Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 28 juin 2024.
Marché de l’électricité
Stabilisation après une correction agressive
Au cours de la semaine dernière, les prix de clôture de l’électricité en France ont tous affiché des évolutions haussières selon les horizons.
Pour l’année 2025, le prix de l’électricité a augmenté de 10,12 %. Le tarif pour 2026 a quant à lui augmenté de 5,31% et en 2027, le prix de clôture a augmenté de 5,11 %.
Le marché de l’électricité est actuellement marqué par des fluctuations et une consolidation autour de 60-75 €/MWh, influencé par des tensions géopolitiques et des problèmes techniques sur le marché SPOT Elec. Le CAL-25, en particulier, montre des signes de correction et de stabilisation après plusieurs tests de niveaux de support.
Exemple grandeur nature du découplage des marchés Européens
En début de semaine, des problèmes techniques chez Epex Spot ont forcé le découplage des marchés européen et donc des enchères séparées dans 6 pays différents.
Le prix journalier allemand d’Epex a atteint 492,04 EUR/MWh, son plus haut niveau depuis 2022, tandis que les prix sur Nord Pool et EXAA, couplés, étaient conformes aux attentes à 103,01 EUR/MWh.
Des écarts similaires ont été observés entre les prix autrichiens et français, ces derniers atteignant seulement 2,96 EUR/MWh sur Epex contre 105,98 EUR/MWh dans le SDAC (couplage des marchés).
Ce découplage inexpliqué à date, a causé des profits et pertes potentiellement de plusieurs millions pour les entreprises, selon les positions qu’elles détenaient sur les marchés.
Malgré la validité juridique des prix des enchères locales d’Epex, une correction semble nécessaire pour préserver la confiance dans le marché. Des traders envisagent même des recours juridiques contre ces variations de prix « obscènes ». La session de couplage du marché s’est déroulée normalement le lendemain, selon Epex Spot, qui continue d’analyser les événements pour éviter de tels incidents à l’avenir.
Conclusion sur le marché de l’électricité
Incertitudes, transitions et turbulences
D’abord, l’annulation par l’EEX de l’acquisition de la division nordique de Nasdaq a secoué le marché. Alors que certains traders craignent une période d’incertitude, d’autres voient une opportunité de renforcer la concurrence. Avec cette décision, la course entre les bourses énergétiques pour dominer le marché nordique s’intensifie.
En parallèle, la Norvège et le Royaume-Uni travaillent à la mise en place de nouvelles règles de trading pour le câble NSL, promettant une augmentation de la liquidité et une meilleure intégration des marchés énergétiques européens post-Brexit .
L’Europe quant à elle a franchi un nouveau cap en matière de production d’électricité propre, grâce à une augmentation spectaculaire de l’hydroélectricité. Les précipitations abondantes ont permis une hausse de 18 % de la production hydraulique, portant la production totale d’électricité propre à des sommets inédits (388 TWh).
Cependant, tout n’était pas rose. La panne de courant dans les Balkans, exacerbée par une canicule record, a rappelé la fragilité de nos infrastructures énergétiques. Cet incident met en lumière l’urgence d’une modernisation des réseaux électriques.
Enfin, des révélations troublantes ont émergé en Allemagne, où des entreprises seraient accusées de profiter d’informations privilégiées pour réaliser des bénéfices sur le marché de l’électricité. Ces pratiques soulèvent des questions éthiques et mettent en lumière la nécessité de renforcer la transparence et la régulation dans ce secteur vital .
En somme, une semaine riche en rebondissements pour le secteur énergétique européen. Restons attentifs aux développements à venir !
– Helder FARIA RUBIO,
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
Marché du gaz
Une tendance haussière moins marquée
Les prix du gaz continuent d’augmenter, clôturant juste en dessous de 38 €/MWh pour le CAL-25. Depuis mars, le CAL-25 montre une dynamique d’augmentation brusque suivie de corrections marquées et de remontées douces, laissant présager une possible nouvelle hausse brusque prochainement.
Le CAL-25 a clôturé la semaine à 37,4 €/MWh après une période de consolidation, similaire aux CAL-26 et CAL-27. Les niveaux de résistance sont maintenus : 38 €/MWh pour le CAL-25, 32 €/MWh pour le CAL-26 et 28 €/MWh pour le CAL-27.
Les élections en France et les tensions au Moyen-Orient et en Ukraine sont des facteurs clés pour cette semaine.
Interdiction des transbordements de GNL russe en Europe
L’impact premier de cette interdiction se fait déjà sentir dans les couloirs de pouvoir à Moscou. Désormais, la Russie doit faire face à la difficulté de réacheminer le GNL destiné à l’Asie sans l’aide des ports européens.
Certains experts estiment que l’interdiction pourrait priver le Kremlin de près de 687 millions d’euros de revenus annuels, tandis que d’autres s’interrogent sur les implications à long terme sur les prix du gaz en Europe.
Pourtant, la Commission européenne se montre confiante : cette décision n’aura pas d’impact significatif sur l’approvisionnement en gaz de l’UE à court terme, bien que des ajustements logistiques soient nécessaires.
À mesure que les gouvernements nationaux se préparent à appliquer ces nouvelles règles, les marchés évaluent déjà les implications pour les ports européens spécialisés dans le GNL, comme Zeebruges et Montoir-de-Bretagne.
Les entreprises énergétiques telles que Engie et TotalEnergies doivent maintenant réviser leurs stratégies pour se conformer aux nouvelles exigences, tandis que des pays comme la Finlande et la Suède ajustent leurs politiques d’importation pour se conformer aux normes de l’UE.
Cette décision marque un tournant dans la politique énergétique européenne et les relations internationales dans le domaine de l’énergie.
Conclusion sur le marché du gaz
Danse délicate du marché du gaz Européen
Le marché du gaz en Europe continue de danser au rythme des incertitudes géopolitiques et de la concurrence avec l’Asie. Selon Cristian Signoretto de Eurogas, il faudra attendre jusqu’en 2026-2027 pour espérer une stabilisation d’un marché encore sous tension, malgré les promesses de nouvelles réserves de GNL en provenance du Qatar et des États-Unis .
Pendant ce temps, EPH, Engie et Enel sont sous le feu des critiques pour leur manque de plans d’élimination progressive du gaz d’ici 2035. L’Agence internationale de l’énergie tire la sonnette d’alarme : ces entreprises freinent la transition vers les énergies renouvelables, compromettant ainsi les objectifs climatiques de l’UE.
Le marché mondial du GNL, quant à lui, ne connaît pas de répit. Entre les sanctions affectant la production russe, les tensions au Moyen-Orient et les retards dans les projets américains, l’équilibre reste fragile. L’Union internationale du gaz avertit que ces perturbations pourraient compliquer l’approvisionnement global, malgré des capacités de stockage élevées en Europe .
Et que dire de l’Espagne, qui pourra devenir une terre d’accueil pour le GNL russe en pleine interdiction européenne de transbordement. Avec ses vastes capacités de regazéification et de stockage, le pays pourrait se retrouver au cœur des débats énergétiques. Les analystes craignent une surveillance difficile et des implications complexes pour le marché européen .
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie
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Énergie, géopolitique et économie : un tour d’horizon de la semaine
Cette semaine a été marquée par des développements significatifs dans le secteur énergétique mondial, des avancées encourageantes dans les énergies renouvelables aux défis persistants liés aux ressources fossiles et aux tensions géopolitiques.
Selon le groupe de réflexion Irex, les technologies vertes pourraient voir leur coût actualisé de l’électricité (LCOE) diminuer jusqu’à 15 % cette année, grâce à une inflation en baisse et une politique monétaire moins restrictive de la Banque centrale européenne. L’éolien offshore, en particulier, devrait bénéficier le plus de cette baisse, tandis que l’énergie solaire pourrait voir ses coûts baisser de près de 10 % pour les grands systèmes photovoltaïques.
Pendant ce temps, sur le front de l’énergie fossile, les prix du pétrole ont légèrement augmenté cette semaine, principalement en raison des tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Les craintes d’une escalade des conflits dans la région ont maintenu les prix proches de leurs plus hauts niveaux des derniers mois, malgré les données sur les stocks américains qui ont montré une légère augmentation des réserves de brut et d’essence.
Dans un autre secteur crucial, les flux mondiaux de charbon ont également fait l’objet d’attention cette semaine. Les données indiquent une baisse significative des importations indiennes de charbon russe, tandis que les expéditions américaines ont augmenté. Cette tendance découle en grande partie de la perte de compétitivité des approvisionnements russes, exacerbée par les sanctions occidentales liées à la situation en Ukraine. Cette dynamique du marché montre comment les décisions géopolitiques mondiales peuvent influencer les flux de ressources énergétiques et avoir un impact direct sur les économies nationales.
Pendant ce temps, l’industrie européenne se prépare à un avenir où elle jouera un rôle central dans la gestion des quotas d’émission de carbone. Alors que le secteur de l’électricité voit sa part dans le déficit total des quotas diminuer, l’industrie, notamment les secteurs des métaux et du ciment, devrait prendre le relais. Cette transition est facilitée par des mécanismes tels que le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), conçu pour stimuler la décarbonisation tout en maintenant la compétitivité industrielle européenne.
Enfin, une note positive dans le secteur minier : Freeport Indonesia a inauguré une nouvelle fonderie de cuivre à Gresik, Java Est, pour répondre à la demande croissante de cuivre dans les énergies renouvelables. Ce projet de 3,7 milliards de dollars souligne l’importance croissante du cuivre dans la transition énergétique mondiale et reflète les efforts des industries minières pour s’adapter à une demande en évolution rapide.
– Helder FARIA RUBIO
Responsable Pricing et Vente Indirecte chez Capitole Energie