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 07 mars 2025.

Marché de l'électricité

Une demande en berne, malgré le froid

Graphique linéaire illustrant les prix de l'électricité de base en France de janvier 2024 à avril 2025, mettant en évidence les marchés de l'énergie actualités pour mars 2025. Comprend trois lignes pour différentes années de contrat, avec des prix en €/MWh fluctuant entre 50 et 75 €/MWh.

Alors que les températures en France et en Allemagne s’annoncent en baisse cette semaine, la demande en électricité ne suit pas la tendance habituelle. En France, elle devrait s’établir à 52,1 GW, soit 3,2 GW de moins que la normale, confirmant une consommation plus faible que prévue. Outre-Rhin, le froid s’intensifie légèrement, mais sans déclencher une flambée de la demande énergétique.

Cette situation peut s’expliquer par plusieurs facteurs : une amélioration de l’efficacité énergétique, une consommation industrielle toujours prudente dans un contexte économique incertain, et une production renouvelable qui, malgré une moindre contribution éolienne, limite le recours aux centrales thermiques. À cela s’ajoute un marché du carbone en berne, sous pression des tensions commerciales internationales. La fin de l’hiver pourrait encore peser sur les prix de l’électricité à court terme, freinant toute reprise notable.

À la une

Diviser l'Allemagne : un risque de chaos énergétique

La perspective d’une division de l’Allemagne en plusieurs zones tarifaires pour l’électricité suscite des inquiétudes majeures parmi les experts du secteur.

L’exemple de l’Autriche, qui s’est détachée du marché commun avec l’Allemagne en 2018, illustre les risques d’un tel découpage : un marché réduit, un effondrement de la liquidité et des difficultés accrues pour les entreprises à se couvrir contre les fluctuations des prix.

Depuis cette séparation, le marché autrichien peine encore à retrouver un niveau d’échanges satisfaisant, les acteurs se tournant toujours vers l’Allemagne pour sécuriser leurs transactions.

Cette révision des zones tarifaires, portée par Entso-E à la demande du régulateur européen Acer, vise à fluidifier le transport de l’électricité du nord vers le sud de l’Allemagne, où la consommation est plus importante. Mais les tensions structurelles du réseau allemand se répercutent déjà sur les pays voisins lors des pics de production éolienne. L’une des options envisagées consisterait à scinder l’Allemagne le long des goulets d’étranglement nord-sud, une hypothèse qui inquiète les industriels et les investisseurs des énergies renouvelables.

Le chef du département des systèmes d’énergie renouvelable de la BEE, Matthias Stark, met en garde contre le risque de voir le marché à terme allemand s’essouffler, entraînant une instabilité pour les entreprises cherchant à se prémunir contre la volatilité des prix.

Une scission du marché allemand pourrait ainsi créer plus de problèmes qu’elle n’en résout, fragilisant un écosystème déjà sous pression.

Les tendances électricité de la semaine par notre expert

Modulation nucléaire et Marché Carbone

La modulation de la production des réacteurs nucléaires en France, utilisée pour ajuster la production en fonction des besoins du réseau, exerce une pression croissante sur les travailleurs d’EDF. Jean Casabianca, inspecteur de la sûreté nucléaire d’EDF, souligne que les arrêts imprévus des réacteurs ont doublé en 2024, en raison notamment de l’erreur humaine et de mauvaises organisations. La demande de variations rapides de production de réacteurs affecte la stabilité des équipes, notamment en raison de cycles thermiques fréquents qui usent prématurément les installations. En réponse, EDF prévoit d’investir massivement pour mieux gérer cette modulation, particulièrement avec l’augmentation des énergies renouvelables sur le réseau. Cette modulation devrait atteindre 7 GW d’ici 2035, contre 3-4,5 GW en 2023-2024.

Par ailleurs, la position longue nette des investisseurs sur les quotas de carbone européens a chuté, atteignant son plus bas niveau depuis six semaines. Cette réduction est en partie liée à des prévisions météorologiques plus clémentes et des inquiétudes concernant l’impact potentiel des droits de douane américains.

En parallèle, la Commission européenne a levé les incertitudes concernant les exportations de charbon kazakh vers l’Europe, après des ambiguïtés sur les sanctions européennes, garantissant ainsi la reprise des livraisons de charbon kazakh via les ports russes.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

 

Marché du gaz

Des prix sous pression, l’Europe bien approvisionnée

Graphique linéaire présentant les prix Gaz FR PEG en €/MWh de janvier 2024 à avril 2025. Trois lignes suivent Gaz PEG Cal 26, Cal 27 et Cal 28, mettant en évidence les fluctuations de prix. Actualité marché énergie mars 2025 met en évidence la dynamique du marché au cours de cette période.

Le marché du gaz continue sa trajectoire baissière, avec le TTF tombant à 39,76 EUR/MWh, son plus bas niveau en onze semaines. La faiblesse de la demande industrielle, amplifiée par les tensions géopolitiques et la guerre commerciale, pèse sur les prix, tandis que les spéculateurs réduisent leurs positions longues.

Malgré des températures plus froides, l’Europe reste bien approvisionnée. Les flux norvégiens restent solides, et les sites de stockage, bien que plus bas qu’il y a un an, assurent une certaine sécurité énergétique. En parallèle, la demande asiatique de GNL s’affaiblit, redirigeant davantage de cargaisons vers l’Europe, ce qui accentue la pression baissière sur les prix.

Toutefois, la fin de la saison hivernale limitera toute nouvelle chute marquée, et une remontée progressive est attendue avec le besoin de reconstituer les stocks en prévision de l’hiver prochain.

À la une

Prolongation des règles de stockage de gaz

La Commission européenne a proposé de prolonger jusqu’à la fin 2027 son règlement sur le stockage de gaz, en réaffirmant l’objectif de remplir les installations souterraines à 90 % de leur capacité d’ici le 1er novembre pour 2026 et 2027.

Cette prolongation vise à répondre aux tensions continues sur le marché mondial du gaz, exacerbées par la crise géopolitique depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Toutefois, la Commission insiste sur l’introduction de flexibilité durant la saison de remplissage, permettant aux acteurs du marché de réagir rapidement aux fluctuations des prix.

Bien que l’objectif de 90 % soit contraignant pour novembre, les objectifs intermédiaires restent indicatifs, afin de favoriser une gestion plus souple des stocks tout au long de l’année.

Cette proposition, qui doit encore être validée par le Parlement et le Conseil de l’UE, a suscité des critiques, certains reprochant qu’elle ait faussé le marché en augmentant artificiellement les prix du gaz estival.

Des discussions sont à prévoir au Parlement européen, notamment sur l’impact de ces obligations sur les prix, avec des voix, comme celle de Christian Ehler (PPE), appelant à une révision plus approfondie des interactions entre les obligations de stockage et les fluctuations des prix.

Les tendances gaz de la semaine par notre expert

L’illusion de la diversification énergétique en Europe

L’utilisation du gazoduc TurkStream, qui relie la Russie à l’Europe du Sud-Est, révèle une contradiction flagrante dans les efforts européens pour diversifier leurs sources d’approvisionnement énergétique. Martin Vladimirov, expert en sécurité énergétique, souligne que les flux de gaz via cette infrastructure dépassent les capacités techniques, avec des volumes atteignant 30 % de plus qu’avant la guerre en Ukraine. Cette situation s’explique par un prix du gaz russe inférieur à celui du GNL, une alternative de plus en plus privilégiée par l’Europe pour ne pas financer Moscou. Pourtant, cette dépendance renforcée renforce l’influence géopolitique de la Russie sur la région, là où des infrastructures comme les terminaux de GNL en Grèce peinent à décoller.

De son côté, la Macédoine du Nord cherche à diversifier ses sources en signant un accord avec la Grèce pour une interconnexion gazoduc de 1,5 milliard de mètres cubes. Ce projet s’inscrit dans sa transition énergétique, visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz et à se connecter à l’Europe centrale. Mais pour l’instant, le pays reste dépendant de la Russie, via la Bulgarie, pour ses approvisionnements.

En parallèle, les importations de GNL russe en Europe ont augmenté de 11 % en février, malgré les sanctions. La France, principal point d’entrée, a vu une hausse de 81 % de ses importations de GNL russe en 2024, bien que l’UE progresse dans la réduction de sa dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou. Mais à court terme, cette situation complique la transition énergétique de l’Europe.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Energie verte

Zoom sur l'énergie verte

Réformes de l'UE : un tournant pour la durabilité et le marché des Garanties d'Origine

La Commission européenne, dans sa dernière série de propositions réglementaires, a alimenté un débat parmi les experts du marché concernant les implications pour la durabilité des entreprises et les garanties d’origine (GO). Dans le cadre du paquet omnibus, qui vise à simplifier la publication des informations sur la durabilité tout en allégeant les charges administratives des entreprises de l’UE, la couverture de la directive sur la publication des informations de durabilité (CSRD) pourrait être réduite à seulement 10 000 entreprises, soit 20 % du nombre initialement prévu. Cette évolution risque d’affecter la demande de GO, particulièrement dans un contexte où la demande des entreprises, stimulée par la loi, pourrait ne pas se matérialiser.

À court terme, une correction des prix des contrats à terme des GO semble probable, avec une possible liquidité accrue pour les contrats de l’année en cours avant la date limite de divulgation des informations, le 31 mars. Cependant, certains experts, comme Matteo Melotti de Fedabo, estiment que l’impact sur le marché des GO restera limité. Le marché, en surplus structurel de certificats par rapport à la demande actuelle, reste surtout influencé par des facteurs macroéconomiques tels que les conditions climatiques et les performances des énergies renouvelables. Pour les entreprises déjà engagées dans des initiatives de durabilité, le moteur principal de la décarbonisation reste le marché plutôt que la réglementation, comme le souligne Stella Volpini de Fedabo.

Les garanties d’origine, qui servent à documenter l’utilisation des énergies renouvelables et les réductions d’émissions, demeurent ancrées dans les stratégies de durabilité des grandes entreprises, selon Hans Petter Kildal, PDG de Becour. À des prix bas, ces instruments restent pratiques et utiles pour les entreprises qui ne semblent pas prêtes à se retirer, malgré les changements réglementaires.

Sur un autre front, la Commission européenne a décidé de repousser la publication d’une feuille de route sur la manière dont l’UE éliminera progressivement les combustibles fossiles russes d’ici 2027. Bien que ce retard ait été annoncé, la question de l’indépendance énergétique de l’Europe reste cruciale, notamment à la lumière des importations record de GNL russe. Enfin, concernant le marché des GO, celui-ci reste sous pression avec une offre excédentaire, alimentée par un excédent de production d’hydroélectricité en Europe, ce qui maintient les prix dans une fourchette stable, malgré les attentes d’une possible hausse de la demande en prévision de la date limite du 31 mars.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

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