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Chute du gouvernement Bayrou : la PPE encore en suspens ?

Un grand auditorium vide avec des rangées incurvées de sièges jaunes et bleus, une moquette à motifs rouges et des balcons de chaque côté, avec une signalisation claire pour le respect de l'EPI 3 retard.

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE3), censée fixer la trajectoire énergétique de la France jusqu’en 2035, connaît un nouveau coup d’arrêt après la chute du gouvernement Bayrou ce 8 septembre dernier.

Déjà en retard de deux ans, ce document stratégique reste en suspens alors qu’il doit baliser le chemin vers la neutralité carbone.

Marc Ferracci, ministre de l’Énergie sortant, avait confirmé le 7 septembre 2025 que le décret de la PPE3 ne pourra être publié avant le vote de confiance du futur gouvernement. Résultat : les appels d’offres dans les renouvelables restent gelés et les investissements d’EDF dans le nucléaire se retrouvent une fois de plus freinés.

Les acteurs du secteur expriment alors leurs inquiétudes face à cette incertitude persistante. La PPE3 doit en effet donner le cap pour atteindre 560 TWh d’électricité décarbonée d’ici 2030 — un objectif ambitieux qui suppose visibilité et stabilité afin de libérer les investissements nécessaires.

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C’est quoi, la PPE 3 ?

Pilier central de la stratégie française en matière d’énergie et de climat, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE3) trace la trajectoire vers une économie décarbonée à l’horizon 2050.

Cette troisième édition fixe, sur une décennie, les grandes étapes de la sortie des énergies fossiles et de la transformation du mix énergétique national.

Elle s’articule avec deux autres leviers stratégiques : la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), qui définit la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC), centré sur la résilience des territoires.

La PPE3 détaille des trajectoires chiffrées pour chaque filière — nucléaire, énergies renouvelables, hydrogène — et engage l’ensemble des acteurs économiques : industriels, collectivités et investisseurs.

Au-delà d’un simple exercice de planification, ce document répond à un double impératif : sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays tout en accélérant la transition vers un modèle plus sobre, compétitif et durable.

Pourquoi ce nouveau report de la PPE3 ?

La démission du gouvernement Bayrou entraîne un nouvel arrêt brutal dans l’adoption de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie. En toile de fond : des tensions politiques vives autour du futur mix énergétique français.

Le clivage entre partisans du nucléaire et promoteurs des énergies renouvelables a culminé avec la publication d’une note du Haut-Commissaire à l’énergie atomique. Celle-ci pointe l’écart grandissant entre les ambitions de la PPE3 et la réalité des consommations électriques, en particulier face aux retards de l’électrification des usages, qu’il s’agisse du déploiement des véhicules électriques ou de la montée en puissance des pompes à chaleur.

Résultat : la stratégie énergétique nationale reste en suspens, dans l’attente des arbitrages du prochain gouvernement. Pendant ce temps, les acteurs du secteur, privés de visibilité depuis deux ans, peinent à engager les investissements nécessaires pour sécuriser la trajectoire bas-carbone du pays.

Les affirmations de Marc Ferracci, ministre de l’Énergie sortant 

Dans ce contexte de flottement, Marc Ferracci a choisi de poser un marqueur clair.

Le ministre sortant affirme vouloir maintenir la PPE3 « en haut de la pile » des priorités du futur gouvernement Lecornu, indépendamment de son propre avenir ministériel.

« Ce dossier restera une priorité absolue », insiste son cabinet, rappelant l’urgence d’adopter cette feuille de route pour enclencher la décarbonation de l’économie française.

Ferracci rappelle que le projet de décret PPE3 fixe une ambition nette : accélérer la sortie des énergies fossiles à l’horizon 2050. Pour y parvenir, il mise sur une relance du parc nucléaire conjuguée à un développement massif des filières renouvelables. Une approche équilibrée qui doit offrir aux entreprises et aux territoires la visibilité nécessaire pour planifier leurs investissements et préparer les compétences de demain.

Quels impacts pour les acteurs de l’énergie ?

Le nouveau retard de la PPE3 plonge le secteur énergétique dans une incertitude critique. Sans visibilité sur la trajectoire nationale, de nombreux projets d’infrastructure sont ralentis, fragilisant la dynamique d’investissement.

Le Syndicat des énergies renouvelables alerte déjà sur les conséquences économiques : plus de 8 000 emplois menacés dans l’éolien offshore et des projets photovoltaïques gelés. Ces blocages pèsent aussi sur les plans de formation et de recrutement, freinant l’essor des compétences indispensables à la transition énergétique.

Les appels d’offres pour les grands projets restent suspendus, ce qui désorganise toute la chaîne de valeur — des fabricants d’équipements jusqu’aux installateurs. Du côté du nucléaire, l’incertitude est tout aussi lourde : le financement des six futurs EPR2 dépend directement de la publication du décret PPE3.

En clair, chaque mois de retard accentue l’effet domino : investissements gelés, emplois fragilisés, et transition énergétique ralentie.

Les objectifs énergétiques remis en question

La nouvelle mouture de la PPE3 traduit une réalité plus nuancée de l’évolution des consommations électriques. Les prévisions rehaussées anticipent une production de 598 TWh en 2030, puis 692 TWh en 2035, contre environ 450 TWh aujourd’hui — une progression rapide qui souligne l’ampleur du défi d’électrification.

Les objectifs en matière de renouvelables sont également réajustés. Le solaire, initialement prévu entre 75 et 100 GW à l’horizon 2035, se situe désormais dans une fourchette de 65 à 90 GW. L’éolien terrestre subit lui aussi une révision à la baisse, reflet des difficultés rencontrées sur le terrain.

Ces ajustements tiennent à un constat : le rythme d’électrification des usages — véhicules, pompes à chaleur, procédés industriels — reste inférieur aux projections initiales.

Malgré ces inflexions, la trajectoire globale reste orientée vers la neutralité carbone en 2050. La part des énergies fossiles doit passer de 60 % en 2023 à 42 % en 2030, puis 30 % en 2035. Un cap exigeant qui cherche à conjuguer ambition climatique et réalisme économique.

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Autrice de cet article

Natalia Stanatchkov

Natalia a rejoint Capitole Énergie en octobre 2024 dans le cadre de son Mastère en Marketing Digital. Depuis, elle prête sa plume pour contribuer activement au blog de l’entreprise. Elle suit de près l’actualité du secteur, des tendances marché aux évolutions de l’entreprise, et s’attache à rendre l’information accessible, utile et synthétique pour vous, les professionnels qui nous lisent au quotidien.

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